Intellectuels

C'est là qu'on voit à quel point les intellectuels séduits par Sarkozy sont peu écrivains. Ils veulent sourdement de l'ordre, ils ont peur des rebondissements de l'intrigue, de cette odeur de femme qui met les imaginations en émoi. Ils ne croient plus à leurs discours abstraits, les pauvres. Il y a longtemps qu'ils ont abandonné la philosophie pour la morale à tout bout de champ. Remarquez, Sarkozy n'est pas n'importe qui : il court, il court, il est passé par ici, il repassera par là, il est de plus en plus fluide, poisson, insecte tenace, beaucoup plus intéressant que ses partisans qui, rassemblés, font un peu croque-morts ou syndicat des pompes funèbres. C'est un fils de père, Sarko, et il est pressé de prendre la place du bon vieux Chirac qui, lui, désormais, rêve de Ségo. L'intellectuel se voit toujours conseiller du prince, c'est-à-dire homme du cardinal, alors que l'écrivain est fondamentalement du côté de la reine, c'est plus amusant, plus mousquetaire, plus gratuit, plus insolent. Alexandre Dumas vote Ségo, aucun doute. L'imagine-t-on se ranger derrière l'oncle Bayrou aux grandes oreilles, même si ce dernier est agrégé de lettres ? Avoir un faible pour le poussif Le Pen, devenu star médiatique, lequel veut rétablir la peine de mort et la guillotine ? Ce plébéien de choc n'a pas froid à l'œil en demandant qu'on réutilise la sinistre machine qui a tranché le cou délicat de Marie-Antoinette ! Quelle honte ! Quel dégoût ! Quoi qu'il en soit, si l'intellectuel, même sérieux, penche vers Sarko, c'est probablement à cause de l'absence de femmes présentables dans son équipe. Vous n'allez pas me dire qu'Alliot-Marie est réellement une femme. Il y en a bien une, dans l'ombre, mais là, le mystère du cardinal Sarko est total. Tous ces hommes sont vêtus de noir, et je préfère le bleu de Gascogne. Vive la reine, messieurs ! Ségo à Versailles ! Et sortons une bonne fois pour toutes des vieilleries françaises contradictoires, représentées par la voix cocasse de Roger Hanin, lourd Navarro : au premier tour Marie-George Buffet, au second Sarko. Tout un poème.

25/02/2007