Spermatozoïdes

Le Président est cordial, il a une autre idée en tête, il a lu dans Le Monde 2 les conclusions d'un épidémiologiste courageux, Alfred Spira, sur la diminution, en un demi-siècle, du nombre de spermatozoïdes produits en moyenne par un homme occidental. Le résultat est accablant, il n'en reste que la moitié. D'où la question : l'homme est-il une espèce en voie de disparition ? Le mâle occidental, qui ne produit que la moitié de spermatozoïdes de son grand-père, peut-il survivre dans ces conditions ? Et d'où vient ce qu'il faut bien appeler cette sorte de génocide ? De la pollution chimique ? D'un nouveau cycle biologique ? Du stress ? De mauvaises lectures ? Au passage, je rappelle au Président qu'un millilitre de sperme contient entre quatre-vingt-dix et cent millions de spermatozoïdes, mais je sens la migraine m'envahir devant ces chiffres dont la rigueur scientifique me pompe. Le Président, lui, semble intéressé par le fait, prouvé, que, sous l'effet des rayonnements ionisants de la haute atmosphère, les pilotes et les stewards conçoivent davantage de filles. On connaît d'autres facteurs d'appauvrissement spermatique : le tabac, la marijuana, l'alcool, la position assise prolongée qui comprime les testicules entre les cuisses et élève leur température, déficit observé chez les chauffeurs de camion, de taxi et les écrivains. Avec un fin sourire, le Président me demande si je ne suis pas inquiet pour ma virilité. À ce moment-là, Onfray surgit dans son bureau et, me voyant debout devant le Président, hurle « papiste ! ». Je me réveille une nouvelle fois en sueur, mais heureusement il fait beau.

29/04/2007