Benedictus
Pendant ce temps-là, le vieux pape Benedictus essaie de rassembler ses troupes. Sarkozius se dit catholique, bien sûr, mais enfin on ne sait jamais. « Le pape ? Combien de divisions ? », dira plus tard un autre Empereur. Il faut reconnaître que les ouailles de Benedictus sont un peu déboussolées, surtout en France. La plupart pensent qu'elles font désormais partie d'une vaste amicale humanitaire, et Benedictus est obligé de leur rappeler un peu de latin. Scandale dans les sacristies, régression, retour en arrière ! Benedictus tombe dans le fanatisme intégriste, c'est un réactionnaire démasqué. La Gazette de l'Empire n'a pas de mots assez durs pour lui faire la leçon. Mais il y a pire : Benedictus, non content de remettre du latin dans son vin, fait savoir que son Église « est la seule et unique Église du Christ ». Après les progressistes du monde entier, voilà qu'il se met à dos les protestants et les orthodoxes, et ça fait du monde. Je vois par exemple qu'un pasteur ghanéen est secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale (cent quarante Églises, représentant soixante-dix millions de chrétiens). À Genève, c'est le Conseil œcuménique, qui regroupe trois cent quarante-sept Églises protestantes, anglicanes et orthodoxes. Benedictus est très mal jugé : il va se faire tirer les oreilles.
Heureusement, le dernier Harry Potter s'est vendu, le premier jour de sa publication, à vingt millions d'exemplaires. Ça s'appelle Harry Potter et les reliques de la mort. Les enfants en sont fous, et les parents, ces grands enfants attardés, aussi. Les six premiers livres de la série en sont à trois cent vingt-cinq millions d'exemplaires. La productrice, nous dit-on avec émerveillement, est maintenant « plus riche que la reine d'Angleterre ». Il paraît que la reine d'Angleterre s'en fout, mais c'est comme avec Benedictus : ces gens croient dur comme fer à leur passé comme à leur avenir. Des fous curieux, dans leur genre.
29/07/2007