Notre-Dame
Le Président a longuement hésité. Fallait-il interrompre ses vacances de rêve et rentrer à Paris pour les obsèques solennelles du cardinal Lustiger à Notre-Dame de Paris ? La République pouvait-elle se montrer catholique ? Le triste Fillon suffisait-il comme représentation ? Vite fait, bien fait : le Président prend l'avion (au moins quatorze heures aller-retour), déboule à l'heure sur le parvis de la cathédrale, on lui donne un fauteuil un peu grand pour lui. Là, le grand jeu de l'au-delà commence : terre d'Israël minutieusement versée dans un bol sur le cercueil, kaddish dit en araméen (langue que parlait Jésus, soulignent les commentateurs), entrée dans la cathédrale sur fond de requiem chanté en latin, discours en français du successeur, un peu pâle, de Lustiger, éloge spiritualiste, mais fatigué, de l'Académie française, message du pape lu de façon légèrement pincée (pourquoi ?) par le cardinal Poupard. C'est parfait.
Tout cela très insolite et d'ailleurs émouvant et beau (la chorale de Notre-Dame est en net progrès), puisque ce n'est pas tous les jours qu'un cardinal, juif, et français, monte au firmament du Saint-Siège. J'entends, ici et là, des murmures. Je les fais taire. Ils sont déplacés.
Pensons plutôt à la fatigue du Président, déjà sous angine, passant d'un enterrement éprouvant aux bourrades de son camarade de chambrée, tout en emportant avec lui une biographie de La Fayette. Les États-Unis, il ne faudrait pas l'oublier, ont existé grâce à nous. Vous savez combien il y avait d'Américains, il y a deux cent cinquante ans ? Non, le président McDo ne le sait pas. Seulement quatre millions, assène notre Président, qui, visiblement, a préparé son effet, sachant qu'on a supprimé le homard grillé.
19/08/2007