Patrick Besson

Quand Patrick Besson est bon, il est très bon. Ainsi ce portrait d'un critique médiatique (jumeau littéraire d'un autre critique tibétain du Cantal) :

« Michel Polac, dans les ultimes soubresauts de sa nudité intellectuelle, a fait un bébé à la télévision d'État, c'est Éric Naulleau. Son héritier en vues artistiques piteuses et en analyses politiques fofolles. […] Sur le plateau, il fait la pluie des clichés et le beau temps de l'ennui. On cherche en vain les raisons pour lesquelles, dans l'arrondi satisfait de sa tête creuse, il semble si content de lui. Des années qu'il déambule dans les couloirs des journaux et des radios sans qu'on comprenne qui il est et ce qu'il veut. Ce qu'il a écrit, personne ne l'a lu. Ou ceux qui l'ont lu n'ont pas l'air de s'en souvenir. Il serait éditeur. C'est une créature indéterminée, telle que les médias en présentent régulièrement à notre absence d'appétit. Sur ce qu'il a vu, entendu ou lu, il donne des avis abondants comme des flots de salive. C'est le travailleur culturel forcé de dire des bêtises, puisqu'il les pense. »

Il faut dire que certains critiques font penser à cette remarque de Céline, en 1948, recevant des coupures de presse : « Amusantes, ces coupures. Elles donnent bien le ton de la méchanceté envieuse, lâche, imbécile, féroce, implacable, naturelle, banale, fastidieuse. C'est ça, l'opinion. » Deux ans plus tard, à propos des mêmes, il parle de « médiocrité vexée ». L'expression est sublime.

30/03/2008