Debord
Au début des années 1990, Guy Debord sort de son héroïque clandestinité, publie ses livres chez Gallimard (où il a désormais ses Œuvres complètes), et, le dernier volume de sa Correspondance le prouve197, s'en prend violemment à moi. Insultes diverses, comparaisons absurdes (Cocteau, Bernard Tapie), il semble me considérer alors comme un simple agent « médiatique » ou un employé d'édition. Il paraît très fâché des éloges sincères que j'ai écrits à son sujet. Mais voici le plus beau, une lettre du 30 mars 1993, envoyée, depuis Venise, à son ami Jean-Jacques Pauvert :
« On a fait un saut ici (à Venise, donc) pour voir vite par nous-mêmes si la ville avait gardé ses meilleurs charmes. La réponse est clairement oui. On vous en montrera de peu connus, si seulement vous promettez de n'en rien dire à Sollers, qui ne saura pas plus les trouver que le reste des beautés du temps. »
Quelle imprudence. Si j'étais Sollers, surtout lorsqu'une autre lettre de Debord lui apprend que ce dernier a lu, en 1991, La Fête à Venise198, j'entendrais là non seulement une charmante dénégation, mais une secrète tendresse. Absolution.
27/04/2008