Breton
J'arrête ici mes « reniflages » pervers. Je vous propose du grand air, une sortie dans les bois, une fugue de liberté, de poésie et d'amour. Vous achetez seulement trois Pléiade, et vous aurez droit (munificent Gallimard !) à l'album André Breton bourré de documents, de trésors. Laissez là votre pénible lecture des assommants romans qu'on vous propose, les traductions déferlantes du réalisme poussif américain. Sortez, sortez, découvrez l'inventeur du surréalisme et ses fidélités indestructibles : Lautréamont, Rimbaud, Duchamp, Picasso. Vous aurez envie de trouver ou de retrouver ses livres magiques : Nadja, L'Amour fou, Arcane 17 et, bien sûr, les Manifestes, qui vous paraîtront soudain frais, actuels, prophétiques, essentiels. Après tout, il est possible qu'un jeune homme d'aujourd'hui, fatigué de la débilité ambiante, s'émeuve en lisant ces lignes : « L'homme propose et dispose. Il ne tient qu'à lui de s'appartenir tout entier, c'est-à-dire de maintenir à l'état anarchique la bande chaque jour plus redoutable de ses désirs. La poésie le lui enseigne. Elle porte en elle la compensation parfaite des misères que nous endurons. […] Il y aura encore des assemblées sur les places publiques et des mouvements auxquels vous n'avez pas espéré prendre part. » Cela est écrit en 1924, c'est-à-dire aujourd'hui et demain, en somme. Et encore : « Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d'esprit nous est laissée. À nous de ne pas en mésuser gravement. »
25/05/2008