Dalaï-lama

Vais-je me convertir au bouddhisme tibétain ? J'y pense. Paix intérieure, paix extérieure, écharpe blanche, bonne humeur, art de la communication impressionnant, quand on pense que le cœur de cette expérience de calme néantisant est le vide. Le dalaï-lama, en toute modestie humoristique, accepte sans broncher qu'on l'appelle « Océan de sagesse », « Sa Sainteté » et même « Joyau accompli ». Ces termes, d'après moi, pourraient m'être aussi décernés s'il y avait une justice en ce monde. Mais enfin, la place est prise, il y a de plus en plus d'adeptes en France, de belles jeunes femmes prient en silence, on entend des clochettes, et voici Carla Bruni, pour l'inauguration d'un temple, qui montre la voie à la résignation par rapport au pouvoir d'achat. Ségolène Royal, qui estimait scandaleux d'avoir été photographiée agenouillée dans une église de Rome, éclate de joie et de sérénité quand le dalaï-lama la prend en écharpe. Manuel Valls, lui, saute en l'air. La gauche est donc au rendez-vous spirituel du siècle. Voilà ce que nous avons à dire, nous, aux méchants Chinois. Le dalaï-lama, désormais, écoute sans arrêt l'album de Carla. Il sera rendu obligatoire dans la formation monastique. Comment, espèce de libre-penseur, vous préférez entendre une messe de Mozart ? Vous penchez pour le pape, malgré ses odieuses considérations sur la sexualité ? Vous iriez plutôt à Notre-Dame de Paris que dans un temple tibétain de province ? Plutôt Michel-Ange que les gros bouddhas peinturlurés assis dans leur éternel et souriant sommeil ? Vous me décevez beaucoup, vous n'avez pas d'âme.

24/08/2008