Argent
Je décide de me mettre dans la tête d'un banquier d'aujourd'hui en pleine crise, c'est-à-dire dans le système nerveux d'un trader mondial. C'est lui qui parle :
« Ma force est celle de l'argent. Les qualités de l'argent sont mes qualités et mes forces essentielles. Ce que je suis et ce que je peux n'est donc nullement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m'acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, puisque l'effet de la laideur, sa force repoussante, est annulé par l'argent. […] Je suis méchant, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l'argent est vénéré, donc aussi son possesseur. L'argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon ; l'argent m'évite en outre d'être malhonnête et l'on me présume honnête. Je n'ai pas d'esprit, mais l'argent est l'esprit réel de toute chose ; comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d'esprit ? »
Comme c'est bien dit. Mais je dois à la vérité de préciser que ces lignes ont été écrites en 1844, et proviennent des manuscrits d'un certain Karl Marx. N'allez surtout pas me dénoncer pour avoir cité ce nom maudit. Comme chacun sait, il est temps de refonder le capitalisme. Ces milliards qui partent en fumée ont fait long feu. Le capitalisme financier était une simple perversion du système, et les parachutes dorés, les paradis fiscaux, doivent être repeints dans l'urgence. Tout doit changer au plus vite pour que tout continue d'une autre façon. Vous êtes comme moi : vous étiez parti pour gagner plus en travaillant plus, mais il faut maintenant sauver les banques, donc vous travaillerez plus pour renflouer plus. Et ne me parlez pas d'abattre le capitalisme, il est indestructible par définition. Ça n'empêchera pas (mais ils sont prévus au programme) quelques illuminés de prétendre qu'il faut réinventer et purifier le communisme, ce précieux allié du capitalisme d'autrefois. Allez, la musique.
26/10/2008