Fondamentaux

Soyons sérieux : jamais le fondamental, en pensée, en art, en littérature n'a eu plus de prix. Les milliards fument, les fonds remontent. Pierre Bergé a eu l'excellente idée de rassembler des préfaces d'auteurs français consacrées à des auteurs du passé199. Là, vous allez de merveilles en merveilles : Claudel et Giono sur Homère, Tzara sur Villon, Gide sur Montaigne, Jouhandeau sur La Bruyère, Morand sur le cardinal de Retz, Camus sur Chamfort, Gracq sur Chateaubriand, Valéry sur Stendhal, Malraux sur Gide, Proust sur Morand…

Voyez Valéry : « Stendhal avait remarqué que les hommes importants, si nécessairement associés à la bonne marche des affaires, sont nuls et muets devant l'imprévu. Un État qui n'a pas quelques improvisateurs en réserve est un État sans nerfs. Tout ce qui marche vite le menace. Ce qui tombe des nues l'anéantit. » Et Morand sur Retz dans la Fronde : « Sa plume est sublime quand il peint la rue en émoi. Nous n'oublierons jamais : “Le mal s'aigrit ; la tête s'éveilla ; Paris se sentit… L'on chercha, comme en s'éveillant à tâtons, les lois.” »

26/10/2008