Ségomar

Quel mois de novembre ! Refonder le capitalisme, c'est bien, refonder le socialisme, c'est mieux. Mais qui aurait pu imaginer que les socialistes français en arriveraient à un tel cirque ? Suis-je pour Martine ou pour Ségo ? En tant que spectateur intermittent, je suis intrigué par les deux. Bien entendu, si j'étais socialiste, je serais effondré, et si j'étais « de droite », je me réjouirais. Spectateur, sans doute, mais, là encore, le film me semble trop long, les actrices ont tort de s'éterniser en province, les militants sont fatigués de voter, et je dois avouer que j'ai tendance à m'endormir. Quel est le sinistre auteur qui, il y a dix ans, parlait de « la France moisie » ? Encore un terroriste d'ultragauche, sans doute. Ah, la SNCF a tout à redouter des lecteurs superficiels de Guy Debord !

Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé Ségo en bonne forme, avec un nouveau feu intérieur, peut-être sentimental, et Martine dans une sorte de plénitude un peu fatiguée (elle semblait parfois n'avoir pas dormi depuis trente-cinq heures), mais bien touchante après sa courte victoire, avec son bouquet de roses rouges à la main. Ces deux rosières devraient s'entendre, ce serait illuminant et beau. Oui, c'est ça : qu'on les retrouve bientôt ensemble dans un grand concert, rieuses, déchaînées, mutines dans une mise en scène fracassante de socialisme à visage féminin ! Elles peuvent le faire, elles doivent le faire. Un frisson érotique parcourrait ce pays morose, les machos seraient enfoncés, Sarko et Carla épatés. Une colombe à deux têtes, pourquoi pas ?

L'année prochaine sera particulièrement rude, avec récession, déflation, chômage, dépression. L'amour entre femmes est-il donc impossible ? Quel plaisir ce serait, pour un amateur éclairé, d'aller de l'une à l'autre, de les écouter, de les confesser ! Le cardinal de Retz faisait ça très bien, autrefois, dans la grande France de la Fronde. Allez, ça suffit, il y en a marre de vos disputes, aimez-vous maintenant l'une l'autre. Quel roman ce serait ! Quelle bénédiction pour les masses, quel rebondissement pour l'observateur avisé ! Ici, je dois reconnaître un regret : la disparition de l'extravagante Sarah Palin ne fait pas mon affaire. Avec elle comme vice-présidente des États-Unis, mon journal se serait écrit tout seul dans un fou rire permanent. Tant pis.

30/11/2008