Godorama
Ce qu'il y a de beau et de terrible, désormais, dans le Spectacle généralisé, c'est sa plasticité immédiate. Vous n'êtes jamais sûr d'avoir vu ce que vous avez vu, ni entendu ce que vous avez entendu. Le Spectacle est à la fois puissamment réel, permanent, passé, irréel, de plus en plus virtuel, et malgré tout réel. Hier est déjà très loin, demain a déjà eu lieu, tout se remplace et s'efface. Exemple : vous dites « Gaza », mais s'est-il vraiment passé quelque chose à Gaza ? Vous dites « Fatah », « Hamas », « Hezbollah », mais que recouvrent ces noms, quelle est leur signification profonde ? Vous dites : j'ai vu des ruines, des cadavres, des linceuls à répétition, des visages égarés de souffrance, et puis j'ai entendu des hurlements, des cris, des sirènes, des bombardements, mais ces morts existent-ils, ces bombardements ont-ils eu lieu ? Oui, aucun doute, mais tout disparaît aussitôt pour recommencer. Le film vous est diffusé en boucle, vous l'avez déjà vu, mais ça continue.
Or voici le nouveau grand film qui annule tous les autres : « Godorama ». Le personnage principal, ne vous y trompez pas, c'est lui, « God », que le trop pessimiste Samuel Beckett appelait Godot. On l'attend toujours, il ne vient jamais, c'est à désespérer les acteurs. Eh bien, si, il est enfin arrivé. Ne traduisez pas « God » par « Dieu », ça n'a rien à voir. God n'est ni Dieu, ni Yahvé, et encore moins Allah. God plane au-dessus de vous comme une entité supérieure à toute réalité naturelle ou humaine. Vous ne croyez pas en God ? Aucune importance, le dollar, lui, y croit, et c'est bien là l'essentiel. Vous dites que le dollar est en difficulté, qu'il s'évapore en fumée à travers des escroqueries gigantesques ? Allons donc ! Le nouveau Messie est là, il s'appelle Obama, il blanchit tout d'un seul coup, il sauve l'Amérique, donc le monde. C'est Nice Brother en personne, sécurité, honnêteté, sobriété. Je lui fais entièrement confiance pour animer le nouvel épisode de « Godorama ».
25/01/2009