Critiques

Un écrivain sait, en général, pourquoi certains l'aiment, pourquoi d'autres le détestent, pourquoi, enfin, le plus grand nombre reste indifférent. Le lourd silence de tel ou tel support ne l'étonne pas, la violence d'autres régions non plus, surtout chez les agités de la branchitude, où l'ignorance crasse atteint parfois des sommets. Les bonnes critiques sont encourageantes, même si elles auraient pu être meilleures. Il y a d'admirables surprises, par exemple dans Le Figaro Madame : « Sollers bande encore. On est content. » C'est une jeune femme qui parle, on lui fait confiance.

Mais il y a mieux : la critique moralisante qui fait réfléchir. Ainsi celle de cette mère de famille de province, étrangement relayée par Le Monde. Elle me trouve éblouissant mais exaspérant, doué mais procédant trop par « fanfaronnades », « postures avantageuses » et « rodomontades » (mot charmant). J'ai du talent, mais je suis « fielleux ». Je sais écrire et lire, mais je circule malheureusement dans un « climat mystico-religieux ». Là, je sens que je dois faire attention : Le Monde, c'est du sérieux, les mères de famille de province aussi.

Je vais donc m'appliquer, devenir égalitaire et modeste, insister sur mon humanisme, ne pas me vanter de conquêtes qui ne peuvent être qu'imaginaires, filer doux, me tenir à carreau, aimer mes semblables, mes frères, adhérer, pourquoi pas, au Parti socialiste, respecter les femmes et surtout les mères de famille, écrire pour elles de vrais romans, dire du bien de la vaste humanité profonde et de ses vraies gens. Qu'importe que Gide ait dit un jour : « C'est avec les bons sentiments qu'on fait la mauvaise littérature ». Gide s'est trompé, voilà tout.

22/02/2009