Le Monde
Vous avez échappé à la grippe A, vous avez eu, j'espère, une pensée compassionnelle pour l'abattage massif des porcs en Égypte, vous vous êtes demandé pourquoi l'Université tenait tant à mourir, vous avez été intrigués par la décision d'État nommant Guy Debord, quinze ans après sa mort, « trésor national » (comme quoi la radicalité mène à tout), vous avez eu raison de continuer à lire la vieille presse écrite, et votre quotidien de référence, Le Monde. Certains articles de critiques littéraires vous ont comblés.
Voici, par exemple, la présentation, sous une plume féminine, d'un roman féminin anglo-saxon : « Ce roman déconcertant se place sous le signe du pénis. Le pénis instrument de plaisir ? Pas du tout. De triomphe ? Encore moins. Il s'agit d'un motif incongru et plutôt répugnant. » Conclusion : « Le sexe ne mène nulle part, et la mort est la sœur aînée du sexe. » Comme quoi, message peu réconfortant, chagrin de sexe dure toute la vie.
Vous avez quand même repris espoir en lisant les Lettres à Albert Paraz, de Céline207, écrivain génial qui n'a rien à voir avec les assis ou les assises du roman. « La magie n'est pas dans les mots, elle est dans leur juste touche. » Et voilà le chant et la danse intimes, le contraire de « la prose-prose des arriérés naturalistes américains ou français », bref la langue vraiment vivante.
31/05/2009