Julien Coupat
Mais c'est bel et bien dans Le Monde208 que vous avez appris qu'un écrivain de premier ordre était détenu à la Santé sous prétexte de « terrorisme ». On le salue ici en le faisant entendre :
« Heureusement, le ramassis d'escrocs, d'imposteurs, d'industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l'heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu'ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle “victoire” dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d'autres termes : la situation est excellente. Ce n'est pas le moment de perdre courage. »
Comme on voit, ce détenu très libre est très cultivé. Il se donne même les gants de citer Hegel, et on aura reconnu, dans sa rhétorique, à la fois Lautréamont et Debord, textes peu lus par la police. Un peu de Céline pour finir (même si celui-ci prend la précaution de préciser que les anarchistes sont « terriblement noyautés par les flics depuis toujours ») : « Vive l'Anarchie, nom de Dieu. Pour être sûr d'être un bon anarchiste, il faut avoir tenu bon en tôle, impeccablement, avec une boussole personnelle, indéréglable. » Autre chose qu'une Rolex !
31/05/2009