Malaise

Soyons sérieux : Nicolas Sarkozy m'inquiète. Ce « malaise vagal » au cœur de l'été, ce Président sportif qui s'effondre brusquement en plein footing, ce bref séjour au Val-de-Grâce, cette retraite discrète au cap Nègre, tout cela m'obsède. Que ferait la France, grands dieux, sans Sarkozy ? Est-il au moins bien soigné ? Son alimentation est-elle suffisante ? Son programme de rattrapage culturel, accéléré par Carla, ne le fatigue-t-il pas trop ? Lire Sartre, c'est bien, mais un hebdomadaire vient d'annoncer le retour de Marx, et le Président qui, ne l'oublions pas, est « de gauche », a décidé, paraît-il, de lire enfin, en profondeur, Le Capital. Je jette un coup d'œil sur l'agenda présidentiel : c'est un emploi du temps infernal, une usure de tous les moments, un stress qui peut conduire tout droit à un nouveau malaise. Il serait alors une proie pour le virus de la grippe qui se rapproche inéluctablement de nous. Je tremble.

Quelle injustice, aussi, quand on voit la forme insolente de Berlusconi entouré de ses escort-girls ! Il pète de santé, ce brave homme, il vient d'être pourtant grand-père pour la cinquième fois, mais rien ne l'arrête, et la cabale des dévots contre lui, qu'ils soient de gauche ou de tradition catholique, n'a l'air de lui faire ni chaud ni froid. C'est le moins hypocrite des leaders politiques, et un homme attaqué par sa femme, et une de ses filles qui vient d'accoucher, ne peut pas être foncièrement mauvais. Il a d'ailleurs eu cette formule sublime : « Je ne suis pas un saint. » Le peuple italien apprécie cette modestie bonhomme et ronde qui fait merveille dans les photos où il est entouré de chefs d'État. Il est le seul ayant l'air de s'amuser, peu importent les catastrophes.

Mais que va devenir Obama dans sa zone de turbulences ? Son programme de santé publique soulève des injures caricaturales, on le voit sur des affiches représenté en Hitler et accusé de vouloir instaurer le socialisme aux États-Unis. Les Américains ont de grandes dispositions pour la folie, comme le prouve le deuil très agité autour de Michael Jackson. Et puis ce président noir qui veut s'en prendre aux tortures perpétrées par la CIA, n'est-ce pas imprudent ? Le sénateur Ted Kennedy vient de mourir, et il faut fermement déconseiller à Obama d'aller faire un tour à Dallas. Un cinglé manipulé pourrait s'imaginer qu'en tirant sur lui il élimine Hitler.

30/08/2009