Lautréamont
Je sais ce qui vient de me mettre de si bonne humeur : la nouvelle Pléiade consacrée aux Œuvres complètes de Lautréamont209, ce génie plus que jamais flamboyant, avec des textes passionnants écrits au cours du temps sur cet auteur capital (on trouve là Léon Bloy, Breton, Aragon, Gracq, Blanchot et bien d'autres). Voyez, dans Les Chants de Maldoror, la lutte acharnée entre l'aigle et le dragon (Chant troisième, strophe 3). C'est ce passage que le Président doit lire avant son duel : « Le dragon a beau user de la ruse et de la force, je m'aperçois que l'aigle, collé à lui par tous ses membres, comme une sangsue, enfonce de plus en plus son bec, malgré de nouvelles blessures qu'il reçoit, jusqu'à la racine du cou, dans le ventre du dragon. On ne lui voit que le corps. Il paraît être à l'aise, il ne se presse pas d'en sortir. Il cherche sans doute quelque chose, tandis que le dragon, à la tête de tigre, pousse des beuglements qui réveillent les forêts. » Voilà qui est quand même plus tonique que les langueurs narcissiques de À l'ombre des jeunes filles en fleurs ou que La Princesse de Clèves ! Attention ! Villepin, lui, relit déjà ce morceau ! N'oublions pas qu'il a été voleur de feu dans une autre vie ! Que l'aigle se déploie ! Que le dragon rugisse ! Nous avons besoin de ces cris, pas de plaidoiries.
27/09/2009