Exécution
Comment ne pas se réjouir du prix Nobel de la paix décerné au souriant Obama ? Tout à coup, plus d'attentats à Bagdad, plus de talibans, calme et sérénité au Proche-Orient, ne vous inquiétez pas, c'est en cours. L'ennuyeux, c'est plutôt ce qui se passe dans les prisons américaines, par exemple dans l'Ohio pour l'exécution ratée d'un condamné à mort. Vous savez comment ça se trafique là-bas, après la grandiose chaise électrique. On pique le condamné avec une substance spéciale, il passe ainsi de vie à trépas sous le regard satisfait des autorités et des familles des victimes. Mais ce que raconte aujourd'hui Romell Broom, un Afro-Américain de cinquante-trois ans, condamné à mort en 1984 pour l'enlèvement, le viol et le meurtre d'une adolescente, est hallucinant (voir Le Monde du 2 octobre).
Pendant deux heures, les exécuteurs tâtonnent et n'arrivent pas à trouver la veine qu'il faut. « Les infirmiers essayaient simultanément de trouver des veines dans mes bras. La femme essaya trois fois dans mon bras gauche, l'homme trois fois au milieu de mon bras droit. » Drôle de crucifixion traînante. Romell hurle, le sang coule, mais ça continue dans les bras et les jambes. « Le maton posa sa main sur mon épaule droite et me conseilla de me relaxer. » Il est plein de bonne volonté, Romell, il ne demande qu'à en finir le plus vite possible, il se « relaxe », mais rien à faire, le supplice s'éternise. Finalement, le directeur de la prison, au milieu des hurlements, interrompt le spectacle qui doit reprendre bientôt. Romell conclut son récit sobrement : « Attendre d'être encore exécuté est angoissant. »
Moi, je trouve qu'on devrait lui donner le prix Nobel du condamné le plus coopératif, la paix soit avec lui, en somme. Cela dit, la France se grandirait en livrant aux États-Unis ses vieilles guillotines remises en état de marche. C'est simple, clair, net, cartésien, profondément humain, sans bavures. Très peu de bruit, pas besoin de se répéter. Vous me direz que les spectateurs auraient l'impression que ça va trop vite. Ah, ces Américains !
01/11/2009