Manifs

Tout le monde le sent : la vague populaire a moins à voir avec une réforme des retraites jugée injuste qu'avec un appel au secours. Le temps est coincé, le passé détruit, l'avenir sans forme. Je vois des visages de lycéens criant qu'ils voudraient vivre plutôt que survivre, ce qui n'est pas précisément un appel à la révolution. Il n'y a que la presse étrangère qui évoque le spectre de Mai 68, en s'étonnant, encore une fois, de ces étranges Français qui font grève, perturbent les transports, bloquent la distribution d'essence, tout cela pendant longtemps avec, malgré les casseurs, le soutien de l'opinion. Qu'est-ce qui leur prend ? Il va falloir les calmer, les anesthésier, leur demander d'attendre l'élection présidentielle, leur faire accepter la lourde routine de la survie. Il y a eu un temps où la France s'ennuyait et, donc, voulait s'amuser. Cette fois, elle est déprimée, et en colère, sans issue contre la misère.

31/10/2010