Chine
Une qui ne s'est pas ennuyée dans la vie, tout en flottant sur ses tapis de milliards, c'est la très romanesque Liliane Bettencourt. Match lui demande quel est le chef d'État ou de gouvernement qui l'a le plus marquée. Elle répond aussitôt : « Mao ! Il m'aimait bien. Peut-être trop. Ça n'allait jamais bien loin mais c'était une merveilleuse blague. C'est énorme pour une femme ! Je l'ai vu souvent, là-bas, en Chine. » Le journaliste, épaté, lui pose alors une question idiote : « Racontez cela ! Est-il venu vous voir ? » Et Liliane : « Venir ici ? À Neuilly ? Non ! Cela aurait été fou ! Raconter ? Je ne crois pas qu'il faille raconter. C'est du non-dit. De la mémoire. Et puis, vous savez, tous ces voyages… Je ne sais pas si j'étais vraiment satisfaite. Est-ce satisfaisant ? Peut-être un moment, mais si rapide. Peut-être un instant… » A-t-elle quand même eu la possibilité de parler de L'Oréal avec Mao ? Non, pas de mélange des genres. Mao l'a aimée pour elle-même, pas question qu'il devienne Maoréal !
Je peux révéler maintenant que, dans ma folle jeunesse « maoïste », j'étais parfois chargé, à Pékin, d'introduire de riches et belles étrangères auprès de Mao, la nuit, dans le pavillon des Chrysanthèmes de la Cité interdite. Mao voulait varier ses plaisirs, et ne se contentait pas des dix ou douze jeunes Chinoises, triées sur le volet, qui venaient remplir sa piscine, le samedi soir, avant de passer sur son vaste lit pour des séances taoïstes d'immortalité (ce que le dalaï-lama n'a jamais pu supporter).
Voyez la scène : Liliane, un foulard sur la tête, introduite auprès du monstre amoureux, pour un moment d'ivresse sans paroles, puisque, là, il n'y avait plus d'interprète et que Mao ne parlait pas un mot de français. Mao venant plus tard à Neuilly ? Des photos dans Match ? Allons donc ! Nuits de Chine, nuits câlines…
Ces Chinois exagèrent. « Ils n'en font qu'à leur tête », me dit l'excellent observateur Marcel Gauchet. La preuve : à la surprise générale, la Banque centrale chinoise relève, contre l'inflation, ses taux directeurs. Comme le dit un journaliste du Monde : « Cette annonce illustre une confiance insolente de la Chine en son économie. » Le prix Nobel de la paix à un Chinois contestataire ? Très bien. Mais je crains que ces Chinois ne demeurent « insolents ». Ah, les ombres de Mao et de Liliane dans les nuits de Pékin ! Je note que Liliane déclare par ailleurs ne rien avoir éprouvé pour François Mitterrand, ce qui est une indication érotique.
31/10/2010