Picasso
Un vieil électricien qui a travaillé il y a longtemps chez Picasso se retrouve avec des cartons pleins d'œuvres exceptionnelles (estimation : quatre-vingts millions d'euros). Naïvement, puisque les œuvres ne sont pas signées, il demande aux héritiers de Picasso de les authentifier, en prétendant qu'elles lui ont été données par Picasso lui-même ou sa veuve. Il est aussitôt accusé de vol ou de recel. Les tableaux et les dessins sont authentiques, Picasso déménageait souvent et aurait laissé derrière lui ces réserves, notamment un splendide papier collé capable de désespérer Houellebecq. On n'insistera jamais assez sur l'inventivité des papiers collés de Picasso : science, élégance, découverte d'un nouvel espace musical, jeu subtil sur les mots, « jour » pour « journal », appel aux cinq sens, « vin », « tabac », « vieux marc »… J'ai devant moi une reproduction d'un Violon et feuille de musique, daté de 1912, papiers de couleur et partition musicale collés sur carton, gouache, qui, si je lève les yeux, fait immédiatement mon bonheur. Grande liberté de Picasso, grand bonheur.
02/01/2011