Machiavel
Je ne saurais trop recommander à Nicolas Sarkozy et à DSK, pour leurs longs et intéressants voyages en avion, la lecture (je n'ose pas dire la relecture) du Prince, de Machiavel224. Pour Sarkozy, ceci : « La première conjecture qu'on fait d'un souverain et de sa cervelle, c'est de voir les hommes qu'il tient autour de lui. » Et ceci : « Quand tu vois un ministre penser plus à soi qu'à toi, et qu'en tous ses maniements en affaires il regarde à son profit, ce ministre ne vaudra jamais rien et tu ne dois pas t'y fier. » C'est peu dire qu'un remaniement ministériel s'impose au Prince : il doit être exaspéré par les énormes gaffes à répétition qui l'entourent. Sarkozy est-il naïf ? Abusé ? Victime des flatteurs ? À la recherche de conseillers plus intelligents ? Qu'il m'appelle : je suis l'avenir, l'espoir, l'innovation. Qu'il médite, surtout, cette pensée : « Les hommes se découvrent à la fin méchants, s'ils ne sont pas, par nécessité, contraints d'être bons. »
Pour le circonspect DSK, conseil du Prince : « Si quelqu'un se gouverne par circonspection et si le temps et les affaires tournent de telle sorte que sa manière soit bonne, il réussira ; mais si la saison change, il sera détruit parce que lui, il ne change pas sa façon de faire. » Avertissement : « Ainsi l'homme circonspect, quand il est temps d'user d'audace, en est incapable, et c'est la cause de sa ruine ; et si son naturel changeait avec le vent et les affaires, sa fortune ne changerait pas. » Mieux : « Je crois qu'il vaut mieux être hardi que prudent, car la fortune est femme, et il est nécessaire, pour la tenir soumise, de la battre et de la maltraiter. » Ah, ces Italiens ! Des misogynes incorrigibles !
Pourtant, le 10 juin 1514, Machiavel écrit à un ami : « Amour ne tourmente que ces gens-là qui prétendent lui rogner les ailes ou l'enchaîner quand il lui a plu de venir voler à eux. Comme c'est un enfant, et plein de caprices, il leur arrache les yeux, le foie et le cœur. Mais ceux qui accueillent sa venue avec allégresse, et qui le flattent et le laissent s'envoler quand il lui plaît, et quand il revient l'acceptent volontiers, ceux-là sont toujours certains de ses faveurs et de ses caresses, et de triompher sous son empire. » Le 3 août, il ajoute : « Dans mes amours, je trouve toujours plaisir et bonheur. » Voilà une politique !
27/02/2011