11-Septembre

La commémoration du 11 septembre 2001, date capitale de l'Histoire, est troublante. Pendant vingt-quatre heures, vous voyez défiler sur les écrans, en boucle, les deux avions suicidaires faisant exploser les tours du World Trade Center, superbe œuvre d'art architecturale, mais aussi, dans les fantasmes de religieux fanatiques, arrogantes mosquées du diable. Le Dieu coranique, poussé à bout, lance ses kamikazes dans les flammes, et, à force de voir les images de cet attentat en direct, il est presque impossible de ne pas les trouver d'une effrayante beauté.

De quoi s'agit-il ? D'une œuvre d'art criminelle comme destruction d'une grande œuvre d'art. Vous voyez des corps humains se jeter par les fenêtres, vous savez qu'il va y avoir trois mille morts, mais vous êtes obligés, maintenant, d'entendre le cri « Allah est grand ! » poussé par des terroristes entrant en enfer. C'est tragique, mais le plus tragique est peut-être la figure de Bush, à l'époque, apprenant la nouvelle, avec sa petite cravate rouge de fonctionnaire provincial.

Et plus tragique encore, c'est la prolifération, aujourd'hui, de galeries de peinture autour de Ground Zero. Installations nulles d'« art contemporain », panneaux monochromes ou vêtements pendus à des tringles, censés évoquer le traumatisme de la destruction. C'est consternant de bêtise, de laideur et de conformisme. Pauvre Amérique, empêtrée dans ses guerres, avec, en plus, ses républicains fous.

Tristesse, aussi, de voir l'excellent Philip Roth dans un mauvais film de télé, transformé en radoteur de la mort, avec, comme témoins, deux femmes âgées et très laides, dont l'hypernévrosée Mia Farrow. La musique douloureuse (on pouvait le craindre) est de Gustav Mahler. Roth écrit debout, il est visiblement gêné d'être enregistré par un type qui se fout de la littérature. Pourra-t-il encore composer plutôt que de se suicider ? On l'espère pour lui. Il rit d'un drôle de rire. C'est un ami.

25/09/2011