Bordeaux chinois

Le débat filandreux autour de l'abattage rituel religieux rendrait toute âme sensible athée et végétarienne. Je me sens déjà vaguement coupable de manger du porc, de fumer, de ne pas avoir de barbe, d'adresser la parole à ma voisine, de boire de l'alcool et du vin. Un verre de bon bordeaux me calme et me ramène à la raison, pratiquée depuis longtemps dans ma belle ville natale.

Mais que vois-je soudain ? Les Chinois ont envahi les environs de Bordeaux, achètent des châteaux, se passionnent pour les crus locaux et les importent en masse. Céline (fanatique buveur d'eau) s'est trompé : les Chinois ont dépassé la Champagne et Cognac, ils sont dans les vignes, ils se poivrent au vin rouge. Regardez Lili, énergique et ravissante Chinoise de vingt-huit ans : elle vous annonce une nouvelle ère dont personne ne semble se rendre compte. Comme le dit un vigneron bordelais : « En France, lors des voyages présidentiels à l'étranger, on parle de TGV, de Dior, des avions. Mais les vignerons qui représentent l'équivalent de cent quatre-vingts Airbus par an, on n'en parle pas… Chirac aimait la bière, Sarkozy le Coca… » Une rumeur prétend qu'à la fin de sa vie, pour apaiser sa conscience, Mao buvait en douce du Margaux dans son pavillon de la Cité interdite. Simon Leys vous dira que c'est impossible, mais il ne sait peut-être pas tout.

01/04/2012