Marine
On ne l'attendait pas à ce niveau, mais c'est fait, et tout le monde en parle. Le Président candidat sentait une vague forte monter vers lui, mais voilà, elle n'était pas bleu clair, mais massivement bleu marine. Le rouge Mélenchon se flattait d'avoir ressuscité l'idéal communiste et de terrasser la blonde agitée : hélas, hélas, Stalingrad n'a pas tenu, et une bonne partie du peuple français s'est déportée sur la droite.
Hollande est en tête, soit, et même virtuellement élu, il s'abîme de plus en plus la voix dans les meetings, mais restons prudents, le second tour s'annonce sanglant, simpliste, vociférant, et des milliers de drapeaux bleu-blanc-rouge vont tourbillonner dans les têtes. Le Président propose trois débats à son challenger socialiste, on regrette de ne pas voir ça tous les soirs, dans le genre interminable primaire au sommet.
Bref la participation a été intense, l'Histoire est en marche, Robespierre a été remplacé au pied levé par Jeanne d'Arc, le Président déclare la patrie en danger, veut transformer le 1er Mai en fête du « vrai travail » national, peut-être s'est-il mis à prier le soir, pendant que le candidat de gauche compte sur la sagesse immémoriale de la Corrèze. Et Bayrou ? me dites-vous. Bayrou ? Comme d'habitude, avec une belle obstination paysanne, il attend son heure. Ce serait l'heure de la raison centrale, celle qui ne vient jamais. Les élections ne sont pas raisonnables.
Cela dit, les dernières déclarations de Sarkozy à propos de la littérature m'ont consterné. Après avoir taclé La Princesse de Clèves et Fabrice del Dongo dans La Chartreuse de Parme, il dit maintenant que le livre qui lui tombe des mains est Les Liaisons dangereuses, de Laclos. Une France forte sans Stendhal et Laclos ? Quelle erreur.
29/04/2012