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Prions pour le Président : il s'est mis, Dieu sait comment, dans la pire des situations qu'évoque mon catéchisme à l'usage de l'homme amoureux normal. Je résume : zéro femme (ascèse monastique), une seule femme (maman), deux femmes (l'enfer), trois femmes (respiration mais problèmes logistiques). Bien entendu, on peut dépasser ce chiffre, sans aller jusqu'à la boulimie de DSK, qui laisse d'ailleurs impassible Anne Sinclair sur son socle. La frénésie sexuelle, on ne le sait pas assez, ramène à maman, qui peut fermer les yeux sur ces acrobaties passagères.

En revanche, quand deux femmes s'affrontent pour la possession du même homme, ce dernier marche sans cesse sur des charbons ardents, le souci permanent et la dissimulation épuisante l'habitent. Chacune ne pense qu'à l'autre. Qui est la vraie ? Laquelle a le pouvoir ? La mère des enfants ? La nouvelle compagne avec ses propres enfants ? Une concurrente plus jeune en attente d'enfant ? Mettez la politique dans le coup, et vous obtenez l'affaire sensationnelle du tweet.

Ne plaisantons pas, c'est du sérieux, de la souffrance pure, un coup de poignard administré par la première lame de France. Les élections, la crise, l'euro, les massacres de Syrie, les impôts à venir, la progression lente et sûre du Front national, tout cela n'est rien par rapport au tweet. C'est un sommet dans le genre. On peut en imaginer d'autres qui feraient du bruit : la reine d'Angleterre, en plein jubilé, tweetant qu'elle a toujours détesté sa couronne, le pape révélant au grand jour son homosexualité, Michelle Obama avouant sa relation avec un jeune Blanc, Sarkozy admettant son ancienne liaison torride avec Liliane Bettencourt, ou moi, après tout, faisant état de la demande incroyable et gênante que m'a adressée Marine Le Pen, un soir : « Embrasse-moi sur la bouche. »

Ce n'est plus la politique qui fait la loi, mais le tweet inattendu, énorme, transgressif. À quoi pensait le Président en accrochant des décorations sur les cercueils des soldats français morts en Afghanistan ? Au tweet. Ce n'est plus du vaudeville, mais du Shakespeare. Une seule solution pour sortir de ce cauchemar : une nouvelle prétendante au rôle de première dame de France, un mariage à tout casser, et, vite, un bébé. Espérons que cette nouvelle aventurière courageuse nous préviendra par un tweet.

24/06/2012