Un potager urbain

Quand la place manque au sol, il faut la trouver en hauteur. Dans un grand potager, les légumes sont étagés, les plus grands étant installés du côté nord pour ne pas faire trop d’ombre aux espèces voisines, toutes avides de soleil. Dans un potager urbain plus restreint, que ce soit en pleine terre ou en bac, il faut aussi disposer les différentes plantes potagères en jouant avec leurs hauteurs variables. Il est également possible d’augmenter considérablement la production de fruits et de légumes au mètre carré en investissant les hauteurs de votre potager. Pour obtenir ce résultat, vous avez à votre disposition plusieurs méthodes plus ou moins sophistiquées et compliquées à mettre en œuvre.

Tuteurs et treillages pour légumes coureurs

Sur un balcon, utilisez la rambarde si elle est ajourée pour y faire courir vos lianes potagères. Ceci n’est valable que pour les plantes à petits fruits (haricots et tomates-cerises), sans danger pour les passants de la rue située en dessous. Vous pouvez aussi adosser vos potées ou jardinières potagères au mur de l’appartement après y avoir fixé un treillage, sans le coller complètement contre la paroi. Il est en effet nécessaire de laisser un peu d’espace pour que les tiges du légume puissent se faufiler et s’agripper facilement.

Sur une terrasse, vous pouvez installer un modèle de potager Growcamp^® surélevé et protégé à adosser contre le mur de la maison ou de l’appartement. Ce système de culture qui a l’aspect d’une mini-serre se compose d’une grande jardinière (30 cm de largeur), surmontée d’une armature et de parois transparentes en matière plastique. Avec des dimensions de 120 x 62 x 180 cm⁸, vous aurez suffisamment de place et de hauteur pour y faire pousser des variétés de tomates à grand développement qui ne craindront plus les courants d’air, souvent plus forts sur une terrasse. Les tomates seront tuteurées sur des ficelles accrochées à une des barres de l’armature de la mini-serre. Attention, le poids de 19 kg de ce matériel sans le substrat limite son utilisation car de nombreux balcons ne supportent pas des charges trop importantes.

Si vous aimez les petits pois ou les haricots, vous en obtiendrez beaucoup plus en remplaçant les variétés naines par des grimpantes et en les faisant courir sur des tuteurs, des treillages ou du grillage.

Les courges si envahissantes et si promptes à couvrir des mètres carrés au sol doivent impérativement être conduites sur une structure dressée, suffisamment robuste pour supporter le poids des fruits arrivés à maturité. Une petite pergola ou une tonnelle sont plus indiquées pour supporter une telle charge, mais vous devrez quand même contrôler le développement de vos courges et ne garder que quelques fruits. Il en est de même pour les concombres et les melons, moins encombrants toutefois.

Tuteurez vos pieds de tomates pour ne pas perdre de place au sol. Pour ces dernières, il est nécessaire de tailler tous les gourmands afin de permettre au soleil de baigner tous les fruits formés. Ne voyez pas trop petit ! Un pied de tomate à grand développement, que ce soit une variété cerise ou à plus gros fruits, dépasse facilement les 1,20 m de hauteur. Dans des grands bacs, mes tomates-cerises ‘Sun Gold’ ont atteint les 2 m au cours de l’été. Attention aux tuteurs simples, car lorsque la plante a envahi tout son support elle offre une plus forte prise aux rafales de vent et les bourrasques finissent par faire bouger le tuteur qui se déchausse et penche d’un côté ou de l’autre. Pour limiter ce problème, stabilisez votre tuteur en l’accrochant à la rambarde du balcon ou disposez trois tuteurs identiques en tipi tout autour du jeune plant.

De plus, cette culture en trois dimensions permet d’accueillir des légumes originaux comme les arroches blondes ou rouges, l’épinard de Malabar ou baselle (Basella alba), l’épinard grimpant (Hablitzia tamnoides) ou bien encore la liane de Madère (Anredera cordifolia ou Boussaingaultia cordifolia). Ces espèces peu connues donnent une profusion de feuilles que l’on consomme jeunes, comme les épinards les plus classiques. Elles sont également décoratives, ce qui est un plus sur un balcon ou une terrasse. Ajoutez un pied de capucine grimpante pour déguster les fleurs poivrées et les boutons floraux qui remplacent les câpres, ainsi que des haricots d’Espagne aux jolies fleurs rouges, roses ou blanches et aux gousses délicieuses.

Installer un pied de chayotte

Si vous disposez d’une grande terrasse ensoleillée, amusez-vous avec un pied de chayotte ou christophine. Il suffit d’acheter un fruit dans le commerce, de le rempoter au début du printemps et de le faire démarrer au chaud dans votre maison ou appartement, dans une pièce très lumineuse. Quand les pousses se sont bien développées (c’est très rapide), acclimatez votre pied de chayotte à l’extérieur en le plaçant d’abord à l’ombre claire, puis progressivement à une exposition ensoleillée directe. Transplantez-le sans briser la motte. Les tiges peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur, en tous sens. Prévoyez le support adéquat tant en surface qu’en robustesse. Et les arrosages ! En fin d’automne, rabattez les tiges et protégez la souche avec des voiles d’hivernage. La plante est vivace et repartira au printemps suivant, avec encore plus de vigueur surtout si vous avez enrichi le substrat avec du compost et un engrais organique pour tomates.

Il ne s’agit pas ici de recréer les murs végétaux monumentaux inventés et conçus par le génial botaniste Patrick Blanc, car votre potager vertical doit toujours être facilement accessible, autant pour les opérations de plantation et d’entretien des plantes que pour permettre des récoltes faciles et rapides. Ses dimensions doivent donc rester suffisamment modestes pour vous éviter tout recours à des échafaudages ou à des échelles. Réfléchissez bien à l’implantation de ce potager vertical, car sa conception le rend encore moins autonome qu’un potager classique et vous devrez le surveiller pour intervenir dès que nécessaire, notamment pour l’arrosage. Il doit donc être à proximité de votre appartement ou de votre maison, si possible dans un endroit bien ensoleillé, car les plantes potagères ont besoin de beaucoup de lumière. Attention, évitez les emplacements trop ventés.

Le site Internet Mur Potager^® propose différents modèles de potagers verticaux, fabriqués en bois Douglas d’origine française et adaptés aux balcons et aux terrasses. Leurs dimensions sont de 33 x 33 x 88 cm pour 33 l de terreau, de 33 x 61 x 88 cm pour 80 l de terreau et de 33 x 110 x 88 cm⁹ pour 160 l de terreau. Il faut utiliser un terreau fibreux de type Hortalgo pour remplir les structures. Choisissez l’emplacement idéal pour permettre le bon écoulement des eaux d’arrosage et un ensoleillement optimal.

Le site Jardins Animés^® propose un jardin vertical composé d’une plaque en acier de 170 cm de hauteur pour 46,8 cm de largeur sur laquelle sont fixées cinq grandes jardinières en plastique à réserve d’eau (dimensions : 43 x 18 x 18,5 cm¹⁰). À vide, l’ensemble pèse 15 kg. Il doit être fixé contre un mur avec quatre tire-fonds et quatre chevilles. Ce système très élégant et design permet la culture de nombreuses salades, de fraisiers, de plantes aromatiques, de piments et de poivrons nains et de tomates-cerises à port compact.

Les jardineries Botanic^® proposent quant à elles un petit potager vertical en bois de 0,95 x 0,27 x 0,95 cm¹¹, donc idéal pour les petits espaces¹². Il est fabriqué en bois Douglas de France certifié PEFC et dispose d’une poche en feutre géotextile que l’on perce pour y planter les légumes, les fleurs et les plantes aromatiques, sur toute la hauteur des quatre côtés si on le souhaite. Attention, l’excès d’eau d’arrosage s’écoule par le bas et se répand de part et d’autre du potager vertical si le sol est dur, comme cela est le cas dans une cour ou sur une terrasse.

Les SAC by SAC¹³ de Bacsac^® s’accrochent entre eux par un système très simple de clips et permettent de composer des petits murs suspendus dans les airs ou adossés à une paroi. Chaque contenant SAC by SAC est composé d’une double paroi technique qui préserve l’équilibre nécessaire entre l’air, la terre et l’eau. Ultrarésistante au déchirement et à l’abrasion, la toile disposée à l’extérieur est traitée anti-UV et résiste aux températures extrêmes, de – 30 °C à + 70 °C). À l’intérieur, une combinaison de feutre hydrophile assure une protection des racines des végétaux, absorbe et distribue l’eau.

Utilisez un terreau spécial potager ou plantation assez fibreux et léger et enrichissez-le avec du compost et un engrais organique adapté aux espèces potagères choisies. Il est tentant de cultiver des tomates à grand développement en les laissant pendre, mais les bourrasques de vent risquent de casser les grandes tiges. Privilégiez plutôt des légumes assez compacts offrant moins de prise au vent.

Astuces exposition

Avant de le remplir avec du terreau spécial potager, installez votre mur végétal à son emplacement définitif, en veillant à bien l’orienter pour que le soleil éclaire ses deux plus grandes faces au cours de la journée.

Côté soleil du matin : plantez des salades, du persil, de la ciboulette, du cerfeuil, du céleri à couper.

Côté soleil de l’après-midi : installez des tomates, des poivrons ou des piments, des basilics, des tagètes.

Vous pouvez aussi vous limiter à une plantation de fraisiers en mélangeant différentes variétés remontantes et non remontantes pour une production plus variée. Ajoutez quelques pieds de bourraches entre les fraisiers pour attirer davantage les insectes pollinisateurs et avoir plus de fraises.

Les jardiniers bricoleurs peuvent transformer une simple palette en bois en petit muret végétal. Voici comment procéder :

3. Installez ensuite votre potager vertical à sa place définitive, soit contre un mur¹⁴, soit en permettant un bon ensoleillement des deux faces pour une plantation des deux côtés.

4. Remplissez-le ensuite avec un terreau très léger et poreux, enrichi de compost et d’un engrais pour potager.

5. Percez la bâche sur les côtés, entre les lamelles en bois de la palette, pour y insérer les jeunes plants de légumes.

6. Sur le dessus, plantez comme dans une jardinière avec des variétés ayant plutôt un port érigé.

Avec un encombrement plus restreint, le tableau végétal offre une production moins importante que le mur végétal, mais beaucoup plus que dans des petites jardinières. Il peut être installé à l’extérieur dans de nombreux endroits sans occuper de la place au sol, notamment près de la porte ou de la baie vitrée de la cuisine ou dans une petite cour. Il est très pratique parce qu’il s’installe facilement, les plantes se trouvent à portée de main, il n’est plus nécessaire de se baisser pour arroser, tailler ou récolter. C’est un mini-potager parfait pour accueillir un assortiment de plantes condimentaires et aromatiques, des fraisiers, des salades ou des tomates-cerises à port compact.

Dans les grandes surfaces de bricolage, notamment Castorama^®, vous trouverez un mur végétal en toile noire ultra résistante et imperméable, avec 12 poches permettant d’accueillir autant de plantes aromatiques ou de légumes. Ses dimensions assez restreintes de 108 x 84 cm et son poids à vide de 1,8 kg permettent de l’installer en le positionnant à la verticale ou à l’horizontale, à l’arrière d’un balcon ou d’une terrasse, contre un mur dans une cour ou sur la façade de la maison, pas trop loin de la cuisine. Il faut y cultiver des plantes potagères pas trop envahissantes. Là encore, privilégiez les plantes condimentaires, les salades à couper, les tomates à port compact et les fraisiers.

Attention aux mariages

Vous ne devez marier que des plantes ayant les mêmes exigences de culture. Faites par exemple un panier de plantes condimentaires avec persil simple et frisé, cerfeuil, ciboulette et céleri à couper. Dans un autre, mariez différentes variétés de thym avec du romarin rampant et des sarriettes vivaces.

Laissez les fraisiers seuls dans leurs suspensions, ce sont des plantes trop gourmandes en eau et en éléments nutritifs. Il en est de même pour la menthe, bien trop envahissantes (mais vous pouvez planter différentes variétés ensemble).

Suspendez tout !

Les suspensions sont plus souvent réservées aux fleurs saisonnières qu’aux légumes. Pourtant, vous pouvez très bien composer un mini-jardin d’aromatiques ou une suspension gourmande avec des petites tomates, sans oublier un panier de fraisiers qui permet d’avoir des fruits à portée du regard et de la main. Quelle que soit l’espèce potagère, voyez grand, évitez les petites suspensions. Un volume trop restreint de substrat ne permet pas de nourrir longtemps les plantes et, surtout, il va se dessécher très vite, vous obligeant à des arrosages de plus en plus fréquents au fur et à mesure que les végétaux pousseront. Pensez aussi à l’évacuation des eaux d’arrosage excédentaires, car sans réserve d’eau, tout tombe à même le sol, ce qui est plutôt gênant sur une terrasse ou un balcon.

Réservez les contenants peu volumineux¹⁵ aux plantes les moins encombrantes comme la ciboulette, le persil, le romarin rampant, la sarriette rampante ou une variété très compacte de tomate-cerise (mais vous n’y cultiverez qu’un seul pied).

Dans des contenants d’un volume d’au moins 4 ou 5 litres de substrat, envisagez une composition avec plusieurs espèces et variétés potagères, surtout si vous pouvez insérer des plantes dans les parois, comme cela est le cas avec les paniers ou corbeilles suspendus composés d’une armature métallique doublée à l’intérieur par un tapis en fibres de coco. Posez votre armature sur un pot en terre cuite vide suffisamment large pour bien la caler. Remplissez ensuite avec un terreau enrichi de compost et un engrais organique adapté aux plantes choisies. Il doit être riche en azote pour les plantes condimentaires, riche en phosphore et potassium pour les fraisiers et les tomates. Au moment de la plantation, faites attention à l’exposition et à la lumière que vont recevoir les plants quand la suspension sera accrochée à son emplacement définitif, surtout sur un balcon. Salades, persil et cerfeuil gagnent à être disposés à l’arrière du contenant pour laisser la place la plus ensoleillée aux tomates, poivrons et basilics.

Quelles que soient vos cultures, veillez à bien fixer la suspension pour qu’elle ne se décroche pas au premier coup de vent trop fort. Ne l’accrochez pas trop haut, car vous aurez plus de difficultés pour surveiller les plantes et restez vigilant pour arroser copieusement avant que le substrat ne sèche trop. Apportez un engrais liquide organique pendant l’été pour soutenir la croissance des plantes potagères, sans oublier de contrôler le développement des différents légumes pour que chacun puisse pousser sans trop être gêné par ses voisins.

Potager suspendu

Pour une suspension, choisissez des variétés de tomates-cerises très compactes (voir chapitre 5) qui retomberont de part et d’autre du contenant. Sur le dessus de celui-ci, vous pouvez ajouter quelques pieds de basilics ou des mini-poivrons (‘Redskin’ F1, ‘Mini Chocolate Bell’ ou ‘Lingot’) qui pousseront plus en hauteur et seront stabilisés par les fils soutenant le contenant.