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La maison au bord du monde

Ouvre la porte et écoute !

Rien que le mugissement étouffé du vent

Et le scintillement

Des larmes autour de la lune.

Et – phantasme – la piste

Des petits souliers qui s’enfuient

Hors de la nuit avec les Morts.

W. H. HODGSON

L’Aston Martin Goldfinger fonçait vers Innsmouth.

« Ne te fais pas de soucis, Jack. Heimdal connaît bien Helena, il va la retrouver… Mais toi, tu ne peux plus, tu ne dois plus, perdre de temps. Tu vas voir ton père, puis tu rencontreras Anjel… »

Alice était au volant. Elle ressemblait à une star des années soixante. Lunettes noires ailes de papillon, foulard à fleurs, petit chemisier blanc, pantalon en vichy rose et blanc serré aux chevilles, espadrilles blanches.

« Sacrée bagnole, hein ? »

Jack en convenait. C’était autre chose que la Mercedes de Richard. Il préféra ne pas s’imaginer au volant.

« C’est une amie qui me l’a prêtée. Je te la présenterai un de ces jours. Tu aimes conduire ce genre de voitures et elle aime les jeunes éphèbes. (Elle lui fit un clin d’œil.) Vous devriez vous entendre… »

En regardant Alice, les criques et les plages en contrebas, l’Aston Martin qui dévorait la route, Jack avait du mal à imaginer qu’ils se rendaient sur un théâtre de guerre. Une guerre des mondes, de surcroît ! Ce qui l’effrayait le plus, cependant, c’était de rencontrer son père.

À mi-chemin, Alice donna un brusque coup de volant sur la droite. Jack imagina aussitôt qu’ils allaient faire une chute d’une cinquantaine de mètres et s’écraser au bas des falaises ou, dans le meilleur des cas, plonger dans l’océan… Mais l’Aston Martin continua sa course sur un sentier terreux, dans un nuage de poussière.

« Nous sommes sur une étroite péninsule rocheuse qui domine la mer. »

Jack voyait une étendue bleue défiler à travers les branchages, de chaque côté du véhicule.

Alice négocia un virage sur les chapeaux de roue, puis la maison apparut. Au bout du chemin. Elle bouchait l’horizon. Comme s’il n’y avait plus rien au-delà. Comme s’il s’agissait de la dernière maison avant la fin du monde.

Elle était tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Rustique. Ancienne. Peut-être même très ancienne. Murs blanchis à la chaux, toit d’ardoise, porte en chêne.

Alice se gara légèrement sur le côté. Stan et Oliver attendaient devant la porte. Jack ne chercha même pas à savoir comment ils étaient venus jusque-là.

Ils leur firent un signe discret. Ils étaient de nouveau en mode gardes suisses.

 

Alice ouvrit la porte et invita Jack à la suivre. L’intérieur était très lumineux. Les murs blancs réverbéraient la lumière qui pénétrait par les fenêtres sans vitres, munies de barreaux, sur les murs latéraux.

Au fond, il y avait une porte.

 

cabochon

 

Alice la montra du doigt.

« Vas-y, ouvre-la… »

Jack s’avança timidement, respira un grand coup et tourna la poignée.

Il s’attendait à une vision d’apocalypse et au fracas des armes, mais il n’entendit que le bruit des vagues et ne vit qu’une étendue bleue miroiter sous le soleil, soixante mètres plus bas. Il avait automatiquement avancé un pied et basculait en avant. Il n’y avait effectivement rien au-delà de cette maison. Elle se dressait au bout de la péninsule et ne donnait accès à aucun autre monde.

Une main le saisit par le poignet et le tira violemment en arrière.

Il se retrouva dans les bras d’Alice. Son visage était près du sien. Il respirait son odeur épicée. Ses lèvres étaient si proches qu’il sentait leur tiédeur.

« Règle numéro un : on ne franchit jamais une Porte sans être sur le qui-vive ! Jamais ! Règle numéro deux : on ne se laisse jamais dominer par ses désirs lorsqu’on est en mission. »

Alice se détacha de Jack, non sans quelque difficulté.

Elle appela Stan et Oliver.

« Vous allez maintenant garder cette autre porte.

Jack était un peu déboussolé.

— On redoute quoi ? Une invasion de goélands ?

— Jack, j’ai quelques centaines de millions d’années de plus que toi. Je sais tout de même ce que je fais, non ?

— Je n’en doute pas un seul instant, mais j’aimerais bien comprendre ce qui se passe. Et pour commencer, savoir ce qu’on fout ici.

— Pour l’instant, tu ne bouges pas. Aha va créer un volvox autour de la maison. Sans aucune Porte. Les universicules de Aha ont la vie courte mais ce sera largement suffisant pour sécuriser ta visite. »

Quelqu’un frappa à la porte.

« Arrête de faire l’imbécile et entre ! répondit Alice.

Aha les rejoignit dans la pièce.

— Tu es vite revenu, s’étonna Jack.

— Et encore, j’ai pris le temps de…

— Aha, stop ! J’aimerais juste savoir une chose avant de partir. Jack, pourquoi es-tu si sûr que Richard est un rejeton de Yog ?

— Ça me gêne un peu d’en parler, mais… Après avoir raté son coup avec Claire, celui que vous appelez Nyar a récidivé avec Marilyn. Au couvent, elle n’a pas eu que des visions hystériques, elle est également – passez moi l’expression – passée à la casserole.

— Il ne faut jamais tirer le diable par la queue.

— Aha… qu’est-ce que tu racontes ? soupira Alice.

— Il nous a demandé de lui passer une expression, alors j’essaie de lui rendre service.

Alice paraissait effondrée.

— Je vais le massacrer.

— Euh… J’ai d’abord un volvox à créer… »

Alice réussit à se convaincre que la meilleure solution consistait à l’ignorer. Elle reporta son attention sur Jack.

« Et comment tu sais ça ?

— Elle a la même tache de naissance sous le nombril que Claire qui la tenait elle-même de son père. Richard a le même âge que moi. Et toutes les religieuses du couvent ont vu Marilyn se faire pénétrer par une créature bien membrée. Bon, une hallucination collective, à la limite pourquoi pas ? Mais un petit Jésus lubrique avec des tentacules, ça ne court pas les rues, même chez les nones hystériques.

— Nyar a dû se dire que le génome de Marilyn pouvait peut-être donner lui aussi de bons résultats, dit Aha en s’immisçant dans la conversation.

— Bien vu Aha, tu ne dis pas toujours que des bêtises, le félicita Alice.

— Mais une chose m’interpelle, poursuivit Aha. Comment as-tu pu observer une tache de vin sous le nombril de Marilyn ? Tu étais donc tout près de…

— Bon, on a une mission de la plus haute importance à accomplir et je ne veux pas endosser la responsabilité de la faire échouer, dit Alice en essayant de rester zen. Alors je vais vous quitter. À bientôt, Jack. Je ne pense pas que Richard puisse être un kassakaappimies, mais dans le doute, je préfère aller vérifier.

— Comment ?

— J’improviserai », dit elle avant de l’embrasser sur la bouche.

Puis elle referma la porte derrière elle.

Aha plissa les paupières et serra les dents. Jack redouta le pire. Il entendit juste un « plop ! ».

Aha ouvrit les yeux en souriant.

« Voilà, c’est fait. Le volvox est en place.

— Très bien… Et moi, je fais quoi maintenant ? », s’inquiéta Jack.

Au même instant, l’autre porte s’ouvrit.

 

cabochon

 

Il reconnut, derrière, le rideau d’air trouble qui sépare deux mondes, le nœud de floculation, l’habituelle singularité. Un bras le crevait et au bout de ce bras une main agrippait la poignée.

Jack s’avança, se glissa derrière la porte ordinaire faite de métal et de bois, et franchit la Porte.

Le vacarme le fit un instant vaciller, puis il vit

 

 

les âmes

 

 

Elles ressemblaient à des météores finissant leur course stratosphérique dans un embrasement incandescent.

Elles fusaient entre de gigantesques falaises qui se perdaient dans un ciel laiteux, des milliers de kilomètres plus haut. L’image fugace d’une fourmi dans une jungle minérale lui traversa l’esprit. Mais Jack ne voyait qu’un tableau de Wols se pulvériser devant lui. Il n’arrivait pas à saisir totalement la géographie du lieu qui l’entourait, ni les événements qui s’y produisaient. Et il comprit instantanément que les autres mondes pouvaient être radicalement différents.

« Bon sang de catastrophe ultraviolette, ces Araignées à la gomme ont été à la pêche aux âmes ! Nous ne tiendrons plus bien longtemps… »

Un homme revêtu d’une combinaison qui paraissait faite d’os, de fer et de cartilage venait d’apparaître à ses côtés.

Jack ne parvenait pas vraiment à se situer dans l’espace et il sentait pointer une légère envie de vomir. Ses pieds reposaient sur une surface stable, mais il ne voyait que des lignes entrecroisées, une sorte de fin grillage qui laissait apparaître en transparence la continuité des falaises qui s’étendaient en continu vers le bas comme vers le haut.

— « Mais tu ne sais peut-être pas ce que sont les âmes, Jack…

— Non, je ne sais rien des âmes. Je pense d’ailleurs ne pas savoir grand-chose sur les mondes qui nous entourent… Peut-être parce que mon père n’a jamais jugé bon de m’instruire sur le sujet, ni même, ce qui aurait été la moindre des choses, de me signifier son existence.

— Tu as raison, mon fils. »

L’homme ôta le masque osseux qui lui recouvrait le visage. La souplesse du matériau en révélait sa nature synthétique qui s’étendait probablement à toute l’armure.

Et Jack vit, enfin, le visage de Dieu.

 

cabochon

 

Il était d’une pâleur cadavérique et ressemblait vaguement à l’image que l’on se fait du Christ.

Jack se rappela alors que son père n’était pas au mieux de sa forme.

« J’ai oublié de prendre des nouvelles de votre état de santé. Veuillez m’en excuser…

Dieu se força à sourire.

— J’ai l’air si mal en point que ça ?

— Si je ne voyais pas vos lèvres bouger, je pourrais penser que vous êtes presque mort et que vous ne tenez debout que grâce à votre armure.

— C’était le cas il y a quelques heures. Maintenant, ça va beaucoup mieux. Les milliards de nanouilles qui s’activent dans ma carcasse ont déjà remis pas mal de choses en place… Mais si on parlait plutôt de toi. Je crois que tu as quelques soucis…

— Des soucis ? Pfuuuh ! Trois fois rien ! Ma mère vient de se suicider. Des créatures immondes essaient de me tuer toutes les cinq minutes et si je ne parviens pas à activer un hypothétique pouvoir, des milliards d’individus risquent de mourir… Et tout ça à cause de vous ! Si j’étais le fils d’un…

— … charpentier ?

— … homme ordinaire, au lieu d’être le fils de Dieu, le sort des mondes ne serait pas entre mes mains et je mènerais une vie tranquille dans un coin perdu des États-Unis !

— Je ne pense pas qu’une vie tranquille te siérait. Et si tu étais le fils d’un homme ordinaire ou même d’un Seigneur de la guerre, tu serais quelqu’un d’autre, tout simplement. Tu es ce que tu es, non pas parce que je suis Dieu, mais parce que je suis ton père et que Claire est ta mère…

— Vous l’avez aimée ?

— Dans le présent, intensément.

— Puis vous l’avez oubliée…

— Lorsque tu as des souvenirs qui s’étendent sur des millénaires, tu vis exclusivement dans une bulle de présent. Toi, tu es différent. Je ne pourrais pas t’oublier.

— Parce que je suis un kassakaappimies ?

— En partie.

— Je vous hais !

— Je sais.

— Non, vous ne le savez pas. J’ai souhaité que votre blessure ne soit pas mortelle, essentiellement pour pouvoir vous témoigner ma rancune. Je vous hais pour avoir séduit ma mère uniquement pour son génome et pour l’avoir laissée tomber après lui avoir fait un lavage de cerveau. Je devrais également vous haïr pour votre comportement paternel, que je qualifierais de minable, mais je n’y arrive pas…

— J’ai suggéré à ta mère de m’oublier, c’est vrai, mais je lui ai également demandé d’oublier ce qui s’était passé le jour ou ton grand-père est mort. Sans cela, elle se serait suicidée depuis longtemps, Jack… »

Malgré le vacarme assourdissant de la bataille, cette voix pourtant si faible, à peine murmurée, était comme un feu d’artifice.

Jack frissonna. Il entendit alors un sifflement, de plus en plus insistant. Il tourna la tête vers l’origine du son et vit un étrange appareil volant constitué d’un fuselage d’os et de cartilage et de deux ailerons charnus et noirs lardés d’une armature métallique. Il s’agissait peut-être d’un hybride ou d’une chimère biomécanoïde. Difficile à dire. Ce qui était sûr, c’est qu’il perdait un élément vital, sang ou huile, peu importe, et qu’il allait s’écraser sur eux.

Jack ferma les yeux en serrant les dents.

La créature se fracassa contre la roche.

Dieu posa une main sur son épaule. Une douce tiédeur rayonna dans sa poitrine.

« Nous sommes à l’abri de la guerre. Les coordonnées vibrationnelles de notre perchoir sont légèrement inférieures à la normale. »

Jack ouvrit les yeux. Il eut l’impression que des débris de métal, d’os et de cartilage traversaient son corps en tous sens.

Il ne put s’empêcher de plaquer les mains sur sa peau pour empêcher le sang de couler.

« Nous flottons dans une bulle de réalité décalée qui nécessite une forte dépense d’énergie, alors…

— Nous allons bientôt devoir nous séparer…

Dieu acquiesça.

— Et la Porte ne doit pas rester active longtemps. C’est une voie d’accès directe au delta. On ne peut pas prendre trop de risques… »

Son visage paraissait un peu moins pâle. Jack se demanda si c’était grâce à lui ou aux nanouilles…

« Il n’y a aucune différence entre un dieu et un roi, sinon la taille du royaume, Jack. Il y a les rois qui se battent pour perpétuer la guerre et ceux qui se battent pour maintenir la paix. Les dieux qui aiment la guerre gagnent toujours, car la paix ne s’obtient que dans le sang… Je suis inscrit dans cette logique de guerre comme un gène dans une spirale d’ADN… Tu en fais maintenant partie. Et nous n’y pouvons rien, car nous sommes humains. »

 

cabochon

 

En refermant l’autre porte, en bois et en ferraille, derrière lui, Jack sentit tout de suite que quelque chose clochait.

La maison était vide.

Les pensées se percutaient dans sa tête en crépitant comme des particules radioactives.

La porte d’entrée s’ouvrit.

C’était Richard.

« Je viens de faire le ménage, Jack. Je ne me sens pas à l’aise dans une maison en désordre. Surtout lorsqu’elle est encombrée de cadavres. Alors, je les ai jetés par-dessus bord. »

Le soleil filtrait à travers les barreaux en traçant sur les murs une alternance de bandes sombres et lumineuses. Jack eut soudain l’impression d’être dans une cage. Il frissonna.

Un oiseau passa alors entre deux barreaux, voleta un instant dans la pièce et ressortit par l’autre ouverture. C’est en suivant sa trajectoire qu’il vit Aha. Ses petites mains s’agrippaient au bas des barres de fer et on ne voyait que sa tête. De sa position, Richard ne pouvait pas le remarquer. Aha fit un geste qui signifiait. « Continue de parler et surtout ne regarde pas trop dans ma direction. »

Jack retrouva son sang-froid.

« Comment as-tu pu pénétrer ici ?

— Tu n’en as pas une petite idée ? »

En fait, il en avait plus qu’une idée. Il ne s’était pas trompé. Un trait commun les avait attirés l’un vers l’autre, mais il en faisait maintenant des ennemis.

Il n’y a pas de place pour deux kassakaappimies…

Richard était tout sourire.

« C’est Helena qui me l’a révélé…

— Helena ?

— Elle a forcé mon esprit, Jack. Elle a voulu voir ce qui s’y trouvait vraiment.

— Qu’est-ce que tu lui as fait ?!

— Elle n’a fait qu’exercer son talent de chasseur de démons, finalement. Et elle en a trouvé un gros. »

Son sourire s’élargit.

« Elle a activé ce qui était enfoui au fond de moi depuis ma naissance et qui ne demandait qu’à s’épanouir…

— Qu’as-tu fait à Helena ?!! »

Jack se précipita sur Richard. Ce dernier se déplaça légèrement sur le côté et le déséquilibra en lui portant un coup à l’épaule ; emporté par son élan, il s’affala contre le mur, près de la porte d’entrée.

Il se releva en essuyant d’un revers de main le sang qui lui gouttait du nez.

Richard s’était avancé vers l’autre porte.

« Je parie que tu viens de voir ton père…

— Le mien, au moins, n’est pas un monstre !

— Ah bon ? Un père qui abandonne son fils pendant seize ans, c’est quoi ? Un père modèle ? »

Richard ouvrit la porte et s’avança.

« Merde… »

Il se rétablit de justesse, à quelques centimètres de l’aplomb vertigineux de la falaise. Aha en profita pour bondir sur lui et le pousser dans le vide. Le petit dieu fut entraîné dans sa chute. Jack s’était aussitôt précipité et lorsqu’il se pencha, un tentacule s’entortilla autour de son cou puis l’entraîna à son tour dans le vide.

 

cabochon

 

Il eut juste le temps de voir ce qu’était devenu Richard. Une chimère d’homme et de pieuvre qui le propulsait vers la peau bleu étoilé de l’océan. Pas de trace de Aha. Il ne savait pas s’il allait se briser les os ou se noyer – tout dépendait de l’instant où Richard relâcherait son étreinte. Jack s’était déjà fait à l’idée de mourir, lorsque son corps se recouvrit d’un fin duvet. Une seconde plus tard, le duvet se transforma en plumes. Encore une seconde, et Jack déploya ses ailes. Il les actionna de toutes ses forces, arrachant le tentacule qui se déroula en libérant un nuage de plumes. Il distingua alors Aha agrippé à un lambeau de chemise. Le petit dieu saisit une de ses pattes.

Moins d’une seconde plus tard, Richard s’écrasait dans l’océan en une explosion liquide. Jack sentit ses serres frôler la crête des vagues. Il réussit à s’élever de quelques mètres. Puis il plana jusqu’au rivage où il perdit connaissance, à bout de forces.

 

cabochon

 

Lorsqu’il revint à lui, Jack chercha Richard du regard, mais il n’était pas dans les environs. La plage était déserte. Et Aha… qu’était-il devenu ? Avait-il réussi à rester accroché à ses pattes ? Ou bien s’était-il noyé avant qu’ils n’atteignent le rivage ? L’inquiétude le gagna.

« Alors Jack, on fait la sieste ?

Aha, entièrement recouvert de sable, se confondait avec le reste de la plage. Il ressemblait à une sculpture primitive taillée dans du grès.

— Aha ! J’ai cru que…

— Tu n’as tout de même pas pensé que j’étais mort ?

— Je dois reconnaître que l’idée m’a effleuré l’esprit.

— Et ça t’a fait de la peine ?

— Un peu.

— Tu m’aimes bien, alors ?

— Bon, on est perdu je ne sais où et je suis nu comme un ver. Alors les effusions sentimentales, on verra ça plus tard. Pour l’instant, trouve une solution pour rentrer à l’hôtel.

— C’est très simple…

— Heureux de te l’entendre dire…

— On va faire du stop. »