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Les plantés
Hitler a dit cent fois qu'il ne voulait pas attaquer la France.
Jean-Paul Sartre
N ous voici cette fois devant le plus gros chapitre de notre enquête, et le moins exhaustif – tant l'histoire littéraire et politique compte de bourdes, d'erreurs énormes, d'affirmations et de falsifications éhontées, dont le recul accuse l'évidence, quelle que soit la conviction que l'on partage. Plus sensibles, plus intelligents, plus créateurs que d'autres représentants de l'espèce humaine, les écrivains sont aussi parmi les plus prompts à s'enflammer, à réagir, à se laisser séduire, et à se fourvoyer ; et par là même, ils se révèlent aussi parmi les plus vulnérables, comme des reflets excessifs du genre humain. Bien sûr, dans l'absolu, pour identifier un écrivain « planté », tout dépend de quel côté on se place. Un peu comme en histoire. Il est permis de préférer Néron à Auguste, Robespierre à Mirabeau, Staline à Pompidou, Goebbels à Alain Peyrefitte, etc. On peut préférer la torture à l'interrogation orale, l'idéologie à la philosophie, la boue au sable chaud... Pourtant – et bien que les jugements suivants ne puissent satisfaire tout son monde –, il est des cas où des écrivains par ailleurs très doués et très lucides se sont complètement plantés en politique ! Les biographes et les universitaires s'escriment ensuite à rattraper le coche, à trouver des explications, des circonstances atténuantes, ou encore à rechercher des exemples plus accablants qui puissent dédouaner l'auteur de talent. Mais enfin, on ne saurait passer sous silence les cas où les écrivains – que nous admirons tous énormément – ont vraiment dit n'importe quoi.
Évidemment, le lecteur s'étonnera du fait que ce chapitre regroupe surtout des écrivains de gauche, puisque ceux de l'autre bord se sont plantés tout autant. Les plantés de droite existent bien, soit qu'ils communient dans le culte du chef, soit qu'ils figurent dans l'enfer de la mémoire littéraire : on en parlera plus loin.
Anatole France a été très justement appelé un « sceptique passionné » par sa biographe Marie-Claire Bancquart. Le prouve bien son œuvre capitale, Les dieux ont soif (1912). Dans ce roman, France montre que l'utopie et les bons sentiments un peu trop empressés peuvent conduire à la Terreur – ce qu'Alain-Gérard Slama appellera bien plus tard « l'angélisme exterminateur ». Les socialistes amis de Jaurès ne se sont d'ailleurs pas émerveillés de ce roman, qui soulevait la part la plus noire et funèbre de la glorieuse Révolution française : la Terreur de 1793-1794. Le scepticisme d'Anatole France, qui est le vrai fond de sa philosophie et de son attitude devant les événements, s'est néanmoins trouvé à plusieurs reprises nuancé par des penchants et des positions fort peu sceptiques. On l'a vu à propos de Dreyfus, que France a défendu, et du colonialisme, qu'il a dénoncé avant tout le monde : dans ces deux cas, le sceptique est sorti de ses gonds, il est descendu dans l'arène.
Le cas suivant présente une sorte d'incongruité chez ce grand sage. Comme la plupart des écrivains, Anatole est accablé par l'immensité du désastre de 1914-1918 – sorte de table rase appelant une reconstruction à neuf. L'Europe ayant changé de monde, Anatole France recherche une formule politique adaptée, humanitaire et compassionnelle. En 1919, on le considère comme un représentant essentiel du socialisme français. Il est l'ami de Cachin et de Frossard, qui ont fait le voyage de Moscou, et qui, reçus favorablement par les révolutionnaires russes, militent pour l'adhésion à la IIIe Internationale. Ignorant la guerre civile entre les Rouges et les Blancs, les méthodes expéditives de l'Armée rouge et des commissaires soviétiques, Anatole France, qui reçoit le prix Nobel en 1921, se dit en janvier de la même année « bolcheviste de cœur et d'âme ». Cette position aboutit à une complicité directe avec un régime dont il ignore la nature fort peu humanitaire. Anatole s'enfonce donc dans son rêve. Après avoir soutenu les marins français qui, en mer Noire, se sont mutinés pour ne pas avoir à combattre des soldats bolcheviques, il écrit dans L'Humanité du 14 août 1921 un article intitulé « Pour la révolution russe », suivi en 1922 d'un « Salut aux soviets ». Il faudra attendre 1923 pour que, sentant le piège dans lequel sa grande compassion l'a enfermé, l'écrivain se détache du miroir aux alouettes bolchevique. Il s'est rendu compte que la politesse de l'esprit n'était pas le signe distinctif de ses amis soviets. Il envoie un télégramme pour protester contre le sort fait aux socialistes révolutionnaires en Union soviétique et se voit dès lors interdit de collaboration dans la presse communiste.
Autour de l'URSS, on n'en finirait pas d'énumérer les éloges, les prophéties optimistes, les déclarations d'amour, de confiance, de fidélité, les serments et les embrassades. En 1917, le jeune Pierre Jean Jouve compose le poème « À la Révolution russe » : prestige de la nouveauté... François Furet a montré comment, dans les années 1930, l'antifascisme et la haine de la bourgeoisie ont servi d'instrument de séduction, de fidélité et d'infiltration dans les milieux culturels français. Pour être antifasciste, il faut être prosoviétique. Les anticommunistes, quant à eux, ne peuvent qu'être des complices des fascistes. En 1934, André Malraux, Louis Aragon et Jean-Richard Bloch assistent au premier Congrès des écrivains soviétiques et sont séduits. Il faut dire que le travail d'ensorcellement des écrivains et intellectuels est organisé depuis Moscou119. Le voyage de Romain Rolland s'avère triomphal, pour lui-même et pour ses hôtes, bien contents de conquérir le prestige d'un très bon prosateur. Du célèbre écrivain français, Staline fait un citoyen d'honneur de Moscou. Georges Duhamel est approché par une belle Russe en service politique : pour se défaire de l'espionne et tentatrice chargée de le rapprocher du mirage soviétique, il la confie à Romain Rolland. Jules Romains lui-même, en 1945, malgré les évidences historiques qui ont commencé à se faire jour, accordera du crédit à l'expérience soviétique dans Cette grande lueur à l'Est, le tome XIX de son cycle Les Hommes de bonne volonté.
Même illusion chez André Gide, hanté plusieurs années par le rêve d'une belle URSS, plus pimpante et charmante que l'austère bourgeoisie dont l'écrivain est issu et qu'il ne cesse de combattre en lui-même. En 1931, il écrit : « J'aimerais vivre assez pour voir le plan de la Russie réussir [...]. Jamais je ne me suis penché sur l'avenir avec une curiosité plus passionnée. Tout mon cœur applaudit à cette gigantesque et pourtant tout humaine entreprise120. » La même année, il se réjouit parce que son « rêve est en passe de devenir réalité ». C'est le temps où Les Caves du Vatican est publié en feuilleton dans L'Humanité, où l'État soviétique tresse des couronnes au grand écrivain ami et le fait entrer à l'Académie des sciences de Leningrad. De quoi distraire Gide des six millions de personnes qui meurent de famine entre 1932 et 1933. Malgré ses doutes et sa suspicion, prudemment exprimés dans son Journal, il fait lire un message de lui au premier Congrès des écrivains soviétiques, qui se déroule en août 1934. Puis, le 23 octobre suivant, devant 4 500 personnes, au cours de la séance de l'AEAR (Association des écrivains et artistes révolutionnaires) à Paris, il rompt complètement avec l'attitude dilettante qu'il avait souvent observée : « la littérature n'a pas à se mettre au service de la Révolution [...], l'art, en se préoccupant uniquement de vérité, sert nécessairement la Révolution121 ». Pour l'ancien protestant, que préoccupe encore la question religieuse, le communisme apparaît comme une mystique de rechange. Comme souvent, la haine de soi et l'antibourgeoisisme constituent les leviers d'adhésion au communisme. Au cours de son voyage en URSS, de juin à août 1936, Gide continue d'applaudir l'URSS. Il sort finalement de la nuée en publiant Retour de l'URSS, qui connaît neuf tirages en un an, avec 150 000 exemplaires vendus. Cette fois, Gide avertit ses contemporains sur la réalité de l'expérience soviétique. Il faut toutefois noter que l'écrivain n'évoque pas le goulag, et qu'il ne tient pas compte du Staline, aperçu historique du bolchevisme publié un an plus tôt en France par Boris Souvarine, bolchevique dissident.
À la mode des retours d'URSS, Céline déroge à sa façon. Conseillé par des amis, il se rend à ses frais au pays des soviets. Le 4 septembre 1936, à Leningrad, il écrit à un ami : « Merde ! Si c'est cela l'avenir, il faut bien jouir de notre crasseuse condition. Quelle horreur ! mes pauvres amis. » Et à un autre : « Toute police, bureaucratie et infect chaos. Tout bluff et tyrannie122. » De retour, il publie Mea culpa, pour y dénoncer l'URSS et, à travers elle, la tradition humaniste et matérialiste. Manque de chance, cette lucidité ne se répétera pas à propos de l'antisémitisme hitlérien.
À l'inverse, Louis Aragon est aveuglé par l'optimisme suscité par l'expérience soviétique vue de France. En 1935, au cours du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, il défend la pureté du socialisme de l'URSS et empêche André Breton de prendre la parole pour défendre Victor Serge, alors dans les geôles de Moscou. Aragon, lui, célèbre le système concentrationnaire soviétique, le goulag : « Je veux parler de la science prodigieuse de la rééducation de l'homme, qui fait du criminel un homme utile, de l'individu déformé par la société d'hier, par les forces des ténèbres, un homme du monde de demain, un homme selon l'Histoire. L'extraordinaire expérience du canal de la mer Blanche à la Baltique, où des milliers d'hommes et de femmes, les bas-fonds d'une société, ont compris, devant la tâche à accomplir, par l'effet de persuasion d'un petit nombre de tchékistes qui les dirigeaient, leur parlaient, les convainquaient que le temps est venu où un voleur, par exemple, doit se requalifier, dans une autre profession. [...] Nous sommes à un moment de l'histoire de l'humanité qui ressemble en quelque chose à la période du passage du singe à l'homme. Nous sommes au moment où une classe nouvelle, le prolétariat, vient d'entreprendre cette tâche historique d'une grandeur sans précédent : la résurrection de l'homme par l'homme123. »
Faites visiter un camp à un écrivain, il n'est pas certain qu'il saisisse ce qu'il voit. Qu'il s'agisse de Drieu visitant Dachau avant guerre, de Malraux et d'Aragon visitant des camps de prisonniers, ils n'en reviennent ni choqués ni critiques124. Si la cécité est possible sur place, on conçoit combien plus formidable elle s'affirme lorsque la distance géographique et culturelle sépare du réel.
On l'a souvent noté : au début des années 1930, les voyages de Louis Aragon avec Elsa Triolet à Moscou coïncident avec les plus sanguinaires répressions staliniennes. Mais qu'importe. Le charmant poète de « La rose et le réséda » justifie ailleurs la haine et la violence politiques : « Les yeux bleus de la Révolution brillent d'une cruauté nécessaire125. » Quelques années après la guerre civile et les massacres perpétrés en Russie devenue URSS, l'ancien « dada » écrit un fameux « Prélude au temps des cerises » :
Je chante le Guépéou nécessaire de France
Je chante les Guépéous de nulle part et partout [...]
Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde [...]
Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste [...]
Vive le Guépéou contre le pape et les poux [...]
Vive le Guépéou contre tous les ennemis du Prolétariat
VIVE LE GUÉPÉOU126.
Si la Gestapo n'a pas trouvé son poète français, la Guépéou127 a eu cet heur formidable.
Ironie : l'incantateur du poème « Liberté, j'écris ton nom », l'auteur de Capitale de la douleur, Paul Éluard, est aussi l'aède de Staline. Son adhésion au communisme nous apprend que sa « Liberté » n'est pas la liberté au sens libéral, celui des libertés publiques ; que cette « Liberté » partout écrite a la couleur du sang de la Terreur, qu'elle n'est que la liberté des patriotes et des républicains à la Saint-Just. Cette nuance est confirmée par l'ode Joseph Staline, composée en 1948 pour le soixante-dixième anniversaire du petit père des peuples, et reprise l'année suivante dans le film produit par le PCF, L'homme que nous aimons le plus :
Staline dans le cœur des hommes
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d'un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes [...]
Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d'amour128.
Il y a des manières plus fines et moins spectaculaires pour se compromettre et se ridiculiser. L'alignement de Paul Claudel sur la politique du Quai d'Orsay a fait sourire nombre de commentateurs. Léon Daudet, qui admirait et comprenait parfaitement la poétique claudélienne129, connaissait aussi la haine que Claudel vouait à la démocratie ; il a fustigé le suivisme et l'assujettissement du diplomate vis-à-vis du clan Berthelot, qui allait vouer la France à l'infériorité militaire et à une attitude véritablement irénique face à l'Allemagne. Claudel « appartient dans son bel uniforme chamarré à la série trop connue des Tartuffes du Danube et des Timons comblés d'honneur130 ». On peut en effet se demander ce que son antidémocratisme foncier et son royalisme avaient à voir avec la politique pacifiste et européiste de Briand, dont les pronostics naïfs précipitèrent la chute. Il est vrai que, comme l'explique Jacques Julliard131, la pensée politique de Claudel distingue la Cité de Dieu et la Cité réelle, distinction qui oppose ce que la Cité doit être et ce qu'elle est. Cette différence confine toutefois à une séparation commode, quelque peu schizophrénique, et à ce que Péguy appellerait le défaut d'incarnation. Qu'est-ce en effet que cette Cité idéale, si celui qui en connaît la vérité ne met pas toute son énergie à la faire être, à partir de la Cité réelle ? La distinction entre la politique rêvée et la politique concrète a soumis la vie de Claudel à sa condition professionnelle de diplomate, au point d'apparaître comme un tranquille conservateur et un notable installé, à l'opposé total des existences héroïques. Les idées les plus hautes de Claudel n'étaient sans doute pas faites pour son type d'humanité.
Ancien de l'Action française, Claude Roy se convertit in extremis au communisme à la fin de la guerre, prompt à faire oublier sa Suite royale, datée de 1942. Cessant sa collaboration à Je suis partout en 1941, il s'engage dans la Résistance, au sein des Étoiles, organisation que soutiennent Aragon, Éluard, Gide, Giraudoux et Elsa Triolet. Ces nouveaux amis le convainquent d'entrer au parti communiste en 1943. Au cours de la Libération, l'ancien camelot du roi se fera FFI. La guerre n'accélère et n'aggrave pas seulement l'engagement, elle provoque aussi des hypothèses erronées, des lectures myopes de la réalité, des interprétations qui, aujourd'hui, paraissent scandaleuses ou grossières. En 1941, Montherlant exalte dans Le Solstice de juin la victoire d'un paganisme sain sur le christianisme décadent ; le swastika devient le symbole de la roue qui tourne et accorde la chance au vainqueur. Et il loue dans Je suis partout « l'aristocratie virile132 » qui va sauver l'Europe. Alfred Fabre-Luce compare la victoire allemande sur la France à la conquête de la Grèce par Rome. Flatté par des Allemands cultivés, Jacques Chardonne croit, dans sa Chronique privée de l'an 1940, pouvoir prôner la réconciliation entre les deux peuples. Comme il l'écrit à Jean Paulhan, « la France était morte, Hitler est notre providence133 ». Charles Maurras défend Pétain jusqu'en 1944, comme si le pouvoir du Maréchal n'avait pas disparu presque entièrement en 1942, qu'il représentât encore un « bouclier », et qu'il pût s'entendre avec les Américains une fois les Allemands chassés par les Alliés.
Les tourments de la guerre et de l'épuration une fois passés, les écrivains eurent encore le loisir de défendre des positions soi-disant nouvelles et qui furent en réalité le produit fort peu désintéressé des procès intentés aux confrères. Les étrangetés de Jean-Paul Sartre ne cessent d'apparaître à mesure que l'histoire littéraire et intellectuelle avance, au point de rendre bizarre ou suspecte l'autorité qu'il a exercée pendant presque trente ans, comme une espèce de souverain régnant sur l'intelligence française. On sait que sa philosophie existentialiste, qui exalte la conscience comme le lieu où se joue la liberté humaine, mène à un jusqu'au-boutisme moralisateur au bénéfice de causes qui ne furent pas toutes nobles. Cette exigence si sourcilleuse et sentencieuse paraît d'autant plus suspecte que la vie de Sartre fut semée de contradictions et d'inquiétudes, aussi hénaurmes que ses bonnes intentions. Très peu résistant, il théorise l'engagement lorsque la guerre est terminée : en 1945-1946. En 1941, il a bien fondé un petit groupe d'intellectuels résistants avec Jean-Toussaint Desanti, presque aussitôt dissous, mais « jusqu'à la fin de la guerre, le futur philosophe de l'engagement reste plutôt insensible aux responsabilités politiques de l'écrivain134 ». De ses deux pièces jouées devant des parterres vert-de-gris, Les Mouches est celle qui présente le plus nettement une critique de l'esprit pétainiste – l'occupant, en tout état de cause, n'a pas trouvé la pièce suffisamment dangereuse pour la faire interdire. Contrairement à ceux de Maurras – sur qui pèsent d'autres griefs –, les livres de Sartre n'ont pas été inscrits sur la liste dite « Otto » (en référence à Otto Abetz), par laquelle la Propaganda Staffel interdit la publication et la diffusion de certains ouvrages. L'écrivain n'a pas empêché sa compagne, Simone de Beauvoir, de s'exprimer sur les ondes de Radio Vichy en 1943. Le même homme qui approfondit la notion de liberté humaine accepte le poste d'un professeur juif épuré par Vichy, au lycée Condorcet135. Il n'hésite pas à écrire dans Comœdia, journal notoirement proallemand. En dépit de ces attitudes, qui valurent à d'autres personnalités procès et peines, le pape de l'engagement d'après guerre accepte de faire partie du comité d'épuration constitué sous l'égide du Comité national des écrivains – auteurs fourvoyés ou discutables, parfois innocents, qui ont souvent pris des risques plus grands que Sartre pendant l'Occupation. Autrement engagé que lui, et ne donnant de leçon de morale à personne, André Malraux refusa d'entrer dans ce comité.
Cependant, en novembre 1945, Sartre prévient : l'écrivain « est responsable de tout : des guerres perdues ou gagnées, des révoltes et des répressions ; il est complice des oppresseurs s'il n'est pas allié naturel des opprimés136 ». Ou en 1946 : « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi137. » Qu'un écrivain ne s'engage pas – étant entendu que cet engagement doit ressembler à celui de Sartre –, il se trouve aussitôt traité de « salaud ». François Mauriac et plus tard Albert Camus feront les frais de cette inquisition morale. La furie de l'engagement conduit Sartre à une relecture de l'histoire, où cet angéologue exterminateur va rechercher d'autres salauds : ainsi, Flaubert et les Goncourt sont responsables de la répression sanglante de la Commune « parce qu'ils n'ont pas écrit une phrase pour l'empêcher138 ». À ce compte-là, et étant donné tous les drames qu'il n'a pas dénoncés, Sartre devrait apparaître autant de fois salaud aux tenants de sa philosophie... Devant toutes ces contradictions, on est tenté de rechercher une interprétation. Si Sartre théorise l'engagement et qu'il en fait un outil de terreur intellectuelle, ce n'est pas seulement pour dominer son temps, c'est aussi pour se construire à rebours une identité d'écrivain résistant. Son jusqu'au-boutisme moralisateur ou moraliste (dénonciation du colonialisme, du capitalisme et, dans un premier temps, du communisme) découle d'une conscience coupable et d'une tentative de rattrapage. Souillé, Sartre doit poursuivre toutes sortes d'adversaires et débusquer les coupables, dans un interminable processus d'auto-acquittement. Une telle alacrité eût paru suspecte aux moralistes du XVII e siècle. Si les Réflexions sur la question juive (1946) dénoncent l'antisémitisme, elles négligent entièrement l'histoire et la pensée juives, et ne contiennent que deux rapides allusions aux camps de concentration. C'est que Sartre écrit ce livre sans documentation139, et qu'à travers la figure de l'Antisémite, il cherche surtout à combattre l'espèce de Horla – la Bourgeoisie – dont il traque la présence dans l'espace et le temps parce que son cœur en est tout entier possédé. Armé de sa haine moralisatrice, Jean-Paul Sartre chasse la haine...
Maniaque de la conscience morale, qu'il livre souvent à d'acrobatiques mensonges, Sartre s'avère un piètre politique. Ses prises de position, ses revirements, ses justifications a posteriori n'en ont pas moins influencé des générations entières dans une époque en manque de gourou140. En 1947, tout en critiquant le communisme, il n'hésite pas à comparer le général de Gaulle au maréchal Pétain, et la propagande du RPF à la propagande nazie141. Il pérore avec David Rousset dans un improbable Rassemblement démocratique révolutionnaire qui échoue au bout d'un an. Il compte parmi les principaux compagnons de route du parti communiste entre 1952 et 1956, à la fin de la dictature stalinienne et sous celle de Khrouchtchev. Auteur de la fameuse formule « un anticommuniste est un chien », ou encore d'une assertion philosophiquement peu tenable (« le marxisme est l'horizon indépassable de notre temps »), il accepte de devenir le président de l'Association France-URSS, dans une totale indifférence aux centaines de milliers de victimes du régime soviétique. Un contradicteur s'avise-t-il d'évoquer les goulags qu'il se voit répondre : « L'existence des camps peut nous indigner, nous faire horreur, [...] mais pourquoi nous embarrasserait-elle142 ? » La grande conscience philosophique et littéraire de la France explique aussi que « les faits qui s'étaient déroulés dans les camps de travail soviétiques devaient rester secrets » parce que « le prolétariat français risquait de sombrer dans le désespoir s'il en avait connaissance »143. La Critique de la raison dialectique (1960) ne présente-t-elle pas la période de bureaucratie, de culte de la personnalité et de terreur comme le préalable à l'instauration du socialisme ? Après avoir soutenu la révolution cubaine en 1960, il soutient activement le mouvement maoïste à partir de 1971, entraînant avec lui des dizaines d'artistes et d'intellectuels144. Il sauve in extremis le journal révolutionnaire de cette mouvance, La Cause du peuple en prenant sa direction. C'est dans ses colonnes que Sartre assure que « Mao, contrairement à Staline, n'a commis aucune faute ». Et naturellement, lorsque meurt le Grand Timonier, en 1976, les amis de Sartre placardent le portrait du tyran sur les monuments de Paris en signe de deuil. Le grand philosophe ne s'est jamais rendu en Chine, ni à l'évidence...
Sartre n'en a pourtant pas terminé avec ses plantages. Décidément humanistes, Sartre et Beauvoir signent dans Le Monde, en 1977, une pétition réclamant la libération de trois pédophiles et affirmant que les mineurs de quinze ans ont une capacité de discernement affective et sexuelle145. Peu après, cherchant infatigablement à se dévouer aux causes les plus nobles tout en devenant une conscience universelle selon le langage des médias, Jean-Paul Sartre se déplace à l'Élysée en 1979 pour demander des aides supplémentaires pour les boat people vietnamiens. L'ex-inquisiteur de l'existentialisme n'a-t-il pourtant pas contribué à distiller un préjugé favorable aux révolutions et aux révoltes, comme si elles étaient toujours bonnes et justifiées ? Au Président Mao, Sartre n'avait-il pas emprunté le slogan si malléable : « On a raison de se révolter » ? En 1973, il affirme encore : « Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d'un certain nombre d'individus qui le menacent et je ne vois pas là d'autre moyen que la mort. On peut toujours sortir d'une prison ; les révolutionnaires de 1793 n'ont probablement pas assez tué146. » Pour le malheur de sa postérité, un certain nombre de tortionnaires cambodgiens et vietnamiens ont été des lecteurs de Sartre et de ceux qui, pendant des années, justifièrent la violence contre la bourgeoisie, la paysannerie, les propriétaires et toutes sortes de supposés traîtres. Parmi ses derniers combats, Jean-Paul Sartre s'est illustré par sa défense de l'ayatollah Khomeiny, alors en exil à Neauphle-le-Château (1978) : salué par lui et par Michel Foucault comme un extraordinaire opposant au shah d'Iran, le théologien se montrera dès l'année suivante un chef d'État criminel et un impitoyable bourreau, faisant le lit du terrorisme moderne, et renvoyant les femmes à une condition que le Moyen Âge n'avait même pas inventée.
En définitive, l'écrivain et philosophe de la liberté a placé son génie devant les autels de Brejnev, de Castro, du Coréen Kim Il Sung et de Hô Chi Minh dans une improbable religion de bourdes et de sottises.
Dans leurs articles et dans certains ouvrages, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ont en outre inventé une figure de l'homme de droite très mythique, qui les montre se défoulant sur les grandes orgues de la haine. Le Saint Genet comédien et martyr de Sartre rejoint l'inventivité vomitive de Rebatet et Céline, avec une différence de cible qui a rendu admissible ou sympathique ce nouveau traité de la haine et de l'ordure : ce n'est pas aux « Juifs » qu'il s'en prend, mais au « bourgeois », dans une interminable chasse maudite de sept cents pages. Cette construction mythologique trahit Sartre plus qu'elle ne révèle Genet, à la fois gêné et intimidé par cette curieuse somme. L'auteur de La Nausée avait découvert bien avant Genet la religion de l'ordure, mais il trouva chez son cadet un véritable maître. Depuis les analyses d'Ivan Jablonka147, le château sartrien est tombé en poussière et dans le ridicule : loin de vivre dans une conflictualité éternelle vis-à-vis des institutions, dont il aurait été la victime, comme voulurent le croire Sartre, Foucault et Derrida, l'enfant de l'Assistance publique fut en fin de compte fort bien traité par ses éducateurs. Sa rébellion, poussée à la sainteté-selon-Sartre, prit la forme du SS français qui fut son amant. Avant de le pousser à célébrer l'OLP et la bande à Baader, la vocation mystique de Genet consista à vanter la radicalité du nazisme et de la Milice, la force mâle de blonds donnant la fessée aux pauvres crétins français, ou encore la « poésie » du massacre d'Oradour-sur-Glane. Même faux et de mauvaise foi, le portrait de Genet par Sartre constitue une sorte de monument érigé aux suicidés de la société, aux marginaux éruptifs, à l'ordure transformée en or secret, tout cela pour aboutir à ce mémorable résultat historique : en luttant frénétiquement contre les préjugés bourgeois, Jean-Paul Sartre a instauré le préjugé antibourgeois – aussi bête que les premiers.
En cherchant à absolutiser la figure de l'adversaire, dans un élan qui trahit l'idolâtrie dont leur fougue a besoin, Sartre et son « Castor » ont contribué à durcir la binarité politique de Français à peine remis de la Révolution et à forger des préjugés aussi ridicules que ceux sur lesquels ils se sont acharnés chez leurs victimes. Ni Maurras ni Barrès – aux sources intellectuelles de la droite traditionaliste – n'ont caricaturé et accablé l'homme de gauche comme Sartre et Beauvoir s'y employèrent concernant l'homme de droite148. Le fameux couple avait sans doute touché à une essence de l'anthropologie politique en même temps qu'ils avaient découvert le permis de tuer.
Albert Camus lui-même, icône de l'intellectuel pur et noble, trempé dans l'idéal républicain des hussards noirs, n'est pas exempt de reproches. Certes, il n'est jamais tombé dans l'authentique haine de Sartre, dont il eut à souffrir après avoir cru en lui. Mais était-il le mieux placé pour soutenir l'épuration des écrivains, quand bien même ils eussent été coupables ? Camus a en effet accepté de faire paraître L'Étranger chez Gallimard en 1942 (en zone occupée), d'y devenir lecteur, de faire jouer Le Malentendu en juin 1944. Ce profond humaniste, qui rédige pendant l'Occupation ses Lettres à un ami allemand et appartient au réseau Combat, oublie son hostilité à la peine de mort lorsqu'il s'agit d'épurer certains de ses confrères. Nimier critiquera cette participation149, dont Camus se détache toutefois assez tôt, en démissionnant du Comité national des écrivains.
De fait, l'histoire politique apporte régulièrement son lot de pièges et d'illusions. De nouvelles occasions sont à saisir, que les écrivains manquent rarement. Le mouvement Gauche prolétarienne, lancé en septembre 1968, animé par Benny Lévy et Alain Geismar, compte aussi des romanciers parmi ses créateurs : Frédéric Fajardie et Daniel Rondeau. Celui-ci, dans le roman L'Enthousiasme, évoque l'illusion et la grandeur qui ont façonné sa jeunesse en décrivant comment un étudiant révolutionnaire d'origine bourgeoise choisit la révolte et l'expérience ouvrière en usine. Plus tard, il saluera encore ces « enfants révoltés de la croissance et de la démocratie françaises, obsédés de sincérité, tirant des plans sur les comètes de Mao et de Mandrin, s'imaginant une représentation (sic) impitoyable des vieilles lunes républicaines, liberté, égalité, fraternité [qui], posèrent leur tête sur le billot des ateliers, disparaissant pour renaître150 ». Bien qu'il préfère désormais Péguy à Mao (cette étrange équivalence lui appartient), qu'il cherche à fonder sa contestation sur le catholicisme et qu'il ait produit pour la télévision un émouvant portrait de Malraux et de Gaulle, Rondeau éprouve la nostalgie de ses espérances déçues. Le fait est que le fantasme maoïste des écrivains a totalement oblitéré et corrompu leur sens critique vis-à-vis d'une bourgeoisie à la fois réelle et mythique, déjà vomie par un siècle entier d'écrivains. Jeunes bourgeois révolutionnaires à la manière de Rondeau, dandys poseurs et papillonnants à la Sollers, ils inventèrent en toute sécurité, dans une France qu'ils détestaient et qui les nourrissait, une Chine utopique qui ne peut que surprendre et indigner les survivants de la terreur maoïste. Dans la France du général de Gaulle, prétendue fasciste et paternaliste, il n'y avait aucun danger à divaguer outrageusement ou à parader dans les cafés parisiens. Héritier d'un siècle de sottises, Sollers défendit le livre de Maria Antonietta Macciocchi : « De la Chine représente aujourd'hui non seulement un admirable témoignage sur la Chine révolutionnaire, mais encore une source d'analyses théoriques qu'il serait illusoire de croire refoulées151. » Cet ouvrage, ajoutait-il, « a devant lui toute l'histoire ». Quant à son épouse, Julia Kristeva, dans son opuscule intitulé Des Chinoises, elle prétendit que Mao avait libéré les femmes et résolu « la question éternelle des sexes ». Elle n'avait du reste « constaté aucune violence en Chine »152. Vibrant unisson, Sollers et Kristeva allèrent jusqu'à défendre dans Le Monde Jiang Qing, veuve de Mao et membre de la sinistre « Bande des quatre » qui orchestra la Révolution culturelle, avec ses épurations et ses milliers de crimes.
La haine de soi, qui se manifeste si couramment dans l'adoration béate de l'Autre, ne constitue-t-elle pas un tropisme français depuis un siècle ? Léon Bloy et Bernanos avaient été infiniment plus subtils, en demeurant à l'abri de toute compromission : le « bourgeois » relève selon eux moins d'une catégorie sociale que d'une morale et métaphysique, qui peut très bien toucher la classe ouvrière ou épargner tel individu socialement bourgeois. Il faut en convenir : le passage du « bourgeois » de la critique catholique à la critique marxiste et gauchiste décrit une énorme avancée dans la bêtise et le crime. Dans le cas de nos maoïstes, la mode sinolâtre a servi de hochet transgressif et de promotion narcissique au royaume idéal de la pureté. En 1974, on voit Roland Barthes traverser la Chine maoïste (en compagnie de Philippe Sollers et Julia Kristeva) sans soupçonner ce que les autorités lui cachent153. Le fameux sémiologue, qui qualifiera bientôt la langue de « fasciste », ne songe pas un instant au piège dans lequel ses grands aînés sont tombés, quelques décennies plus tôt, en URSS, lorsqu'ils étaient invités à participer à un théâtre d'ombres comparable. Pas plus que ses compagnons de voyage, il ne tient compte des révélations que Simon Leys a offertes à l'Occident à propos des massacres perpétrés par les Gardes rouges, dans son livre Les Habits neufs du président Mao, publié en 1971. Ce spécialiste de la Chine n'aura été qu'un Souvarine de service, un inutile empêcheur de rêver, laissé sur les bas-côtés de la grand-route de l'avenir radieux. Tandis que la Révolution culturelle bat le plein de sa folie (autocritiques précédant des exécutions sommaires, destruction de milliers de temples, disparition douteuse d'écrivains comme Lao She, massacre d'environ 92 000 Tibétains, etc.), le bon Barthes connaît le luxe de s'ennuyer à Pékin. C'est que les voyages en URSS, à Cuba et en Chine ont un dénominateur commun154 qui rend certains écrivains très vulnérables : l'illumination révolutionnaire, le dégoût de soi-même, le reniement de la cité de naissance.
De ces divers exemples, on pourra tirer plusieurs enseignements. Le lecteur sévère jugera que les écrivains sont décidément fous et infréquentables et mettra sa progéniture en garde contre une telle carrière. Des esprits avertis souligneront qu'il faut se méfier de l'illusion rétrospective, car les contemporains en savent toujours beaucoup moins que les historiens. D'autres encore répondront que le contexte n'excuse rien et que décidément, les leçons de l'histoire ne servent à rien chez des écrivains décidés à ne retenir que ce qui fortifie leurs rêves. Des aînés feront remarquer que la justice s'est avérée très inégale selon les plantés : il aura été moins dangereux et déshonorant de soutenir Staline et Mao qu'Hitler ou Pétain, quoique la trahison vis-à-vis de la France et que l'atteinte à l'honneur ne fussent pas moins évidents. Quant à moi, si je n'ai pas encore lassé tout le monde, je noterai à quel point l'écrivain, planté ou non, reflète notre liberté et, comme le disait le bon Bossuet dans un sermon trop peu lu, la faiblesse du jugement humain. Ce que nous voyons parfois en très gros chez les écrivains – et plus généralement chez les artistes – ne diffère pas beaucoup de ce que l'on observe souvent chez les autres : ignorance relative, hypothèses fragiles sur le présent, manque de prudence, goût du jugement définitif, sectarisme, autosatisfaction. L'écrivain : un humain trop humain ?
119Marc Lazar, Le Communisme, une passion française, Perrin, 2005.
120André Gide, Journal. 1926-1950, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 272.
121André Gide, Littérature engagée, textes réunis et présentés par Yvonne Davet, Gallimard, 1950, p. 58.
122Louis-Ferdinand Céline, lettres citées par Nicholas Hewitt, « Mea culpa et les retours d'URSS », Colloque international de Paris, Louis-Ferdinand Céline, Éditions du Lérot, 1992, p. 161.
123Louis Aragon, Pour un réalisme socialiste, Denoël et Steele, 1935.
124Maurizio Serra, Les Frères séparés, op. cit., p. 140 et 150.
125Cité in collectif, Le Livre noir du communisme, Pocket, 1997, p. 1059.
126Cité in Jean Malaquais, Le Nommé Louis Aragon ou le Patriote professionnel, supplément à Masses, février 1947, et Le Livre noir du Communisme, op. cit., p. 432.
127GPU : administration chargée de la sécurité de l'État soviétique, et en vérité police politique.
128Paul Éluard, « Joseph Staline », L'Humanité, 8 décembre 1948.
129Voir Léon Daudet, Souvenirs et polémiques, op. cit., p. 280.
130Léon Daudet, L'Action française, 3 avril 1935 ; cité par Renaud Meltz, Alexis Léger dit Saint-John Perse, op. cit., p. 131.
131Jacques Julliard, L'Argent, Dieu et le Diable, op. cit., p. 145.
132Henry de Montherlant, Je suis partout, 29 novembre 1941, cité par Julian Jackson, La France sous l'Occupation, op. cit., p. 252-253.
133Jacques Chardonne cité ibid., p. 252.
134Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Seuil, coll. « Points », 1999, p. 493.
135Ingrid Galster, « Que faisait Jean-Paul Sartre sous l'Occupation ? », L'Histoire, n° 248, novembre 2000, p. 19.
136Jean-Paul Sartre, « La nationalisation de la littérature », Les Lettres françaises, novembre 1945.
137Jean-Paul Sartre, éditorial du premier numéro des Temps modernes, 15 octobre 1945.
138Jean-Paul Sartre, Situations II, Gallimard, 1948, p. 13.
139Il en fait l'aveu à Benny Lévy. Voir Michel-Antoine Burnier, L'Adieu à Sartre, Plon, 2000, p. 124.
140Lire L'Adieu à Sartre, ibid., suivi de l'ingénieux Testament de Sartre, où Michel-Antoine Burnier fait parler son ancienne idole dans une confession pleine de sel.
141Annie Cohen-Solal, Sartre. 1905-1980, op. cit., p. 501.
142Jean-Paul Sartre cité par Christian Millau, Au galop des hussards, Le Livre de poche, 2000, p. 48.
143Jean-Paul Sartre cité par Marek Sliwinski, Le Génocide khmer rouge. Une analyse démographique, L'Harmattan, 2000, p. 163.
144Christophe Bourseiller, Les Maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français, Points, 2008, p. 181.
145Voir Le Monde, 26 janvier 1977.
146Entretien avec Michel-Antoine Burnier, Actuel, n° 8, février 1973. Voir aussi Annie Cohen-Solal, Sartre. 1905-1980, op. cit., p. 844.
147Ivan Jablonka, Les Vérités inavouables de Jean Genet, Seuil, 2004.
148Voir Simone de Beauvoir, « La pensée de droite aujourd'hui », Les Temps modernes, n° 112-113, 1955, et les remarques de Christian Millau, Au galop des hussards, op. cit., p. 362.
149Voir Marc Dambre, Roger Nimier, hussard du demi-siècle, Flammarion, 1989, p. 241.
150Daniel Rondeau, « Quand les intellos allaient à l'usine », Le Nouvel Observateur, 27 janvier 1994.
151Philippe Sollers cité par Guy Sorman, « Mao ou l'étrange fascination française pour le sado-marxisme », Le Figaro, 8 septembre 2006.
152Julia Kristeva citée par Guy Sorman, ibid.
153Roland Barthes, Carnets du voyage en Chine, Christian Bourgois-IMEC, 2009.
154Voir François Hourmant, Au pays de l'avenir radieux. Voyages des intellectuels français en URSS, à Cuba et en Chine populaire, Aubier, 2000, p. 244-245.