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Tout va trop bien dans ma vie, mais je n'ai plus le dernier amour de ma vie, c'est-à-dire Jason, mon jeune de 19 ans qui pourrit encore à Stockport dans un emploi minable à la quincaillerie du coin. Qu'est-ce qui le retient là ? Il est en amour, le con. Et je l'ai vu son amour, Anthony, dans les manèges du Mardi Gras de Manchester. Comprenant son état, je crois l'avoir aidé en me présentant à Anthony et en lui disant que Jason voulait le revoir, qu'il devrait donc l'appeler. J'espère ne pas avoir ruiné ses chances, mais de toute manière, c'est moi que je veux qu'il regarde. Mais j'avoue que nous sommes loin. Et qu'un retour à Manchester me coûterait au moins £ 100, car je devrais me payer une chambre à £ 18 la nuit à l'UMIST, l'Université de Manchester Institute of Sciences and Technology, ou quelque chose du genre. C'est une bonne chose que j'aie couché avec le vieux laid là-bas, je sais maintenant où j'habiterai lorsque j'y retournerai. Jason dit qu'il viendra à Londres après le 15 septembre, car alors il sera payé. Il veut emporter sa petite amie, grosse, jeune et fatigante. D'accord, je la supporterai, en autant que je puisse me retrouver dans ses bras.

Ce fut très difficile au début dans le bar New York New York. Il disait que ses parents revenaient ce soir des États-Unis et qu'il ignorait quand. Puis après que l'on se soit embrassé, il m'a avoué que ce n'était pas vrai et que je pouvais aller dormir chez lui. Mais en cours de route il se met à paniquer, à m'affirmer qu'il n'a couché qu'avec deux personnes et qu'il ne veut pas faire l'amour avec moi (ce qu'il ne m'avoue pas, c'est qu'il est en amour avec Anthony).

Mais on arrive au Two Thumbs à Stockport, un pub hétéro dont le responsable est gai, et les employés là-bas commencent à faire des blagues comme quoi il couche avec un nouveau chaque semaine. Mais je ne crois pas que ce soit vrai. Puis on est allé dans un pub gai où tout le monde qu'il connaît va chaque jour. Deux jeunes hommes seulement à travers une bande de vieux laids dont plusieurs se sont liés d'amitié avec Jason. Puis là il se met à me manger sur place, en face de la table de billard, où tout le monde nous regarde comme ce n'est pas possible. Et il veut que je lui fasse une grosse sucette dans le cou, pour qu'il puisse se promener fièrement ensuite dans les rues du quartier. J'avoue que c'était bien difficile pour moi de comprendre la situation. Mais il disait fièrement à tout le monde que nous allions coucher ensemble, pour se revaloriser aux yeux de tous, mais d'un autre côté il m'affirmait que nous n'allions pas faire l'amour.

Le lendemain, son ami Dennis au Two Thumbs était plein de sucettes dans le cou, alors voilà pourquoi mon jeunet en voulait une grosse que j'espère d'ailleurs qu'il ne regrettera pas (elle est assez impressionnante). Puis il m'a avoué avoir couché avec les deux jeunes du pub gai, alors c'était une façon de les rendre jaloux de m'embrasser ainsi devant tout le monde. Ainsi, même les jeunes de 19 ans se servent de moi pour leurs propres intérêts. But who cares quand ils sont des dieux de jeunesse et de pureté.

Le tenir dans mes bras était toute une expérience, je me rends compte qu'avec les autres, il n'y a plus aucun intérêt. Je tomberais amoureux facilement de lui ! Mais le lit fut une autre histoire. Bien que nous sommes demeurés nus toute la nuit dans les bras l'un de l'autre et que nous ayons fait l'amour pendant deux heures sans éjaculer, ce qui a ruiné le tout c'est lorsqu'il m'a lancé en pleine face, exactement comme l'autre jeune dont je ne me souviens même plus qui : nous n'allons pas le faire, n'est-ce pas ? Alors, dormons.

Pour qui ils se prennent ces jeunes fluets, qui te lancent en pleine face qu'ils sont trop purs pour coucher avec toi, et qui un coup dans le lit, te font chier parce que tu ne veux pas les fourrer ! En plus, il était prêt à le faire sans condom ! J'en avais, mais finalement il m'a proposé d'attendre le matin. Et le matin, lorsque l'on a commencé à faire l'amour, je me suis levé pour aller me brosser les dents et lorsque je suis revenu, il s'était rhabillé. Je ne ferai plus jamais cette erreur d'aller me brosser les dents en plein milieu du sexe, d'autant plus qu'il m'excite tellement que de le fourrer, j'en aurais certes pris plaisir. Je regrette de ne pas l'avoir fait la nuit même lorsqu'il insistait tant qu'il m'écrabouillait le pénis tant qu'il pouvait.

Ah oui, c'est le stupide Australien qui m'a également fait chier en me lançant après que tout soit fini : eh bien, je suis encore vierge ! Ça les fâche que je ne veuille pas les fourrer et après ils sont prêts à ne plus le refaire avec moi, parce qu'ils savent qu'ils peuvent aller chercher ailleurs cet essentiel élément du sexe.

Néanmoins, Jason et moi avons passé de très bonnes heures ensemble avant que je ne retourne à Londres, à s'embrasser partout lors du Mardi Gras à Manchester. Et qui sait, on se reverra peut-être, et cette fois je lui mettrai ma bite dans le cul. Au moins avec les vieux, ils sont si contents que tu couches avec eux, qu'ils ne songent pas une minute à te reprocher quoi que ce soit. Ils adorent ça, eux, au moins.

Tout ça me fait paniquer, je devrais me rentrer dans le cerveau la prochaine fois que je dois le faire absolument, sinon c'est terminé. Comme Neil d'ailleurs qui s'est assis avec moi après la première fois pour me dire que, sans doute parce que j'étais trop jeune (et je suis un an plus vieux que lui), que je ne savais pas ce que je voulais et que j'étais « boring » dans le lit. Demandez donc à mon ex-Sébastien et à Stephen ce qu'ils pensent de ça.

Tombez donc en amour avec moi et vous verrez que le sexe sera bien mieux. Et revenez donc plus d'une fois, et déjà je me sentirai beaucoup plus à l'aise pour vous faire monter au plafond. Bande de taupes. Je ne voudrais tout de même pas passer pour cette femme frigide qui a peur de se faire pénétrer. D'autant plus que je les suce, je les mange, les avale, leur fait le 69, puis quoi encore ? Suis-je donc si à chier juste parce qu'il n'y a pas pénétration ? Alors, il faut vraiment que je me guérisse de mon problème psychologique en rapport à ça. Mais j'aimerais attendre d'avoir un vrai copain pour ça. Le problème c'est qu'il est impossible de se faire un copain si justement ils craignent que cela pourrait ne jamais se produire dans le futur. Je ne serais pas surpris que ça ait fait fuir le petit Michael également, d'autant plus qu'il préfère son gorille à moi. J'espère qu'il te défoncera les tripes, ton vieux singe ! Non, je ne le pense pas, mais presque.

Demain Stephen m'emmène visiter tous ses amis, pour la première fois. C'est l'anniversaire de deux d'entre eux et ils vont sortir quelque part. Comme c'est drôle qu'ils célèbrent cela un mercredi, alors que tout le monde travaille le lendemain. Peu importe, je vais faire la connaissance d’un des DJs les plus connus de Londres, qui a 39 ans, qui est sorti pendant douze ans avec la même fille et qui vient de se déclarer gai. Peu de temps après il avait un nouveau copain de 20 ans, une beauté qu'il a rencontré au Trade, mais que maintenant il regrette, car l'autre n'est là que pour voler son argent pour la cocaïne. Je n'aime guère que Stephen m'en parle, car ça me rappelle vaguement quelque chose. Mais je serais incapable de coucher avec Stephen juste pour ce qu'il m'apporte.

Le sexe était très bien ce soir, mieux qu'avec le jeune Jason, malgré sa jeune beauté. Mais seulement parce que je suis mal à l’aise lorsque c'est la première fois. Et puis si j'avais voulu, Patrick, le propriétaire du The Box, ou même celui qui fait rouler Popstarz et même Popstatic à Manchester, auraient été bien mieux. Patrick est bien plus beau et il est vraiment riche. En plus, il n'aurait jamais été question d'une relation dans la fidélité. Alors, je n'aurais pas eu à tout cacher, comme avec Stephen. Mais celui-là est sorti seul samedi soir au G.A.Y., puis seul à Popstarz vendredi soir. Ne venez pas me faire croire qu'il n'a pas ramassé quelqu'un. Du moins au G.A.Y., l'endroit où c'est le plus facile de rencontrer quelqu'un en ville.

J'ignore d'où me vient mon sentiment de jalousie envers Stephen, regardez ce que moi je fais dans son dos. Je ne peux surtout pas lui poser de question, car alors c'en est fait, il me posera lui-même des questions, à savoir, suis-je fidèle ? Heureusement qu'il n'a pas osé me demander si j'avais couché avec quelqu'un à Manchester, je lui aurais avoué le jeune Jason. Car autant qu'il le sache, nous ne sortons pas ensemble, même si toutes les apparences en surface vont dans le sens contraire. J'espère que ses amis ne seront pas sur la coke demain, car moi j'en ai ma claque de ces drogués qui vivent à un autre niveau que soit.

Il fallait nous voir courir les vendeurs de drogues de Manchester. Je suis arrivé en plein milieu d'une transaction entre mes deux amis et un noir qui craignait la police. Heureusement, j'ai tout de suite compris de quoi il s'agissait et j'ai vite prétexté devoir aller aux toilettes dans un pub à côté.

Enfin bref, à nouveau ma vie est remplie. Et puis j'ai un nouvel ami, David, un gars pas mal fucké avec qui j'ai passé une partie de la journée du dimanche et la soirée au Popstatic. C'est le gars le plus bizarre de tout Popstarz, et il fallait bien juste que l'on se retrouve à Manchester pour que l'on se parle. Il n'y a pas à dire, cette nuit à Popstatic a provoqué des liens privilégiés entre moi et tous ceux qui venaient de Londres. Ça a renforcit ceux avec Leigh également.

Un paquet de coïncidences m'a emporté à Manchester, un vrai aveugle qui suit sa destinée sans s'en rendre compte. J’ignorais même avant d’arriver que Mardi Gras fût une célébration fierté gaie, c’est tout dire. Mais ça a changé beaucoup de choses dans les mondes subtils. En commençant par Stephen qui m'offre sa plus belle paire de pantalons, il s'est énormément ennuyé. Et maintenant, triste à dire, il est prêt à dépenser encore plus pour moi sans regarder à la dépense. Ce pauvre diable, ce n'est pas pour rien qu'il est sorti partout sans moi, plus spécifiquement au Popstarz. C'est qu'il me cherchait sans doute, ou qu'il voulait éviter de trop s'ennuyer pendant qu'il savait que je me faisais du fun à Manchester. Il n'est pas dupe, il sait que je couche avec d'autres, et s'il évite de demander, c'est pour éviter de lui-même souffrir, ou éviter d'être obligé de me dire qu'il couche avec d'autres lui aussi. Cette disparition soudaine dans le nord lui a fait réaliser mon départ prochain pour le Canada. Cette idée le rend malade. Que voulez-vous que j'y fasse. J'ai quitté de bien meilleurs amis que lui. Je ne dirais pas de bien meilleurs amis, mais plutôt de bien plus appétissants.

Car Stephen est certainement le seul vrai ami que j'ai rencontré, celui qui a tout fait pour m'aider et qui ferait n'importe quoi pour moi. Toujours sous condition que l'on fasse l'amour je suppose, mais je crois que même si je lui disais que le sexe c'est terminé, il serait encore là. Mon amitié, dit-il, est encore plus importante pour lui. Car il souffrirait bien davantage à ne plus me revoir qu'à ne plus avoir de sexe. C'est complexe la vie à Londres, et je suis en plein milieu de tout cet univers.

Demain je vais rencontrer le centre de Londres en dehors du monde indie, dont plusieurs personnes de chez London Records. Ah, si seulement j'avais cette cassette de Sébastien. Il manque toutes ses chances le con. Pourquoi le lui ai-je donné cette stupide cassette à Toronto ? Je suppose que ce qui est, est ce qui doit être. Ainsi, je ne devrais pas m'inquiéter. Il semble bien motiver à y travailler dans le moment, il m'en parle sans cesse. Peut-être cela débouchera-t-il à Toronto ? Peut-être reviendra-t-il à Londres, ou reviendrons-nous à Londres avec une meilleure cassette et alors c'est là que tout va déboucher ? Parce que définitivement, notre vie ensemble serait bien différente s'il revenait à Londres comme il me disait qu'il voulait. Car moi je n'arrêterais pas de vivre pour lui et j'ai maintenant de très bons amis bien placés. Malheureusement, je ne compose pas de musique. Quelques paroles tout au plus. Londres n'a rien à m'apporter de ce côté, mais tout à apporter à Sébastien. Travaillerais-je donc pour lui, ici, seul à Londres ?

 

 

carole cadotte <138194788@archambault.ca>