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Je suis au Punto BCN (Barcelone) sur Muntaner. Il y a plusieurs couples qui s'embrassent, pas un ne m'a encore regardé. J'attends plus tard pour me rendre à l'Alternativ sur Villarroel, puis Frivolité et Médusa sur Casanova. Je ne ferai rien d'autre et je repars demain vers 14h. J'ai payé ma compagnie £ 128 pour garder la chambre jusqu'à vendredi matin, je pense qu'ils se sont rendu compte que j'ai pris une journée de plus à Paris lors de ma conférence. Un message s'est promené cette semaine de la grande directrice à propos des journées supplémentaires. J'ai appris une leçon, ne jamais tenter de voler sa compagnie, ils savent tout, ils voient tout, le seul risque est de perdre son emploi. Cela n'en vaut pas la peine. Pourtant au lieu de venir me voir et me demander de payer, ils ont lancé un message général. Ils ne s'en sont peut-être pas rendu compte, mais je ne prendrais pas de chance la prochaine fois.

Hier j'ai eu ma soirée Scottish, avec ma coordinatrice et son chum qui sont tous deux de Glasgow. Ils étaient le couple parfait, tous les deux en amour, tous les deux beaux. Moi les Écossais, je les trouve irrésistibles. Ils sont tous très beaux. Un autre Écossais s'est assis à notre table lors du Dîner Gala à l'Opéra de Barcelone, et Dieu qu'il était beau. Mais il a insisté pour être pris en photo avec cette fille à robe rouge que James avait déjà repérée auparavant. Tous deux se sont fait prendre en photo avec elle et en plus elle s'intéressait à James.

Quand je repenserai à Barcelone, je reverrai en ma mémoire le beau James et les endroits que nous avons visités ensemble (surtout le stupide plus grand stade de football d'Europe juste en arrière de l'Inter-Continental). James avait sa chambre juste en face de la mienne au 14e étage et j'ai dormi dans sa chambre la première nuit. Je l'ai vu à moitié nu, mais je ne pouvais pas le toucher, et le lendemain il est venu dans ma chambre en robe de chambre. Il savait quel effet il causait et il aimait ça. Mais il est hétéro, et maintenant je n'en ai aucun doute. Toute cette romance juste bonne à jeter à la poubelle, c'est triste comme jamais.

Et puis il n'a aucune manière ou d'amour propre. Il s'écrasait à l'arrière de la salle de conférence et ignorait qu’il s’aliénait tous les délégués. Pendant mon discours d'ouverture, il sautait à l'arrière et je me demandais si certains des 160 délégués l'apercevaient. Et puis quand l'ordinateur s'est mis à flancher et que les bannières décollaient (le décor tombait en pièce pendant que les conférenciers parlaient), lui il riait, il répétait sans cesse comme un cinglé que bientôt l'écran principal s'écraserait sur le sol et que les caisses de sons assommeraient les délégués. Et il riait pratiquement haut et fort à propos de tous les problèmes de la conférence, « dans » la salle de conférence. Ah, j'ai manqué le renvoyer à Londres par le prochain avion et lui dire que son incompétence était flagrante et qu'il était incapable de quoi que ce soit. Je lui ai demandé de recoller les bannières alors que je devais courir dans ma chambre au 14e chercher mon ordinateur, car aucun des trois ordinateurs de la compagnie ne fonctionnait (!) et lorsque je suis revenu 10 minutes plus tard, il en était encore à tenter de figurer quoi faire. Et ce gars-là produit des conférences ? Et je suis en amour avec lui ? God !!!

Le seul moment mémorable de sa présence à Barcelone est lorsque je suis remonté dans ma chambre juste avant son départ, que j'ai vu ses vêtements qu'il avait laissés là parce qu'il n'avait plus sa chambre, et que je me suis masturbé à sentir une de ses chemises sales. Quelle honte ! Bref, mon moment le plus mémorable avec lui, a été celui où il n'y était pas. Je pense que quelque chose de grave s'est produit, suffisamment pour que mon amour pour lui se termine. Comment peut-il raconter au déjeuner que je regardais cet Écossais qui parlait français et vivait en Irlande avec des yeux attendris, devant une collègue qui ne me connaît même pas ? J'aurais voulu le tuer ! Enfin... il est vrai que cet Écossais à la chemise rose m'a fait perdre la tête.

Merde, m'asseoir dans un pub avec mon ordinateur de poche et écrire toute la soirée sans attirer l'attention de personne, ce n’est pas la première fois que je le fais. La dernière fois c'était à Prague, car à Paris j'avais Fabrice et ses amis, je ne me suis jamais retrouvé seul, sans compter que John, mon collègue gai australien, sortait avec moi dans la ville. C'est toujours très triste et désespéré, je ne fais aucun effort pour rencontrer du monde, mais personne n'en fait non plus.

J'imagine que John ne s'emmerderait pas d'un ordinateur, il boirait en regardant tout le monde jusqu'au moment où finalement il pourrait passer à l'attaque. Sans doute il aurait choisi un bar avec une backroom et aurait fait cela sur place comme la dernière fois que nous étions à Paris ensemble. Et puis j'ai trouvé une liste de saunas bien que je n'ai pas l'intention de m'y rendre. John y serait en ce moment, encore qu'il pourrait aussi déjà être à Sitges, la plage gaie.

Je ne suis plus aussi extravagant qu'avant, aurais-je perdu l'intérêt ou confiance ? Ma motivation cette fois c'était que je me retrouverais à Barcelone avec James, et qu'il voulait partager une chambre avec moi. Eh bien, il m'a avoué que cela était une blague, le con ! Mais était-ce vraiment une blague ? C'est facile à dire après coup...

Enfin, il y en a un qui me regarde. En plus, il semble beau, et pour une fois, il n'est pas seul avec son copain en train de se manger. Il a deux amis avec lui. C'est presque gênant s'il vient me parler, je pue le touriste qui vient de redescendre du Montjuic après avoir grimpé la Pedrera Espal Gaudi, non je veux dire la Sagrada Familia. Il est un peu gros et à l'air tapette. Enfin, il me convient dans les circonstances. Mais il a besoin de bouger dans les cinq minutes, car moi je m'en vais à l'Alternativ. L'histoire de ma vie.

21h26. Je pense qu'il a du crayon noir dans les yeux. Il est vrai que je ne me suis jamais lamenté lorsque Robert Smith des Cures en portait, mais je suis incertain lorsqu'il s'agit de quelqu'un avec qui je coucherais. 21h27. Il ressemble à cet André que j'ai connu avant de resacrer le camp de ma ville natale voilà 5 ans. Ça me donne envie de vomir. 21h28. Un nez de cochon aussi. 21h29. Il parle maintenant au téléphone... 21h30. Voilà, j'ai fini ma bière. 21h31. Je décrisse d'icitte hostie !

Je suis entre Barcelone et Londres (en France ?). Enfin, je suis rentré seul à l'hôtel et cela m'a ravi. Je n'aurais pas voulu m'encombrer de quelqu'un, ne pas dormir de la nuit et être en état de panique le lendemain alors que je devais faire mes bagages. Je suis également bien heureux de retourner à la maison à Londres. Ces voyages deviennent de plus en plus compliqués et longs, et stressants. J'ai tellement de travail en retard, enfin j'aurai le temps de m'y mettre. Quelle belle rencontre j'ai faite avec ce Catalan, et si je regrette une seule chose, c'est bien de l'avoir invité à venir à l'hôtel... ça a détruit la romance. Il me rappelait beaucoup Ed, mon amour new-yorkais, car ils ont tous deux le même accent. Et j'ai hâte de retrouver Stephen.

 

 

carole cadotte <138194788@archambault.ca>