Chapitre 1

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la troublante vérité sur vos croyances en matière de santé

Ce que nous sommes aujourd’hui nous vient de nos pensées d’hier, et nos pensées présentes construisent notre vie de demain : notre vie est la création de notre esprit.

Le Dhammapada

Une étude de cas effectuée en 1957 par Dr Bruno Klopfer (qui est à l’origine du fameux test de Rorschach), reprend l’histoire du Dr Philip West et de son patient, M. Wright. Le Dr West traitait M. Wright pour un cancer avancé appelé lymphosarcome. Tous les traitements avaient échoué, et le temps commençait à manquer. Le cou, la poitrine, l’abdomen, les aisselles et l’aine du patient étaient couverts de tumeurs de la taille d’une orange ; sa rate et son foie avaient grossi ; et sa poitrine se remplissait chaque jour de deux litres d’un liquide laiteux qui devait être drainé pour qu’il puisse respirer. Le Dr West ne donnait pas à son patient plus d’une semaine à vivre.

Mais M. Wright voulait désespérément vivre, et il mettait tous ses espoirs dans un nouveau médicament du nom de Krebiozen. Il supplia son médecin de lui donner ce traitement, mais celui-ci n’était disponible que dans le cas d’essais cliniques sur des patients ayant au moins trois mois à vivre. L’état de M. Wright était trop grave pour qu’il puisse être retenu.

Mais il ne baissa pas les bras. Sachant que ce médicament existait et convaincu qu’il serait son remède miracle, il a harcelé son médecin jusqu’à ce que celui-ci accepte avec réticence de lui faire une injection de Krebiozen. Le Dr West effectua la procédure un vendredi, convaincu en lui-même que son patient ne passerait pas le week-end.

À son grand étonnement, son patient était sorti du lit et pouvait marcher le lundi suivant. Selon le Dr Klopfer, « Les masses tumorales avaient fondu comme neige au soleil » et ne faisaient plus que la moitié de leur taille initiale. Dix jours après la première dose de Krebiozen, M. Wright a pu quitter l’hôpital, apparemment débarrassé de son cancer.

Les deux mois suivants, M. Wright fut en pleine forme et ne jura que par le miraculeux Krebiozen, jusqu’à ce qu’un article scientifique remette en question l’efficacité de ce médicament. Convaincu de la véracité de ces propos scientifiques, M. Wright tomba dans une profonde dépression, et son cancer récidiva.

Cette fois-ci, le Dr West, qui souhaitait sincèrement aider son patient, décida d’employer la ruse. Il expliqua donc à M. Wright que certains lots de médicaments avaient été détériorés pendant leur acheminement, ce qui les rendait moins efficaces, mais qu’il avait en sa possession un nouveau lot de Krebiozen à haute concentration. (Bien sûr tout ceci était faux.)

Et le Dr West injecta de l’eau distillée dans le corps de M. Wright.

Le même miracle s’est produit de nouveau. Les tumeurs se sont volatilisées, le liquide a disparu de sa poitrine, et M. Wright s’est senti merveilleusement bien pendant les deux mois suivants.

Jusqu’au jour où l’American Medical Association a tout gâché en annonçant qu’une étude nationale avait révélé la totale inefficacité du Krebiozen. Cette fois, M. Wright perdit toute confiance dans ce traitement. Son cancer récidiva et il décéda deux jours plus tard1.

Lorsque j’ai lu cette histoire, j’ai pensé « Mais oui, bien sûr ! » Cette étude de cas ne pouvait pas être vraie. Comment des tumeurs cancéreuses pouvaient-elles « fondre comme neige au soleil » à la suite d’une injection d’eau ? En admettant que cette étude soit authentique et qu’une chose aussi simple puisse faire disparaître un cancer, pourquoi les oncologues ne s’y mettaient-ils pas aussi en injectant de l’eau distillée à des cancéreux de stade 4 ? S’ils n’avaient rien à perdre, où était le mal ?

Toute cette affaire m’apparaissant improbable, mais j’ai continué à chercher. De toute évidence, s’il y avait une part de vérité dans cette histoire, il existerait d’autres études de cas similaires recensées dans la littérature scientifique.

Une autre patiente, dont le cas a été dévoilé dans le Journal of Clinical Investigation, souffrait de nausées et de vomissements graves. Les mesures prises dans son estomac avaient révélé un schéma chaotique qui correspondait bien à ses symptômes. Ses médecins lui ont donc proposé un nouveau médicament magique et très puissant en lui promettant qu’il calmerait ses nausées.

En l’espace de quelques minutes, ses nausées ont en effet disparu, et les mesures prises dans son estomac ont cette fois-ci révélé un schéma normal. Mais ses médecins lui avaient menti. Ce n’était pas un nouveau médicament super puissant qu’ils lui avaient administré mais du sirop d’ipéca, réputé non pas pour prévenir les nausées, mais pour les provoquer.

Lorsque cette patiente avait été convaincue que ses symptômes allaient disparaître, ses nausées et ses contractions abdominales anormales avaient disparu, alors que le sirop d’ipéca aurait dû les aggraver2.

Cette histoire me laissait pensive. Cela dit, si elle était étonnante, elle ne prouvait rien pour autant.

Le pouvoir de guérison de la chirurgie placebo

Peu de temps après, je suis tombée sur un article du New England Journal of Medicine qui présentait le Dr Bruce Moseley, un chirurgien orthopédique réputé pour ses opérations chirurgicales sur des patients souffrant de douleurs débilitantes aux genoux. Pour prouver l’efficacité de ses opérations, il avait conçu une étude brillamment contrôlée.

Les patients du premier groupe étaient opérés par le Dr Moseley, alors que ceux du deuxième groupe subissaient une opération placebo très élaborée. Tandis que les patients étaient sous anesthésie locale, le chirurgien effectuait trois incisions dans la même zone que pour la véritable opération. Pendant ce temps, une vidéo préenregistrée de l’opération d’une autre personne était visionnée par les patients. Le Dr Moseley allait même jusqu’à reproduire le bruit de la procédure de nettoyage avec des projections d’eau. Puis, il recousait les genoux.

Comme prévu, un tiers des patients ayant subi la véri-table opération voyaient leurs problèmes de genoux disparaître. Mais ce qui avait attiré l’attention des auteurs de l’article était que le même pourcentage de réussite avait été obtenu avec la chirurgie placebo ! En fait, ceux qui étaient concernés par la chirurgie placebo souffraient moins que les autres, probablement parce qu’ils n’avaient pas subi le traumatisme d’une véritable opération3.

Qu’ont pensé les patients du Dr Moseley à propos de cette étude ? Un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui avait subi la chirurgie placebo avait déclaré : « Cette opération a eu lieu il y a deux ans et mon genou ne m’a plus jamais fait souffrir. Il est revenu à son état normal4. »

Cette étude m’a chamboulée.

M. Wright et la patiente qui avait reçu le sirop d’ipéca n’étaient que des études de cas, dont il est bien connu qu’elles peuvent être biaisées et qui ne sont pas considérées comme des sources sûres lorsqu’il est question d’interpréter la littérature médicale. J’avais été formée à m’appuyer sur l’étalon de référence qu’étaient les essais cliniques randomisés, en double aveugle, contrôlés contre placebo, et publiés dans un article évalué par les pairs.

L’étude du Dr Moseley, qui était bien un essai clinique randomisé, en double aveugle et contre placebo — publié en outre dans l’un des journaux médicaux les plus respectés au monde — prouvait qu’un pourcentage significatif de patients voyaient leurs problèmes de genoux réglés simplement parce qu’ils croyaient avoir été opérés.

Ce fut ma première preuve qu’une croyance — quelque chose qui ne concerne que l’esprit — pouvait provoquer des symptômes concrets dans le corps. L’étude du Dr Moseley est ce qui m’a incitée à creuser le sujet de l’effet placebo, c’est-à-dire l’effet de traitement mystérieux, puissant et reproductible, dont certains patients font l’expérience lorsqu’un faux traitement leur est donné dans le cadre d’un essai clinique.

Ce puissant placebo

Comme tous les scientifiques, je connaissais l’effet placebo de longue date. Les faux traitements — par exemple des pilules à base de sucre, les injections salines et les chirurgies placebo — sont habituels dans les essais cliniques modernes et permettent de déterminer si un médicament, une opération ou un traitement en particulier est réellement efficace. Le terme placebo, d’origine latine, signifie « je plairai », et est apparu il y a bien longtemps dans le jargon médical pour qualifier les traitements inertes habituellement administrés aux patients souffrant de névroses dans le but de les apaiser.

Pendant des siècles, les médecins ont prescrit des traitements sans s’appuyer sur des données prouvant que ceux-ci étaient efficaces. Personne ne remettait en question les traitements prescrits par le médecin, et personne n’effectuait d’études pour prouver leur efficacité. Les médecins se contentaient de préparer des mixtures et de bourrer leurs patients de ces « médicaments ». Parfois, les patients allaient mieux, mais pas toujours. Ou bien les médecins faisaient une incision sur le patient pour l’opérer, et l’état de ce dernier s’améliorait… ou pas.

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’idée d’utiliser des placebos dans le cadre de recherches cliniques a commencé à émerger. Puis, en 1955, le Journal of the American Medical Association a publié un article fondamental du Dr Henry Beecher, intitulé « The Powerful Placebo », selon lequel, si l’on administrait des médicaments aux patients, nombre d’entre eux guérissaient, et, s’ils recevaient plutôt de l’eau salée ou un autre ingrédient inerte, environ le tiers d’entre eux guérissaient de façon tangible et physiologique pouvant être prouvée5.

Soudain, la notion d’« effet placebo » est devenue un élément clé de la médecine contemporaine, donnant naissance aux essais cliniques modernes. Les bonnes études scientifiques se doivent donc de prouver que l’effet positif du médicament ou de l’opération chirurgicale faisant l’objet de l’essai transcendent le pouvoir de guérison du placebo. S’il est prouvé qu’une opération ou un médicament obtient de meilleurs résultats qu’un placebo, il est alors considéré comme « efficace ». Si ce n’est pas le cas, la Food and Drug Administration ne l’approuvera certainement pas, le traitement sera considéré inefficace, et l’opération chirurgicale perdra sa crédibilité, comme ce fut le cas pour le Dr Moseley. La prescription de traitements qui ne sont pas plus efficaces qu’un placebo est considérée comme une violation des principes de la médecine fondée sur des éléments probants. C’est ce qui distingue les vrais médecins des charlatans.

Du moins c’est ce qui m’avait été enseigné.

Toutes ces données m’ont fait réfléchir. Qu’était exactement l’effet placebo ? Jusqu’à ce que j’entame mes recherches, je ne m’étais jamais véritablement posé la question. Nous savons tous que certaines personnes testées lors d’essais cliniques vont mieux en absorbant simplement un peu de sucre, mais la question est Pourquoi ?

Avec cette question, j’ai compris que j’avais atteint le cœur de mes recherches dans ma quête visant à prouver que l’esprit pouvait influencer le corps. Si un certain pourcentage de personnes participant à des essais cliniques allait mieux simplement parce qu’elles croyaient avoir reçu un véritable médicament ou subi une authentique opération chirurgicale, la réaction qui se produisait alors en elles était uniquement déclenchée par l’esprit. Cette prise de conscience m’a profondément troublée.

La preuve que la croyance positive peut soulager les symptômes

Je me suis donc replongée dans les journaux médicaux, à la recherche de preuves supplémentaires selon lesquelles la croyance par l’esprit que le corps reçoit un médicament, ou subit une opération, est suffisante pour obtenir un véritable soulagement des symptômes. J’ai ainsi découvert que près de la moitié des asthmatiques se sentaient soulagés après avoir utilisé un faux inhalateur ou reçu un traitement d’acupuncture factice6. Environ 40 % des gens qui souffrent d’un mal de tête voient leur douleur diminuer après avoir pris un placebo7. La moitié des personnes souffrant de colite se sentent mieux après un traitement placebo8. Plus de la moitié des patients testés pour des douleurs ulcéreuses voient leurs symptômes disparaître après avoir pris un placebo9. Une fausse séance d’acupuncture fait disparaître les bouffées de chaleur chez près de la moitié des personnes traitées (alors qu’une véritable séance d’acupuncture ne soulage qu’un quart des patients.) De façon surprenante, 40 % des femmes tombent enceintes en prenant un placebo pour contrer les problèmes d’infertilité10.

Lorsqu’ils sont comparés à la morphine, les placebos sont presque aussi efficaces pour traiter la douleur11. En outre, plusieurs études démontrent que pratiquement toutes les réactions de bien-être chez les patients prenant des antidépresseurs peuvent être attribuées à l’effet placebo12.

Il n’y a pas que les pilules et les injections qui fassent des merveilles en matière de soulagement des symptômes. Comme l’a prouvé l’étude du Dr Moseley sur ses opérations chirurgicales du genou, les opérations placebo peuvent être encore plus efficaces. Dans le passé, la ligature de l’artère thoracique interne était un traitement courant contre les angines de poitrine. L’idée était que, si vous empêchiez le flux sanguin de s’écouler dans cette artère, vous envoyiez plus de sang vers le cœur et soulagiez les symptômes des personnes ayant un débit coronaire insuffisant. Les chirurgiens ont pratiqué cette procédure pendant des dizaines d’années, soulageant les symptômes de pratiquement tous leurs patients.

Réagissaient-ils à la ligature de l’artère thoracique ? Ou étaient-ce plutôt leur corps qui réagissait à la conviction que l’opération chirurgicale les soulagerait ?

Dans le but de trouver une réponse à cette question, une étude a comparé des patients qui souffraient d’angine de poitrine et avaient subi une ligature de l’artère thoracique avec d’autres qui, ayant les mêmes symptômes, croyaient subir la même intervention alors qu’une simple incision dans la paroi de la cage thoracique était pratiquée par le chirurgien.

Que s’est-il passé ? Quelque 71 % des personnes ayant subi l’opération factice ont vu leur état s’améliorer, contre 67 % pour ceux qui avaient été réellement opérés13. Dorénavant, la ligature de l’artère thoracique fait partie du passé.

Grâce à toutes ces lectures, je disposais de données impressionnantes, et je ne pouvais m’empêcher de me demander si elles ne le seraient pas encore plus en admettant que l’on ne minimise plus l’effet placebo lors des essais cliniques. Si les chercheurs considéraient l’effet placebo comme un phénomène positif et intéressant, nous obtiendrions peut-être des résultats encore plus intéressants. Malheureusement, ce n’est pas l’axe sur lequel la majorité des médecins se concentrent. Au contraire, les coordonnateurs des essais cliniques et les chercheurs médicaux (la plupart du temps employés par des compagnies pharmaceutiques) font de leur mieux pour diminuer l’effet placebo. Après tout, les patients dont l’état s’améliore avec des placebos limitent la capacité d’un médicament à être approuvé en vue de sa commercialisation. Ainsi, pour se débarrasser de ces « réactions excessives aux placebos », de nombreux essais randomisés, en double aveugle et contrôlés contre placebo sont précédés d’une « phase de nettoyage » au cours de laquelle tous les participants absorbent une pilule inerte, et ceux qui réagissent positivement sont éliminés de l’étude.

Par conséquent, si la majorité des chercheurs de nouveaux médicaments n’étaient pas de connivence avec l’industrie pharmaceutique, les réactions positives aux placebos lors d’essais cliniques seraient encore plus élevées.

Tout le monde réagit-il aux placebos ?

Tout en méditant sur l’effet placebo, je me suis demandé quelle serait ma propre réaction si j’en recevais un dans le cadre d’un essai clinique. Après tout, je suis un médecin, et j’ai participé à ce genre d’essai clinique. Je ne suis pas idiote, et je pense que je le saurais si l’on m’administrait un faux traitement. Si je soupçonnais la possibilité d’un placebo, il était impossible que mes résultats soient positifs, n’est-ce pas ?

J’ai approfondi la question. Certains types de patients sont-ils plus réceptifs aux placebos que d’autres ? Existe-t-il des données suggérant que ces patients ont un profil type ? Y a-t-il des traits de personnalité ou des mesures d’intelligence pouvant déterminer qui va aller mieux en absorbant de simples pilules de sucre ? Les personnes ayant un QI élevé sont-elles moins réceptives aux placebos ? Certains sont-ils juste plus crédules que d’autres ?

Des scientifiques ont étudié la question. À l’origine, les chercheurs sont partis du postulat que ceux qui étaient plus réceptifs aux placebos avaient des QI moins élevés ou étaient plus « névrosés » que les autres. Mais ils ont découvert qu’en réalité, n’importe quelle personne pouvait être incitée à réagir positivement à un placebo si certaines conditions étaient réunies. Nous sommes tous réceptifs, y compris les médecins et les scientifiques. En fait, certaines études révèlent que les personnes ayant un QI élevé sont encore plus réceptives que les autres aux placebos.

J’ai pris cette information comme une bonne nouvelle, car s’il est vrai que les croyances positives de l’esprit peuvent guérir le corps, tout le monde a la même chance de bénéficier de ce phénomène. Les naïfs ne sont pas les seuls à pouvoir croire aller mieux, c’est aussi le cas des gens intelligents comme vous.

Une guérison liée à des placebos ne se produit-t-elle que dans votre esprit ?

En poursuivant mes recherches, je ne parvenais pas à totalement comprendre ce que je découvrais. De toute évidence, les preuves que j’amassais étaient prometteuses. Lorsque les patients — et pas seulement les crédules — croyaient qu’ils allaient mieux, une bonne partie d’entre eux faisaient l’expérience d’une amélioration clinique.

Mais ces données ne satisfaisaient pas entièrement ma curiosité. Je pouvais défendre l’argument selon lequel le soulagement d’un symptôme provenait entièrement de l’esprit. Après tout, qu’est-ce que la douleur si ce n’est une perception de l’esprit ? Qu’est-ce que la dépression, à part un état mental ? Même avec des maladies plus tangibles telles que l’asthme ou la colite, il vous est possible d’avoir la sensation que vous respirez mieux ou de penser que vous avez moins de symptômes gastro-intestinaux. Votre perception mentale change peut-être, mais votre corps ne réagit pas de façon physiologiquement mesurable. Peut-être pensez-vous que c’est le cas, et ces pensées sont suffisantes pour que vous vous sentiez mieux.

S’il était vrai que l’esprit pouvait guérir le corps, il devait exister un moyen de prouver que le corps réagissait, pas uniquement par un soulagement de ses symptômes, mais également d’une façon physiologique qu’il était possible d’étudier. Ainsi, l’étape suivante de ma quête fut de chercher des preuves que tout n’était pas dans notre tête, et que la croyance de l’esprit pouvait bel et bien modifier la physiologie du corps.

Avec les centaines de milliers d’essais contrôlés contre placebo qui faisaient l’objet de publications, trouver une réponse n’était pas une tâche aisée, d’autant plus que la plupart des études sur lesquelles je tombais évaluaient des symptômes tels que les maux de tête, les douleurs dorsales, la dépression et la baisse de la libido — lesquels symptômes sont difficiles à quantifier. Lorsque les patients ressentent une diminution de ces symptômes, il y a une grande part de subjectivité qui entre en jeu. Il n’existe pas de mesure objective permettant de prouver leurs dires.

J’ai toutefois trouvé la preuve que, dans une certaine mesure, de véritables changements physiologiques se produisaient dans le corps en réaction aux placebos. En présence de placebos, des chauves ont les cheveux qui poussent, des pressions artérielles diminuent, des verrues disparaissent, des ulcères sont guéris, des niveaux d’acide gastrique déclinent, des inflammations du côlon diminuent, les taux de cholestérol reculent, des mâchoires se détendent et des œdèmes liés à des soins dentaires disparaissent, des niveaux de dopamine augmentent chez des patients atteints de la maladie de Parkinson, des globules blancs redeviennent plus actifs et des études d’imagerie révèlent un changement dans le cerveau des personnes dont la douleur est soulagée14.

Ces conclusions ont fini de me convaincre. Les placebos ne modifient pas seulement ce que vous ressentez, mais également votre biochimie. C’est là que les choses commencent à devenir intéressantes.

L’impact biochimique de l’effet placebo pourrait bien remettre en question le modèle sur lequel nous nous basons en matière de maladies. J’ai voulu étudier plus en profondeur la possibilité qu’il existe d’autres explications au fait que les gens réagissent à la fois par un soulagement de leurs symptômes et par un changement physiologique mesurable lorsqu’ils sont traités à l’aide de placebos. Tous ces changements physiques ne pouvaient-ils être que le résultat d’une croyance positive, ou d’autres facteurs pouvaient-ils influencer ces résultats ? La phase suivante de mes recherches m’a amenée à concevoir quelques théories.

Cinq explications à l’effet placebo

Lorsque les chercheurs cliniques parlent de l’effet placebo, ils font référence à tout un ensemble d’événements qui se produisent : ils introduisent des personnes dans un environnement clinique, ils leur proposent un traitement que ceux-ci savent être, soit le traitement faisant l’objet de l’étude, soit un placebo, et ils les surveillent sur une période de temps préétablie. Clarifions maintenant ce que sont les cinq explications pour nous assurer d’utiliser le même langage.

L’explication la plus évidente — et celle que nous aimerions croire — est que les patients connaissent une diminution de leurs symptômes et des changements physiologiques parce qu’ils croient que ce sera le cas. Le consentement éclairé veut que les patients soient au courant de la possibilité qu’ils reçoivent un placebo, mais nombre des patients du groupe placebo croient recevoir le vrai traitement et s’attendent donc à aller mieux. En d’autres mots, la croyance que vous allez ressentir une différence vous incite à ressentir une différence15.

Mais la croyance positive pourrait ne pas être le seul facteur contribuant à la réaction du corps. La deuxième explication à ce mieux-être réside dans l’idée de conditionnement. Nous connaissons tous l’expérience des chiens de Pavlov. Les chiens de Pavlov ne se contentaient pas de saliver en présence de leur nourriture, mais ils salivaient également lorsqu’ils entendaient la cloche qui marquait l’heure du repas. L’effet placebo pourrait s’apparenter à cette expérience. Si vous êtes habitué à recevoir un véritable médicament d’une personne vêtue d’une blouse blanche et à aller mieux par la suite, vous pourriez être conditionné à vous sentir mieux, même si la personne en blouse blanche ne vous donne qu’une pilule de sucre16. Cette théorie appuie l’idée que l’esprit peut soigner le corps puisque le conditionnement nous prouve l’existence d’un lien évident entre le corps et l’esprit.

Selon la troisième explication, les patients qui participent à des essais cliniques bénéficient d’un soutien émotionnel. Ted Kaptchuk, professeur à Harvard spécialisé dans l’effet placebo, donne souvent l’argument, dans les articles scientifiques et les interviews dans les médias, que les soins attentionnés d’un professionnel respecté peuvent avoir au moins autant d’impact que l’effet placebo en matière de croyance positive. Un patient qui participe à un essai clinique reçoit de l’attention, du soutien, et parfois même un toucher thérapeutique, de la part d’un professionnel en blouse blanche symbolisant la santé et la guérison. Nous aspirons tous à être regardés, entendus, et même aimés, et ces simples actes ont le pouvoir de diminuer des symptômes et de provoquer des changements physiologiques positifs, une fois de plus en raison du lien entre le corps et l’esprit.

La quatrième explication repose sur l’idée que, même si la plupart des études s’efforcent d’éliminer les patients qui s’autoprescrivent d’autres traitements en parallèle, il est possible qu’une partie d’entre eux le fassent sans en parler, ce qui peut influencer les résultats obtenus. Si une personne du groupe placebo va mieux, il est possible que ce soit l’autre traitement qui soit responsable de cette amélioration.

Enfin, selon la cinquième et dernière explication, certains patients vont mieux parce que leur maladie guérit d’elle-même. Après tout, notre corps n’est-il pas un organisme au pouvoir autorégénérant et luttant en permanence pour retrouver l’état d’homéostasie ? Ainsi, même si vous enfermiez des patients dans une pièce sombre, sans traitement ni attention particulière, il est possible que l’état de santé de certains s’améliore. Même si ce sujet est controversé, quelques scientifiques croient que le phénomène de la rémission spontanée est la seule explication à l’effet placebo. Dans leur article « Is the Placebo Powerless? », paru dans le New England Journal of Medicine, les Drs Asbjørn Hróbjartsson et Peter Gøtzsche affirment que nous ne pourrons démontrer clairement l’existence d’un effet placebo que lorsque les études incluront un groupe de patients ne recevant ni médicament ni pilule de sucre (ce que la plupart ne font pas)17. Dans leurs recherches, ils n’ont trouvé que peu de preuves d’un effet placebo notable lorsque des groupes n’ayant pas reçu de médicament étaient étudiés, ce qui leur permet de penser que ce ne sont pas la croyance positive ou les soins attentifs qui sont responsables de la rémission, mais plutôt l’évolution naturelle de la maladie18. Certains critiquent cet article en pointant du doigt ses faiblesses, notamment le fait que comparer des groupes placebos provenant de types d’études complètement différentes, et évaluer des maladies totalement différentes, revenait à comparer des pommes à des oranges, et aboutissait à des données combinées potentiellement trompeuses19.

Quoi qu’il en soit, les rémissions spontanées peuvent clairement altérer les études cliniques — et elles surviennent même en l’absence de placebos. Mais cette idée n’appuie-t-elle pas encore plus efficacement l’argument selon lequel le corps est destiné à s’auto-guérir ? Si même les personnes qui font partie du groupe ne recevant pas de traitement voient leur état s’améliorer dans une mesure non négligeable, cela ne prouve-t-il pas que le corps sait comment se guérir lui-même ? Et même si nous nous amusions à imaginer que l’effet placebo n’existe pas (la plupart des experts s’accordent à dire qu’il existe bel et bien), nous savons que des rémissions spontanées inexpliquées se produisent, probablement plus souvent que nous le pensons, puisque ceux qui s’autoguérissent en-dehors d’un contexte d’essai clinique ne sont pas recensés par les systèmes habituels de soins de santé.

Nous pouvons donc en conclure que, même si les changements physiologiques qui se produisent avec des placebos peuvent ne pas être le seul résultat d’une croyance positive, l’effet placebo confirme l’existence d’un lien entre le corps et l’esprit et d’une capacité innée à l’autoréparation.

La physiologie de l’effet placebo

Nous savons que l’effet placebo existe. Mais quels sont les mécanismes physiologiques pouvant expliquer comment les pensées, les sentiments et les croyances provoquent les changements physiologiques ?

Les chercheurs ne s’entendent pas sur la réponse à cette question et proposent plusieurs théories. Penser positivement à notre état peut stimuler les endorphines naturelles, lesquelles contribuent à diminuer les symptômes, à soulager la douleur et à améliorer l’humeur. L’inverse est également vrai : lorsque des patients qui avaient réagi positivement à un placebo recevaient du naloxone, un antagoniste d’opioïde ayant pour effet de bloquer les endorphines naturelles, le placebo n’était subitement plus efficace20.

Croire que votre état va s’améliorer et faire l’objet des soins attentionnés d’une équipe de chercheurs cliniques peut diminuer votre niveau de stress physiologique, lequel prédispose le corps à la maladie, et peut entraîner une détente physiologique nécessaire pour que les mécanismes d’autoréparation du corps puissent œuvrer correctement. Le Dr Walter Cannon, professeur à Harvard, a été le premier à parler de réaction de stress, également connue sous le nom de réaction de lutte ou de fuite, laquelle est un mécanisme de survie qui se met en branle lorsque le cerveau perçoit une menace. Lorsqu’une pensée ou une émotion, telle que la peur, déclenche cette cascade hormonale, l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien s’active, incitant le système nerveux sympathique à se mettre en mode accélération, ce qui accroît les niveaux de cortisol et d’adrénaline du corps. Avec le temps, ces hormones de stress peuvent se transformer en symptômes physiques, prédisposant ainsi le corps à différentes maladies.

Cela dit, comme nous en discuterons plus en détails dans le chapitre 8, de la même façon que la réaction de stress existe en tant que mécanisme de survie visant à nous maintenir en vie dans des situations d’urgence, le corps peut également émettre une réaction de détente qui fera contrepoids. Lorsqu’il y a réaction de détente, les hormones de stress diminuent, des hormones de détentes propices à notre santé sont libérées et luttent contre les hormones de stress, le système nerveux parasympathique prend le relais, et le corps retrouve un état d’homéostasie. Le corps ne peut se réparer que dans cet état de repos et de détente. Tout ce qui réduit le stress et provoque une réaction de détente permet non seulement de limiter les symptômes liés à la réaction de stress, mais également de libérer le corps pour qu’il puisse faire ce qui lui est naturel — se guérir.

L’association de croyances positives et de soins attentifs peut également modifier le système immunitaire. Les personnes traitées avec des placebos peuvent connaître une croissance de leur fonction immunitaire par une inversion de la réaction de stress et un déclenchement de la réaction de détente. Les placebos peuvent également annihiler le système immunitaire. Dans le cadre d’une étude, des rats se sont vu administrer le médicament immunosuppresseur cyclophosphamide (mélangé à de l’eau saccharinée). Puis le médicament a été retiré et les rats n’ont reçu que de l’eau saccharinée (un placebo). Contre toute attente, la suppression de leurs systèmes immunitaires s’est maintenue, même lorsqu’ils ne recevaient plus le médicament, ce qui laisse à penser que même les rats peuvent réagir à la croyance positive et aux soins attentifs par des réactions immunitaires physiologiques et mesurables21.

Les croyances positives et les soins attentifs ont également la capacité de minimiser la réaction de phase aiguë, laquelle est un type de réaction provoquant de la douleur, des gonflements, de la fièvre, de la léthargie, de l’apathie et une perte d’appétit22.

Les fonctions exécutives du cortex préfrontal, situé dans notre cerveau, témoignent elles aussi du lien entre le corps et l’esprit, et le fait que les réactions aux placebos soient perturbées chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer appuie cette théorie23. De nombreuses personnes atteintes de cette maladie ne réagissent pas aux placebos, ce qui confirme l’idée que la zone du cerveau liée aux croyances, et pouvant être endommagée dans le cas de trouble neurologique, puisse influencer la façon dont une personne réagit aux placebos. Le biologiste évolutionniste Robert Trivers affirme que ce à quoi le cerveau s’attend dans un avenir proche influence son état physiologique. Selon lui, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne connaissent pas l’effet placebo, car elles sont incapables d’anticiper l’avenir, ce qui met leur cerveau dans l’impossibilité de se préparer pour celui-ci.

Le niveau de réactivité aux placebos est également en corrélation avec l’activation de la dopamine dans le noyau accumbens, une zone du cerveau impliquée dans le mécanisme de récompense. Des scientifiques ont en effet étudié le cerveau de personnes venant de recevoir de l’argent pour déterminer la quantité de dopamine libérée dans la zone du noyau d’accumbens. Plus cette zone réagissait à la récompense financière, plus les personnes concernées avaient de chance de réagir positivement à un placebo24.

Quel que soit le mécanisme en œuvre, il apparaît clairement que le corps et l’esprit communiquent par l’intermédiaire des hormones et des neurotransmetteurs qui naissent dans le cerveau et qui partent ensuite avertir d’autres parties du corps. Nous ne devrions donc pas être surpris que nos pensées et nos sentiments puissent donner lieu à des changements physiologiques dans le reste du corps.

Et pourtant… Nous parlons peu de la façon dont nos pensées et nos sentiments influencent la santé de notre corps. Et si c’est vrai, pourquoi ne sommes-nous pas plus vigilants à l’égard de ce que nous mettons dans notre esprit ? Mais je vais peut-être un peu trop vite. Nous parlerons plus en détails dans la deuxième partie de ce livre des moyens de maintenir notre corps et notre esprit en bonne santé.

Toutes les maladies réagissent-elles de la même façon aux placebos ?

La question qui m’est ensuite venue à l’esprit, pour mieux comprendre l’effet placebo, était de savoir si les placebos étaient efficaces avec n’importe quelle maladie. Tous les symptômes et maladies réagissaient-ils aux placebos ou est-ce seulement certains types d’entre eux ?

J’ai découvert que la quasi-totalité des essais cliniques démontre la présence de l’effet placebo, mais que certains problèmes de santé semblaient plus réceptifs que d’autres. Les placebos paraissent plus efficaces pour les patients souffrant d’une déficience de leur système immunitaire, notamment dans le cas d’allergies, de troubles endocriniens tels que le diabète, de maladies inflammatoires telles que la colite, de problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression, de troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson et l’insomnie, de problèmes cardiaques tels que l’angine de poitrine, de difficultés respiratoires telles que l’asthme et la toux, et, surtout, de douleurs physiques.

Mais sont-ils efficaces pour traiter le cancer ? Les crises cardiaques ? Les avc ? L’insuffisance hépatique ? La néphropathie ?

Mes recherches ne m’ont pas permis de trouver beaucoup de données pour répondre à cette question, peut-être parce que traiter de telles maladies à l’aide d’un placebo dans le cadre d’un essai clinique serait contraire à l’éthique. Pour ce type de maladies mortelles, de nouveaux traitements sont habituellement comparés aux traitements de référence existant déjà et ayant démontré un certain niveau d’efficacité. Par conséquent, il est difficile de délimiter avec précision ce qui réagira ou ne réagira pas à un placebo.

En effectuant mes recherches, j’ai eu l’intuition saisissante que l’effet placebo n’était que la partie visible d’un immense iceberg, et je me suis plongée dans une réflexion qui posait des questions auxquelles nous ne pourrons peut-être jamais répondre. Par exemple, nous savons que les patients des essais cliniques, qui connaissent la possibilité qu’ils soient traités avec un placebo, obtiennent parfois de très bons résultats, mais que se passerait-il si nous leur mentions ? Si nous élaborions une étude contraire à l’éthique qui assure tous les participants qu’ils reçoivent le traitement le plus efficace sur le marché, mais que nous leur donnions un traitement placebo ? Bien sûr, les Comités de protection des personnes ne permettraient pas qu’une telle étude existe en raison de la notion de consentement éclairé, lequel protège le droit des patients à connaître la vérité. Mais imaginons que nous puissions le faire. Je tends à penser que nous serions stupéfaits par les résultats. Pourquoi ? Parce que, à l’image de M. Wright avec son Krebiozen, quelque chose de puissant se met en place lorsque nous croyons fermement que notre état va s’améliorer et lorsque nous sommes soutenus en ce sens par des cliniciens qui partagent notre optimisme.

Nous pourrions ne jamais avoir la réponse, mais je commençais à croire que l’effet placebo n’était en fait qu’un début. Je ne pouvais pas m’empêcher d’aller plus loin en me posant la question plus importante, aussi imposante que l’éléphant que l’on ne peut que voir dans la pièce :

Pouvons-nous réellement nous guérir nous-mêmes ?

Résoudre le mystère de la rémission spontanée

J’ai trouvé une partie de ma réponse lors d’un cocktail de fin d’année organisé à l’Institute of Noetic Sciences (ions) dans la ville de Petaluma, en Californie, tout en sirotant mon verre de vin et en discutant de mes recherches avec Marilyn Schlitz, présidente de l’institut. Lorsque je lui ai fait part de mon dilemme, Marilyn m’a souri d’un air de dire « Pas de problème ! » avant de m’envoyer vers une base de données compilée par Caryle Hirshberg et Brendan O’Regan, et intitulée Le projet de rémission spontanée. Cette base de données contient une impressionnante bibliographie annotée de 3 500 références provenant de plus de 800 journaux rédigés dans 20 langues différentes, et portant sur des cas de rémissions spontanées inexplicables. Selon ces sources, la rémission spontanée était définie comme « la disparition, complète ou partielle, d’une maladie ou d’un cancer sans traitement médical ou traitement pouvant produire la disparition subséquente des symptômes de la maladie ou de la tumeur25. »

Cette bibliographie contient des cas étonnants. Celui par exemple d’un patient séropositif devenu séronégatif. Ou d’une femme qui, atteinte d’un cancer du sein métastatique, a vu ses tumeurs au sein, aux poumons et au fémur disparaître spontanément. D’un homme dont les plaques qui obturaient les artères coronaires ont disparu sans traitement. D’un autre dont l’anévrisme cérébral a disparu. D’un autre encore, qui, ayant souffert d’une blessure par balle au niveau du cerveau, s’est rétabli sans traitement. D’une femme souffrant de myocardiopathie et dont l’état s’est amélioré. Et d’une autre encore qui a spontanément guéri alors qu’elle souffrait de maladie thyroïdienne26.

Au même moment, j’ai pris connaissance de deux livres datant des années 60 et présentant des titres très proches : The Spontaneous Regression of Cancer, de William Boyd, et Spontaneous Regression of Cancer, de Tilden C. Everson et de Warren H. Cole, ce qui n’a fait qu’augmenter le nombre d’études de cas similaires signalés dans la littérature médicale.

Plus je lisais d’études de cas portant sur des rémissions spontanées, et plus mon cœur s’emballait. La plupart de ces études n’expliquaient pas comment les rémissions se produisaient. On ne demandait pas aux patients s’ils croyaient que leur état allait s’améliorer ni s’ils avaient entrepris une démarche particulière pour se guérir eux-mêmes.

J’y ai cependant trouvé la preuve que pratiquement aucune maladie ne pouvait être qualifiée d’« incurable ». Nombre des rémissions spontanées concernaient des maladies qui, selon ce qui m’avait été enseigné, étaient soi-disant terminales et intraitables. De toute évidence, la formation que j’avais reçue présentait quelques défaillances.

Les pensées se bousculaient dans ma tête, et j’avais tellement de papillons dans le ventre que je ne mangeais pratique-ment plus. J’ai perdu cinq kilos en quelques semaines. À cette étape, j’étais une femme convertie et investie d’une mission.

Sans l’ombre d’un doute, je m’étais prouvé à moi-même que l’esprit avait la capacité de guérir le corps. J’en avais même élaboré une explication physiologique logique. Mais je savais que je n’avais fait que toucher du doigt les complexités du lien corps-esprit, et je ne comprenais toujours pas comment je devais m’y prendre pour me servir de ce pouvoir qui résidait dans notre esprit afin d’aider les gens à éviter les maladies ou à les traiter. J’ai donc continué à creuser.