le moyen le plus sûr pour vous rendre malade et empêcher votre rémission
N’affirmez jamais, ni ne répétez, ce que vous ne souhaitez pas voir se réaliser.
ralph waldo trine
Après en avoir appris autant sur les bénéfices de l’effet placebo, je me suis demandé si l’inverse était vrai : si les croyances positives, associées aux soins attentifs d’un clinicien, pouvaient guérir le corps, cela impliquait-il que des croyances négatives, combinées aux mauvais soins d’un clinicien sans cœur, pouvaient lui nuire ?
Tout d’abord, j’ai voulu commencer par examiner le rôle des croyances négatives sur la physiologie du corps. Avons-nous le pouvoir de nous rendre malades avec nos croyances ?
La réponse est oui. Des chercheurs de San Diego ont examiné les rapports de décès de près de 30 000 Sino-Américains et les ont comparés à ceux de 400 000 Caucasiens sélectionnés au hasard. Ils sont arrivés à la conclusion que les Sino-Américains décédaient beaucoup plus tôt que la normale (jusqu’à cinq ans plus tôt) s’ils avaient une maladie associée à une année de naissance considérée comme un mauvais présage par l’astrologie et la médecine chinoises. Selon ces recherches, plus les Sino-Américains étaient attachés à leurs traditions, plus ils décédaient tôt. L’examen des données dont ils disposaient les a incités à conclure que la diminution de la longévité ne pouvait pas être justifiée par des facteurs génétiques, par des choix de vie ou des comportements des patients, par les compétences des médecins, ou par toute autre variable.
Pourquoi donc les Sino-Américains mouraient-ils plus jeunes ? Les chercheurs étaient arrivés à la conclusion que ce n’étaient pas leurs gènes, mais leurs croyances chinoises qui se trouvaient à l’origine de ce constat. En effet, ils croyaient qu’ils allaient mourir plus tôt parce que les étoiles les avaient ensorcelés. Et leur croyance négative se traduisait par un raccourcissement de leur vie1.
D’autres études suggèrent que nos croyances négatives affectent notre santé. L’une d’entre elles a démontré que 79 % des étudiants en médecine prétendaient avoir des symptômes s’apparentant à la maladie qu’ils étudiaient2. Ils tombaient malades parce qu’ils devenaient paranoïaques en pensant qu’ils allaient être malades.
Je l’ai moi-même vécu. Alors que j’étais en première année de médecine, j’étudiais les nombreuses façons qu’avait le corps de perdre les pédales, et je travaillais tard dans la nuit pour mémoriser la litanie de processus pathologiques pouvant provoquer des milliers de maladies différentes — de la porphyrie à la dengue, en passant par l’ostéogénèse imparfaite et la narcolepsie.
Puis, un beau jour, j’ai senti quelque chose qui se déplaçait sous ma peau. J’ai supposé qu’un ver de Guinée rampait dans mon tissu sous-cutané, prêt à me transpercer la peau pour sortir sa petite tête. J’ai également remarqué que mes pieds étaient engourdis lorsque je me réveillais le matin. J’étais convaincue que j’étais atteinte de la lèpre. Les taches que je voyais sur les paumes de mes mains ne pouvaient être que le signe d’un mégalérythème épidémique. Et les sueurs nocturnes qui trempaient mon pyjama ne pouvaient signifier qu’une chose : la malaria.
De fil en aiguille, je me suis retrouvée affublée de multiples troubles qui faisaient justement partie des maladies que nous étudiions — j’y reviendrai dans le chapitre 9 —, et je soupçonne fortement mes croyances négatives sur ma santé d’en avoir été à l’origine.
Je n’étais pas la seule étudiante en médecine à souffrir de tous ces symptômes physiques. En fait, la clinique de santé pour les étudiants n’était pas particulièrement surprise de nous voir, moi et mes amis étudiants, errer dans ses locaux juste avant les examens finaux avec des maux étranges et une foule d’autodiagnostics. Non seulement les médecins et infirmières de ces cliniques avaient-ils entendu maintes fois ces types de plaintes au fil du temps, mais ce syndrome portait en outre un nom : le syndrome de l’étudiant en médecine.
Pensez maladie, soyez malade
Que vous soyez un Sino-Américain, un étudiant en médecine, ou vous, il a été prouvé qu’en vous concentrant sur l’idée de la maladie vous risquiez fort de vous rendre malade. En savoir trop sur les problèmes que votre corps peut rencontrer pourrait bien vous être nuisible. Plus vous concentrez votre attention sur les innombrables moyens par lesquels votre corps peut s’effondrer, et plus vous risquez de faire l’expérience de symptômes physiques.
Les scientifiques ont baptisé ce phénomène l’effet nocebo. Tandis que l’effet placebo démontre le pouvoir de la pensée et des attentes positives, de l’espoir et des soins attentifs, l’effet nocebo démontre la puissance de la croyance négative. Alors que le placebo était habituellement prescrit pour aider un patient à se sentir mieux, le terme nocebo (signifiant « je nuirai » en latin) a été inventé pour distinguer les effets positifs des placebos des effets nuisibles que certains traitements inertes pouvaient induire.
Par exemple, si vous informez des patients lors d’un essai clinique qu’ils vont recevoir une pilule leur permettant d’avoir moins mal, il y a de fortes chances pour que leur douleur disparaisse, même si la pilule en question ne contient que du sucre. Mais si vous les prévenez que le traitement provoquera des nausées et des vomissements, il est fort probable qu’il en soit ainsi, même s’ils n’ont ingéré aucun médicament.
Dans son livre L’amour, la médecine et les miracles, le Dr Bernie Siegel cite une étude au cours de laquelle des patients d’un groupe de contrôle pour un nouveau médicament de chimiothérapie n’avaient reçu que de l’eau salée. Parce qu’ils avaient été avertis qu’il pouvait s’agir du vrai traitement, 30 % d’entre eux ont perdu leurs cheveux3. Dans une autre étude, des patients hospitalisés avaient reçu de l’eau sucrée avec l’avertissement que ce traitement risquait de les faire vomir. Quatre-vingt pour cent d’entre eux ont en effet souffert de vomissements4.
Une autre étude a examiné des asthmatiques auxquels on faisait inhaler une solution saline sans danger tout en les prévenant qu’elle contenait des allergènes irritants. Résultat : une respiration sifflante et des patients à court de souffle, et surtout un rétrécissement au niveau des bronches. Ceux qui souffraient de crises d’asthme se sont sentis mieux après avoir reçu la même solution inerte tout en étant avisés qu’elle allait les soulager5.
Dans une étude, plus des trois quarts des personnes croyant qu’on leur donnait un antihistaminique, alors qu’elles prenaient en réalité un placebo, ont ressenti de la somnolence6. Lorsque les participants étaient informés que l’oxyde de diazote, au pouvoir anesthésiant — dont l’effet est habituellement de soulager la douleur — provoquerait des douleurs, c’est ce qui s’est produit7.
Dans une étude publiée dans le Pavlovian Journal of Biological Sciences, 34 étudiants universitaires ont été branchés à des moniteurs et informés qu’un courant électrique allait se déplacer dans leur cerveau. Prévenus qu’ils risquaient de ressentir des maux de tête comme effet secondaire, et bien qu’aucun courant n’ait été utilisé, plus des deux tiers d’entre eux ont rapporté la présence de maux de tête8.
Même les pensées à propos de la mort semblent avoir une certaine influence. Selon le Dr Herbert Benson, professeur à Harvard et président du Mind/Body Medical Institute de Boston : « Les chirurgiens se méfient des personnes qui sont convaincues qu’elles vont mourir. Il existe des exemples d’études effectuées sur des personnes devant subir une opération chirurgicale et souhaitant presque mourir pour entrer en contact avec un proche décédé. Près de 100 % des personnes concernées décèdent9. »
Les patients sur le point de subir une opération et « convaincus » de leur mort imminente ont été comparés à un groupe de patients qui étaient simplement « exceptionnellement appréhensifs » à propos de la mort. Tandis que les appréhensifs s’en sont plutôt bien sortis, ceux qui étaient convaincus qu’ils allaient mourir décédaient la plupart du temps. De la même façon, les femmes qui se pensaient sujettes aux maladies cardiaques avaient quatre fois plus de risques de mourir. Ce n’est pas parce que ces femmes avaient une mauvaise alimentation, une ten-sion artérielle ou un taux de cholestérol plus élevés, ni même des antécédents familiaux plus lourds que celles qui n’étaient pas affectées de maladies cardiaques. La seule différence entre les deux groupes résidait dans leurs croyances10.
Une étude de cas fascinante concerne une patiente de psychiatrie souffrant de dédoublement de la personnalité. L’une des deux personnalités n’était pas diabétique et avait une glycémie normale. Mais lorsqu’elle devenait l’autre personnalité, la patiente croyait qu’elle était diabétique et le devenait. Son état physiologique se transformait entièrement. Sa glycémie augmentait, et tout tendait à prouver qu’elle était bien diabétique. Lorsqu’elle changeait de personnalité, sa glycémie revenait à la normale11.
Le psychiatre Bennett Braun, auteur de The Treatment of Multiple Personality Disorder, relate dans son ouvrage plusieurs cas similaires. Timmy, par exemple, boit du jus d’orange sans que cela pose de problème. Mais il a d’autres personnalités, et tandis que Timmy peut boire du jus d’orange, ses autres personnalités y sont allergiques, au point d’avoir des éruptions cutanées à la moindre gorgée. Cependant, si la personnalité de Timmy revient au beau milieu d’une réaction allergique, l’éruption disparaît instantanément, et les cloques qui recouvrent sa peau s’estompent12.
Les nocebos peuvent provoquer des maladies, et même la mort, lorsque c’est à cela que s’attend le patient. Les études scientifiques qui explorent l’effet nocebo sont parfois confrontées à des problèmes éthiques, car il est difficile de faire approuver par les comités de protection des personnes des études visant à ce que les patients se sentent plus mal. Pour cette raison, il existe moins de données pour appuyer l’effet nocebo que pour l’effet placebo. La plus grande partie de ce que nous savons sur l’effet nocebo provient d’effets secondaires d’essais cliniques utilisant des placebos.
Lorsque les patients qui participent à des essais cliniques en double aveugle sont avertis des effets secondaires possibles s’ils reçoivent le vrai médicament, environ 25 % d’entre eux font l’expérience d’effets secondaires, parfois considérables, même s’ils n’ont reçu que des pilules de sucre13. Ceux qui ne sont traités qu’avec des placebos font pourtant état de fatigue, de vomissements, de faiblesse musculaire, de rhumes, de bourdonnements d’oreilles, de dérèglement du goût, de troubles de la mémoire et d’autres symptômes qui ne devraient pas résulter de la prise d’une pilule de sucre.
Fait intéressant, ces effets nocebos ne sont pas le fruit du hasard et ont tendance à se produire principalement en réaction aux avertissements donnés sur les potentiels effets secondaires du vrai médicament ou traitement. La simple hypothèse qu’un patient puisse présenter des symptômes négatifs en réaction à un médicament (ou à une pilule de sucre) peut avoir un effet de prophétie autoréalisatrice. Par exemple, si vous informez un patient traité avec un placebo qu’il risque d’être nauséeux, il est probable que cela se produira. Si vous lui parlez de mal de tête, il risque d’avoir mal à la tête. En d’autres mots, le pouvoir de la suggestion est puissant14.
L’effet nocebo est probablement plus évident dans les cas de « mort vaudou », c’est-à-dire lorsqu’une personne décède après avoir été victime d’une malédiction l’avertissant de sa mort prochaine15. La notion de mort vaudou, ou mort psychosomatique, ne s’applique pas qu’aux cultures tribales. La littérature médicale présente des cas de patients qui croyaient être sur le point de mourir après avoir été informés par erreur qu’il ne leur restait que quelques mois à vivre. Ces personnes sont décédées dans la période qui leur avait été indiquée, et les autopsies n’ont révélé aucune explication physiologique à leur mort prématurée16.
Le Dr Sanford Cohen relate le cas d’un patient séropositif dont la mort serait attribuable, selon lui, à une conversation qu’il aurait surprise, et dans laquelle sa mère aurait dit souhaiter sa mort. Ce patient, dont la mère avait appris le même jour que son fils était homosexuel et séropositif, s’est mis à prier à l’hôpital, souhaitant sa mort à cause de la honte qu’il avait infligée à sa mère. Une heure plus tard, il est mort, à la grande surprise des médecins qui ne le jugeaient pas en phase terminale17.
Certains croient que les femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel pourraient être les victimes d’une sorte d’effet nocebo. Elles feraient l’expérience de ces symptômes parce qu’elles s’y attendent. Une étude portant sur des femmes incommodées par leur syndrome prémenstruel consistait à leur dire que leurs menstruations seraient avancées si elles prenaient la pilule inerte qu’on leur proposait. Par exemple, une femme dont la date de menstruations tombe en milieu de mois, et qui souffre du syndrome prémenstruel trois jours avant, était informée qu’elle aurait deux semaines d’avance.
Que s’est-il passé ? Bien que la date de leurs menstruations soit restée inchangée, ces femmes ont vu leur syndrome prémenstruel survenir plus tôt ce mois-là parce qu’elles croyaient qu’il en serait ainsi18.
Les symptômes nocebo peuvent se manifester aussi bien au sein de groupes importants que de façon individuelle. Pour donner un exemple, après la catastrophe nucléaire du Japon consécutive au tsunami de 2011, des personnes n’ayant pas été irradiées ont fait état de symptômes d’empoisonnement par rayonnement, et ce, jusqu’au sol américain. Dans le même ordre d’idée, des milliers de personnes ont prétendu souffrir des symptômes de la grippe h1n1 après que les médias aient répandu la nouvelle de l’épidémie à la télévision, dans les journaux et sur Internet. Des « épidémies » du même genre ont été rapportées sur des lieux de travail, dans des écoles et dans des villes où des fuites de gaz, des odeurs étranges ou des piqûres d’insectes avaient été signalées par les médias19.
Comment expliquer tous ces cas ? Comment une personne peut-elle perdre ses cheveux simplement en ingérant de l’eau saline ? Comment peut-elle vomir après n’avoir reçu que de l’eau sucrée ? Comment peut-elle devenir diabétique ou allergique en changeant simplement de personnalité ? Que se produit-il, à la fois dans le cerveau et dans le corps ? J’ai décidé de continuer à creuser pour trouver les réponses à ces questions.
De l’avis des scientifiques, l’effet nocebo est principalement causé par l’activation de la même réaction de stress que celle qui est contrée par l’effet placebo. Lorsqu’un patient se croit le sujet d’une mauvaise fortune, qu’il l’apprend par un sorcier tribal, un membre de sa famille ou un médecin moderne, l’anxiété provoquée par la mauvaise nouvelle stimule la réaction de stress. Par exemple, lorsque des patients ont été informés qu’ils allaient avoir mal (alors qu’ils n’avaient reçu qu’une substance inerte), leur axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien était stimulé, ce qui provoquait une augmentation de leur niveau de cortisol. La douleur et la stimulation excessive de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien ont pu être soulagées à l’aide de Valium, ce qui indique qu’un mécanisme de stress était bien à l’œuvre20.
Certains émettent également la théorie selon laquelle les personnes déclarées malades pouvaient se sentir découragées au point de ne plus prendre soin d’elles-mêmes et d’en subir les conséquences. Il peut également arriver que ces personnes tombent en dépression, or, comme j’en discuterai avec vous au chapitre 7, le lien entre dépression et mauvaise santé a été clairement établi.
Vous n’êtes pas victime de vos gènes
D’autres preuves de l’idée selon laquelle nos croyances provoquent des changements physiologiques dans notre corps proviennent des laboratoires de ceux qui étudient le domaine de la biologie moléculaire appelé épigénétique, qui signifie « influence sur les gènes ». Qui « influence les gènes » lorsqu’il est question d’influence épigénétique ?
Eh oui, vous avez deviné : l’esprit. Il se trouve que, même si vous ne pouvez pas modifier votre adn en tant que tel, vous pourriez être capable d’utiliser la puissance de votre esprit pour modifier la façon dont il s’exprime. Le déterminisme génétique traditionnel, tel qu’expliqué par Watson et Crick, inventeurs du modèle en double hélice, appuie l’idée que tout dans notre corps est déterminé par les gènes, et que ceux-ci constituent notre destinée. Si cette théorie est fondée, nous serions littéralement victimes de nos gènes. Maladies cardiaques, cancer du sein, alcoolisme, dépression, taux élevé de cholestérol… S’il y en a dans votre famille, vous êtes fichu.
La croyance du déterminisme génétique, telle qu’il a été enseigné traditionnellement, est simple. Vous naissez avec un adn qui vous est propre et qui est ensuite transcrit en arn, avant d’être transformé en protéine. Cependant, l’étude de l’épigénétique nous révèle de nouvelles théories qui remettent en question la notion toute entière de déterminisme.
Les scientifiques croient maintenant que des signaux externes — notamment l’alimentation, l’environnement dans lequel nous vivons, et même nos pensées et émotions — peuvent avoir un impact sur les protéines régulatrices qui déterminent comment, et même si, notre adn peut s’exprimer de certaines façons. En d’autres mots, les choses ne sont pas aussi tranchées que nous le pensions jusque-là.
La science s’intéresse de plus en plus à votre état physiologique lorsque vous croyez que vous allez guérir et lorsque vous croyez que vous allez tomber malade. Mais nos pensées liées à notre santé nous viennent souvent de notre enfance, où elles peuvent avoir été programmées dans notre esprit contre notre volonté.
Malheureusement, la plupart d’entre nous ne sommes pas programmés pour entretenir des pensées positives à propos de notre santé. Au contraire, dès notre enfance notre esprit est conditionné à l’aide de croyances qui nuisent aux efforts que nous déployons pour atteindre le plus grand bien-être et la meilleure santé possible. Des croyances telles que « J’attrape facilement des rhumes », « Je mange trop », « Je ne vivrai probablement pas très vieux » et « Le cancer est héréditaire dans ma famille » incitent l’esprit à enclencher des mécanismes physiologiques néfastes pour le corps.
Ces croyances programmées qui nous viennent de l’enfance ne s’appliquent pas uniquement à la santé physique, mais également à des jugements autodévalorisants tels que « Je n’en vaux pas la peine », « Je ne suis pas assez intelligent », « Je ne mérite pas de gagner beaucoup d’argent », « Je suis nul » ou « Personne ne m’aimera jamais ».
Étudions de plus près ce qu’est l’épigénétique
Il se trouve que le fait de modifier vos pensées peut transformer la façon dont votre cerveau communique avec le reste de votre corps, ce qui influence la biochimie de votre corps. Votre cerveau n’est pas le seul concerné par ce type de plasticité. Vous ne pouvez certes pas modifier votre adn, mais le biologiste cellulaire et auteur Dr Bruce Lipton affirme qu’en fonction de vos croyances vous pourriez être en mesure de modifier la façon dont votre adn s’exprime21.
Votre code génétique est une empreinte qui peut faire l’objet de millions d’interprétations différentes. Avant l’existence du Projet génome humain, les biologistes partaient du principe que nous avions au moins 120 000 gènes, un pour chaque protéine fabriquée dans notre corps. Ils ont donc été particulièrement surpris de découvrir que nous n’avions en réalité qu’environ 25 000 gènes, mais que ceux-ci pouvaient s’exprimer de diverses façons.
En fait, nous savons maintenant que chacun de ces 25 000 gènes peut s’exprimer d’au moins 30 000 façons par l’intermédiaire des protéines régulatrices, lesquelles sont influencées par leur environnement. (Vous voyez où je veux en venir !) Des études ont même révélé que des facteurs environnementaux pouvaient supplanter certaines mutations génétiques, modifiant considérablement la façon dont l’adn est exprimé. Ces gènes modifiés peuvent ensuite être transmis à la descendance, laquelle pourra présenter des caractéristiques plus saines, tout en transportant la même mutation génétique22.
L’étude du contrôle épigénétique révolutionne notre conception des gènes. Jusqu’ici, nous pensions que certaines personnes avaient eu la chance de recevoir de « bons gènes », et que d’autres avaient la malchance d’être ce que certains qualifient insensiblement de « cas désespérés ». En réalité, peu de maladies sont le résultat d’une seule mutation génétique. Moins de 2 % des maladies telles que la fibrose kystique, la maladie de Huntington, et la bêta-thalassémie, résultent de la présence d’un seul gène défectueux, et seulement 5 % environ des patients atteints de cancers ou de cardiopathies peuvent attribuer leur maladie à leur hérédité23. Les scientifiques découvrent actuellement que le génome est bien plus réceptif à l’environnement de la cellule que ce que le déterminisme génétique avait suggéré. Cela signifie que la majorité des maladies peuvent s’expliquer par des facteurs environnementaux auxquels les cellules sont exposées, notamment l’alimentation, les fluctuations hormonales, et même l’amour. Nous ne devons pas être des victimes de notre adn.
Le corps vu comme une boîte de Pétri
Intriguée par ce que j’avais appris dans le livre du Dr Bruce Lipton et curieuse d’en savoir plus, j’ai décidé de m’entretenir avec lui. Lors de notre conversation, il m’a expliqué qu’à titre de biologiste cellulaire, il effectuait ses recherches en labora-toire sur des cellules souches pluripotentes, cellules capables de devenir n’importe quoi en se développant. Dans le cadre de ses recherches, il a déposé une cellule dans une boîte de Pétri, dans un milieu de culture cellulaire, où elle s’est divisée en un grand nombre de cellules identiques sur le plan génétique. Le Dr Lipton a ensuite réparti les cellules dans trois boîtes de Pétri différentes, avant de les exposer à trois milieux de culture différents (donc trois environnements différents). Il a ainsi découvert que l’environnement auquel la cellule était exposée déterminait si celle-ci allait devenir une cellule musculaire, une cellule adipeuse ou une cellule osseuse. Même si toutes les cellules étaient génétiquement identiques, elles s’étaient exprimées de façons différentes. Le même adn génétique s’était exprimé sous la forme de cellules radicalement différentes.
Qu’est-ce qui a déterminé le sort de ces cellules ? Pas la génétique. Toutes étaient génétiquement identiques. La seule différence était l’environnement auquel le même adn était exposé. L’environnement cellulaire déterminait si une cellule allait ou non rester saine. Les cellules exposées à un « bon » environnement (un milieu de culture sain) bénéficiaient d’une santé optimale, et celles qui étaient exposées à un « mauvais » environnement (un milieu de culture malsain) tombaient malades.
Lipton a déclaré : « Si j’étais un allopathe traitant les cellules, je dirais que les cellules du milieu malsain sont malades. De toute évidence, celles-ci auraient besoin de médicaments. Mais ce n’est pas vraiment ce dont elles ont besoin. Si vous retirez les cellules malades du mauvais environnement et les mettez dans le bon environnement, elles se rétablissent tout naturellement — sans médicaments. »
Un jour, alors qu’il examinait des cellules dans son laboratoire, le Dr Lipton a eu une révélation : il a pris conscience que le corps humain n’était pas différent des cellules de son laboratoire. Selon lui, « l’humain n’est rien d’autre qu’une boîte de Pétri recouverte de peau et abritant une communauté de 50 billions de cellules. Que les cellules se trouvent dans notre corps ou dans la boîte de Pétri n’a pas d’importance. Le milieu de culture qui reçoit les cellules de notre corps est le sang qui les entoure et les nourrit. Modifier la composition du sang revient à changer le milieu de culture des cellules. Qu’est-ce qui détermine la composition du sang ? Le cerveau est le chimiste qui modifie l’environnement auquel nos cellules sont exposées. Le cerveau libère des neuropeptides, des hormones, des facteurs de croissance et autres éléments chimiques, ce qui reviendrait à injecter des éléments chimiques dans une boîte de Pétri à l’aide d’une pipette, et par conséquent à modifier le milieu de culture des cellules. »
Lorsque je lui ai demandé de quelle façon les croyances pouvaient modifier l’environnement cellulaire, le Dr Lipton m’a expliqué que le cerveau était perception, mais que l’esprit était interprétation. Tout dépend de la façon dont l’esprit interprète les événements de la vie. Par exemple, vous pouvez ouvrir les yeux et voir une personne. (Il s’agit de la perception objective de votre cerveau.) Votre esprit peut ensuite reconnaître cette personne comme étant quelqu’un de votre connaissance. (Il s’agit de l’interprétation de l’esprit.) Le cerveau libère alors de l’ocytocine, de la dopamine, des endorphines, et d’autres éléments chimiques positifs qui vont constituer le milieu de culture sain de toutes les cellules du corps, par l’intermédiaire du sang.
Si, à l’inverse, vous ouvrez les yeux et voyez une personne que votre esprit interprète comme étant menaçante, votre cerveau libère des hormones de stress et autres éléments chimiques liés à la peur qui auront pour effet d’endommager les cellules. Le Dr Lipton a déclaré : « Lorsque l’interprétation que l’esprit a de la maladie se détourne de l’idée de peur et de danger pour adopter des croyances positives, le cerveau réagit de façon biochimique, le sang modifie la culture cellulaire du corps, et les cellules changent à un niveau biologique. »
J’ai eu ma propre révélation lorsque le Dr Lipton m’a fourni cette explication. Soudain, tout devenait logique. Tout nous ramenait sans cesse vers les hormones et les neurotrans-metteurs expulsés par le cerveau en fonction de l’interprétation, par l’esprit, d’une chose comme étant positive (comme c’est le cas avec l’effet placebo), ou négative (comme avec l’effet nocebo). Lorsque nos croyances sont emplies d’espoir et d’optimisme, notre esprit libère des éléments chimiques qui plongent le corps dans un état de repos physiologique, lequel est principalement maintenu par le système nerveux parasympathique, et, dans cet état de repos, les mécanismes naturels d’autoguérison peuvent travailler librement à la réparation de ce qui a été endommagé dans le corps.
Par contre, si l’esprit entretient des croyances négatives, le cerveau les perçoit comme des menaces. De l’avis du cerveau, un lion vous court après, et il est temps de vous préparer à fuir. Lorsque les réactions de stress du corps sont activées, ce dernier ne s’intéresse nullement aux enjeux à long terme tels que le rajeunissement cellulaire, l’autoréparation ou la lutte contre les effets du vieillissement. Il est trop occupé à vous préparer à fuir la menace du lion qui vous pourchasse. Il ne voit aucun intérêt à mâchouiller des cellules cancéreuses ou à les transformer en nouvelles cellules toutes fraîches si vous êtes sur le point de vous faire manger.
Avec le temps, ces croyances négatives qui déclenchent de façon répétitive la réaction de stress finissent par avoir des conséquences. L’environnement cellulaire est empoisonné par les hormones de stress. Il n’est donc pas étonnant que le corps tombe malade et qu’il lui soit difficile de se réparer.
Ce qui s’est produit dans le ventre de votre mère a son importance
Des facteurs environnementaux peuvent influencer la façon dont notre adn s’exprime à partir de notre vie intra-utérine. Une grande variété de maladies affectant les adultes — notamment l’ostéoporose et la dépression — ont été liées à des influences subies lors du développement prénatal ou périnatal24. Une fois de plus, la notion toute entière de déterminisme génétique est remise en question.
Dans son ouvrage Life in the Womb, Dr Peter Nathanielsz explique qu’il existe de nombreuses preuves appuyant l’idée que la programmation de notre santé future basée sur les conditions de vie utérine est aussi importante, si ce n’est plus, que le rôle joué par nos gènes pour déterminer comment nous nous en sortirons aux niveaux mental et physique. Il qualifie cette vision restreinte de la génétique de myopie des gènes25.
L’affection que nous recevons pendant la première enfance façonne également notre cerveau de bébé en modifiant ses récepteurs, ce qui détermine la façon dont notre corps d’adulte réagira aux stimuli stressants, et dans quelle mesure ceux-ci risqueront de se transformer par la suite en maladies. En fait, l’absence de liens affectifs entre la mère et son bébé a non seulement des conséquences physiques sur ce dernier, mais peut également représenter une menace pour notre société en la prédisposant à la dépression, aux actes d’agression et à la consommation de drogues, mettant en péril la paix d’une culture toute entière26.
En d’autres mots, nos parents peuvent déjà façonner notre santé alors que nous ne sommes pas encore nés. Une quantité de maladies chroniques peuvent se développer lorsqu’un fœtus subit des influences environnementales néfastes27.
Votre inconscient
Nos parents façonnent également les croyances qui résident dans notre inconscient. Les croyances négatives de nos parents à notre encontre se trouvent involontairement programmées dans notre inconscient d’enfant. Il peut s’agir de croyances telles que : « Tu es faible » ou « Plus tard tu seras gros et diabétique ». Enfant, votre inconscient télécharge des croyances qui vous viennent de vos parents, de vos professeurs et d’autres personnes dont vous subissez l’influence, et votre esprit se remplit de programmes qui tourneront en boucle à moins que vous n’appreniez à reprogrammer votre inconscient. Habituellement, la conception de ces programmes est terminée lorsque l’on atteint l’âge de six ans, et peu de gens font l’effort d’examiner et de recréer leur programmation inconsciente. Si l’on considère que nous n’avons aucun pouvoir sur la façon dont cette zone puissante de notre cerveau est programmée pendant notre enfance, il n’est pas étonnant que la plupart des gens aient de la difficulté à changer des croyances restrictives et nuisibles qui peuvent porter atteinte non seulement à leur santé, mais également à tous les aspects de leur vie.
Même si l’esprit conscient de l’adulte que vous êtes devenu est habité de pensées positives et confiantes, vous fonctionnez dans 95 % des cas à partir de votre inconscient. Or, les croyances négatives stockées dans votre inconscient se rappellent à vous dès l’instant où vous n’êtes plus concentré sur des pensées positives, et elles deviennent les données par défaut. Par conséquent, elles se mettent en route lorsque vous dormez, que vous travaillez, ou dès que vous ne répétez pas en toute conscience vos affirmations positives. De telles croyances peuvent ensuite activer un type d’effet nocebo, car si votre inconscient croit que vous allez tomber malade, votre cerveau perçoit une menace, ce qui déclenche la réaction de stress. Avant que vous ayez le temps de vous en apercevoir, votre corps s’est mis en branle pour fuir ce qu’il perçoit comme un lion menaçant, ce qui provoque de la souffrance physique.
La pensée positive n’a pas la même puissance que l’inconscient. En effet, combien de fois avez-vous lu des livres de croissance personnelle, assisté à des ateliers, pris de bonnes résolutions pour la nouvelle année et juré d’améliorer votre vie, pour constater un an plus tard que rien n’a vraiment changé ? Parce que notre conscience ne fonctionne qu’à 5 %, elle a peu de pouvoir face à la remarquable influence de l’inconscient. Pour modifier vos croyances de façon durable, vous devez les modifier non seulement au niveau de votre conscience, mais également de votre inconscient.
Prenez garde à ce que vous programmez chez votre enfant
Nombre d’entre nous sommes programmés, dès notre plus jeune âge, pour entretenir des pensées incapacitantes à propos de notre santé. Nos parents nous éduquent rarement dans l’idée que notre esprit a le pouvoir de guérir, ou de faire souffrir, notre corps. Nous sommes plutôt programmés pour croire que ce qui se passe dans notre corps n’est pas de notre ressort, et que nous n’avons donc que peu, ou pas, d’influence sur notre santé.
Enfants, nous avons presque tous appris qu’il fallait se rendre chez le médecin pour être traités lorsque notre corps était malade. Lorsqu’un enfant tombe et s’écorche le genou, ses parents diront rarement : « Alors chéri, maintenant ton genou va concentrer son énergie pour se guérir lui-même. » Quelle drôle d’idée ! Nous nous précipitons plutôt vers la pharmacie pour couvrir son genou de pommades et de pansements. Non pas que ceux-ci soient problématiques, mais ils enseignent à l’enfant que son corps dépend de traitement extérieurs et non des mécanismes d’autoréparation qu’il possède naturellement en lui. Par conséquent, devenus adultes nous pensons que nous n’avons pas la capacité de modifier notre santé, alors que, dans ce domaine, notre pouvoir est infini.
J’ai moi-même reçu ce genre de programmation. Enfant, j’avais un faible pour les aliments salés, et pas pour les sucreries. J’adorais les soupes, les chips, le fromage, tout ce qui avait un goût prononcé, et ma mère ne cessait de m’avertir que, si je mangeais trop de sel, je ferais de l’hypertension à l’âge adulte. Personne dans ma famille ne souffrait d’hypertension. En fait, mon père et ma mère avaient même une tension artérielle particulièrement faible. Mais mon inconscient était programmé pour croire qu’en grandissant, je ferais de l’hypertension.
Ce ne fut donc pas une surprise lorsque la jeune fille mince de 20 ans que j’étais, et qui n’avait aucun antécédent de problèmes de ce genre, a reçu un diagnostic d’hypertension.
Ce n’est que des années plus tard, lorsque j’ai commencé à étudier le pouvoir des croyances positives et négatives, que j’ai compris ce qui avait été créé par les seules croyances de mon inconscient. Pouvait-il s’agir d’une coïncidence ? Étais-je destinée à souffrir d’hypertension ? Peut-être. Personne ne peut le dire avec certitude. Mais cela suscite des interrogations…
Imaginez que les parents programment les jeunes inconscients impressionnables à l’idée qu’ils ont des superpouvoirs d’autoguérison leur permettant de combattre les maladies et de faire régner la santé, au lieu de leur enseigner que les maladies doivent être obligatoirement traitées par des médicaments et de se précipiter avec eux chez le médecin où leur vaccin les attend. Imaginez à quel point notre inconscient serait un lieu sain.
Ce que j’ai appris a transformé ma façon d’éduquer ma fille Siena. Lorsqu’elle avait trois ou quatre ans, alors que je n’avais pas encore toutes ces données en main, mon mari Matt plaisantait avec Siena lorsqu’elle tombait malade ou se faisait une petite blessure. Reproduisant une sirène d’ambulance, il courait avec elle dans les bras en criant : « Vite, que quelqu’un appelle une ambulance ! Nous devons conduire Siena à l’usine d’enfants pour lui mettre une nouvelle jambe ! » (ou une lèvre, ou un nez…) Elle riait, et nous recouvrions sa blessure d’un pansement ou l’emmenions chez le médecin. Mais le message que nous envoyions à son inconscient, sans nous en rendre compte, était en fait : « Tu dois aller à l’usine d’enfants pour aller mieux. » Avec ce type de programmation, il lui aurait été difficile, à l’âge adulte, d’accepter l’idée que son corps puisse se réparer de lui-même.
Jusqu’à ce que j’entame mes recherches sur le processus d’autoguérison, Matt et moi n’avions aucune idée que notre comportement pouvait nuire à la santé et au bien-être de Siena. De toute évidence, ma propre mère ne souhaitait que la santé et le bonheur de ses enfants. La plupart d’entre nous ne prenons tout simplement pas conscience que nous programmons nos enfants, ni que nos actes ont des conséquences importantes sur leur vie future.
Depuis, Matt et moi ne parlons plus de la même façon des maladies, des blessures et du processus de guérison. Si notre fille se réveille avec un mal de ventre, nous lui rappelons qu’elle a le pouvoir de se guérir elle-même, et nous lui proposons souvent un placebo — bonbon contre la toux ou Tic Tac —, ou encore un médicament contre le rhume ou un remède homéopathique. En lui donnant la petite pilule en question, nous lui rappelons : « C’est juste pour t’aider à te guérir toi-même. »
Lorsque nous avons modifié notre comportement, Siena s’est mise à parler différemment de la maladie et des blessures. Si elle tombait et s’écorchait le genou, elle se relevait immédiatement en me lançant : « Ne t’en fais pas maman, mon genou sait comment se guérir. »
Mon mari et moi n’avons jamais privé notre enfant de traitement médical lorsqu’elle en avait besoin, et ce n’est pas du tout ce que je préconise. Si, Dieu nous en préserve, notre fille devait être atteinte d’une maladie grave, nous nous précipiterions chez le médecin. Mais nous avons remarqué qu’elle n’avait pratiquement jamais besoin d’y aller à part pour les visites de routine. En outre, elle se remet maintenant beaucoup plus vite des rhumes et grippes qu’elle ramène de l’école. Peut-être qu’une fois adulte il lui sera plus facile, grâce à la programmation que nous aurons faite de son inconscient, de déjouer les résistances de son cerveau face au processus d’autoguérison.
Et vous ? Admettons que vos parents n’aient pas programmé votre inconscient à croire qu’il pouvait se soigner lui-même ? Peut-être avez-vous envie de croire que votre esprit a le pouvoir de guérir votre corps, mais que vous n’y parvenez pas. Si vous vous sentez découragé, ne perdez pas espoir. La bonne nouvelle est que les sentiments négatifs à propos de la santé, qui déclenchent l’effet nocebo et les problèmes de santé, peuvent être reprogrammés. (Pour en savoir plus sur la façon de transformer des croyances inconscientes négatives en croyances positives, reportez-vous au chapitre 10.)
L’ensorcellement médical
Une fois nos croyances modifiées dans notre inconscient, nous optimisons le milieu de culture de la communauté de cellules qui constituent le corps humain, transformant ainsi la façon dont notre adn s’exprime. Nous ne sommes pas victimes de nos gènes. Nous sommes maîtres de notre destinée.
Toutes les preuves dont je disposais à l’issue de mes recherches étaient tellement convaincantes que je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable à l’idée de ne pas avoir su tout cela plus tôt. Lorsque j’avais prononcé le serment d’Hippocrate, j’avais promis « […] de ne jamais prendre, pour mes patients, le risque d’une erreur qui pourrait mettre leur santé en péril. » J’ai commencé à me sentir coupable d’avoir peut-être porté atteinte à la santé de mes patients, d’une part en ne les ayant pas conscientisés au fait que leurs croyances pouvaient se concrétiser physiquement, et d’autre part en projetant sur eux mes propres croyances.
Lorsque nous énonçons des statistiques telles que « 9 personnes sur 10 atteintes de votre maladie décèdent dans les 6 mois » ou « Vos chances de vivre encore 5 ans sont de 20 % », sommes-nous si loin que cela des pratiques vaudous des anciennes cultures ? Nos paroles ne reviennent-elles pas à leur jeter un sort, à déclencher dans leur esprit des réactions de peur et à inciter l’activation des réactions de stress, au moment où le corps a le plus besoin d’émettre des réactions de détente ?
Lorsque nous déclarons nos patients « incurables » ou lorsque nous leur apposons l’étiquette d’une maladie « chronique » telle que la sclérose en plaques, la maladie de Crohn ou l’hypertension, en les avertissant qu’ils en seront affligés toute leur vie, ne sommes-nous pas fondamentalement nocifs pour eux ? Quelle preuve avons-nous qu’ils ne pourraient pas faire partie des cas qui se retrouvent dans le Projet rémission spontanée après qu’ils aient été guéris d’une maladie soi-disant incurable ?
Dans son livre Spontaneous Healing, Dr Andrew Weil affirme que les médecins peuvent pratiquer inconsciemment ce qu’il appelle un « ensorcellement médical ». Lorsque nous déclarons qu’un patient souffre d’une maladie « chronique », « incurable » ou « terminale », il est possible que nous programmions son inconscient à l’aide de croyances négatives et que nous activions les réactions de stress qui lui feront plus de mal que de bien. En attribuant à nos patients un pronostic négatif, et en les privant de l’espoir qu’une guérison puisse être possible, nous risquons fort de prouver que ce pronostic était exact. Ne serait-il pas préférable que nous leur offrions plutôt de l’espoir et que nous incitions ainsi leurs esprits à produire des éléments chimiques bons pour la santé et visant à favoriser les mécanismes d’autoréparation du corps ?
Lorsqu’un mélanome métastatique, accompagné de métastases au cerveau et au foie, a été diagnostiqué à mon père, les perspectives étaient limitées. En tant que médecins, mon père et moi connaissions les statistiques : moins de 5 % des patients ayant les mêmes symptômes vivaient jusqu’à 5 ans, et la plupart décédaient dans les 3 à 6 mois.
En y repensant, et avec ce que je sais maintenant, j’aurais aimé ne pas connaître ces statistiques lorsque nous avons découvert que mon père avait un mélanome au cerveau. La simple pensée de ces chiffres nous a retiré tout espoir. Nous ne nous sommes jamais attardés sur les 5 % qui parvenaient à survivre. Et qui peut prétendre que mon père n’en aurait pas fait partie ? Mais nous ne pensions qu’aux 95 % qui décédaient, habituellement très vite.
Tout ce que j’ai appris depuis m’a permis de savoir que les médecins qui informaient leurs patients de ces statistiques pouvaient en fait leur nuire sans qu’ils s’en rendent compte. Nous ne pouvons pas prévoir l’avenir. Nous n’avons aucun moyen de savoir quel patient fera mentir les statistiques et lequel succombera rapidement. Nos intentions sont pures. Nous sommes motivés par l’honnêteté, par un engagement à rendre notre patient autonome, et par un désir de le préparer au pire pour qu’il ne perde pas son temps dans le déni.
Mais si ce patient était précisément celui qui n’allait pas mourir, lui avons-nous rendu service en l’avertissant d’une chose qui pourrait ne jamais se produire ? Notre désir de divulgation complète vaut-il la peine d’anéantir tous ses espoirs et de faire voler en éclats toutes ses croyances dans le seul but qu’il soit « réaliste » à propos de son pronostic ?
Je ne dis pas que nous devrions réintroduire l’ancien modèle paternaliste : « Ne vous en faites pas ma petite madame, tout va bien aller. » Au début du XXe siècle, les médecins cachaient leurs maladies à leurs patients en invoquant le fait que, s’ils le savaient, ils en mourraient.
Non. L’honnêteté et la collaboration sont les piliers de la relation médecin-patient et ne sont pas à remettre en question. Mon modus operandi est le suivant : éduquer les gens, leur redonner leur pouvoir et leur divulguer toute l’information. Mais je remets en question la façon dont nous leur transmettons l’information. Ne serait-il pas logique, pour chacun de nous — soignants et patients —, de modifier nos modes de pensée et de communication afin de donner au corps le plus de chances possibles d’être en bonne santé ?
À titre de médecin, voici ce que j’ai appris : quelque part, à l’intersection entre espoir, optimisme, soins attentifs et collaboration totale, réside la recette de la guérison.