le facteur de guérison qui peut faire toute la différence
Tout le secret du traitement réside dans l’intérêt que l’on porte au malade.
francis peabody
Je me souviens d’un jour où ma mère m’a appelée pour se plaindre de douleurs intenses à l’abdomen. Elle souffrait de ballonnements et de diarrhées depuis la mort de mon père, mais cette douleur-ci était nouvelle. Elle avait l’air effrayée. Je l’ai donc rassurée du mieux que je pouvais malgré les 5 000 kilomètres qui nous séparaient.
Puis j’ai passé en revue les différents diagnostics possibles dans ma tête. Était-ce sa vésicule biliaire ? Un ulcère hémorragique ? Le pancréas ? Une version étrange de l’appendicite ? Une occlusion intestinale ? Une hernie hiatale ? Du reflux ?
Je lui ai ensuite posé toutes les questions d’usage. Avait-elle de la fièvre ? Des vomissements ? Quand était-elle allée à la selle pour la dernière fois ? Avait-elle des gaz ? Avait-elle faim ?
Ses réponses m’ont amenée à conclure qu’il ne s’agissait pas d’une urgence médicale. Je l’en ai informée, en lui conseillant cependant de consulter son médecin traitant. Quelques minutes plus tard, elle m’a rappelée. Son médecin lui demandait d’aller le voir sans attendre.
Le chemin était long pour se rendre jusqu’au cabinet du médecin — pratiquement une heure. À mi-chemin, ma mère m’a appelée et je lui ai demandé comment elle se sentait. La douleur s’était un peu estompée. Quinze minutes plus tard, alors qu’elle était presque arrivée chez le médecin, elle m’a rappelée pour me dire : « Tu me croiras si je te dis que cette satanée douleur a quasiment disparu ? »
Lorsqu’elle est arrivée chez le médecin, elle n’avait plus mal.
Ma mère m’a confié : « Cela m’arrive tout le temps. Je voudrais que les symptômes soient assez intenses lorsque je vais chez le médecin pour qu’il me voie dans les moments les plus difficiles et puisse déterminer ce qui ne va pas, mais, la plupart du temps, ils disparaissent avant même que je le voie. »
Bingo.
Le médecin de ma mère n’a jamais su quelle était l’origine de ses douleurs, mais ma conversation avec elle m’a permis d’élaborer une théorie. Ma mère fait confiance aux médecins. Elle croit qu’ils ont le pouvoir de la soulager. Plusieurs fois, alors qu’elle se sentait mal, une visite chez le médecin suffisait pour qu’elle aille mieux. Son esprit est fermement convaincu que les médecins vont l’aider. Et parce qu’elle choisit son personnel soignant avec soin, elle apprécie vraiment ces personnes et se sent aimée en retour.
Mais l’amélioration physique qu’elle ressent lorsqu’elle va consulter son médecin n’est-elle pas principalement le résultat de l’influence que son esprit a sur son corps ? Lorsqu’elle l’appelle pour prendre un rendez-vous, son esprit enregistre peut-être les notions de détente, d’espoir, d’optimisme, de tendresse et de conviction que la guérison est en cours ? Son cerveau pousse alors un énorme soupir de soulagement. Ses pensées ferment la porte aux réactions de stress qui l’avaient envahie lorsque la douleur était initialement apparue, la perspective de voir son médecin provoque une réaction de détente, le corps se relâche, et ses mécanismes naturels d’autoréparation sont activés. Avant même qu’elle s’en rende compte, son corps a pris le problème en charge, et voilà ! Les symptômes ont disparu.
La visite chez le médecin semble avoir résolu le problème, mais le véritable héros est son esprit.
Je n’entends évidemment pas diminuer le travail que font les médecins. Lorsque mon mari s’est coupé deux doigts avec une scie circulaire, et que son médecin, Dr Jonathan Jones, les a recousus à l’aide de techniques microchirurgiques avancées, Matt et moi étions plus que reconnaissants. Cet homme brillant, qui était normalement en vacances ce jour-là, s’est servi d’un microscope pour recoudre chaque artère, nerf et os des doigts de Matt pour que mon mari, un artiste et écrivain, puisse continuer à se servir de ses mains. J’ai ressenti une telle gratitude à l’égard de mon collègue médecin que je lui ai peint un tableau pour lui manifester tout mon respect à l’égard des compétences, de l’amour, de l’engagement et du dévouement dont il a fait preuve à l’égard de mon mari.
Mais ma reconnaissance envers Dr Jones ne m’empêche pas de penser que c’est à lui-même que Matt doit principalement son rétablissement. Dès le début, il a été convaincu que ses doigts seraient recousus et qu’ils pourraient ensuite fonctionner comme avant. Il avait une confiance totale en la médecine moderne, et avoir les deux doigts coupés ne l’a pas empêché de me dire, en me regardant droit dans les yeux : « Tout va bien se passer. » Il n’a ressenti aucune douleur durant l’incident, probablement parce que son corps était inondé d’endorphines qui annihilent la douleur, et il a été soulagé lorsque les ambulanciers sont arrivés. Ma seule théorie est que son cerveau libérait des hormones de guérison et des éléments chimiques bénéfiques qui ont contribué à son rétablissement, facilitant ainsi le travail de Dr Jones ; la vérité étant qu’il fallait bien quelqu’un pour recoudre ces deux doigts. Ils n’allaient pas se souder tout seuls.
Lorsque les médecins nous sauvent, plus particulièrement face à des traumatismes ou maladies qui menacent notre vie ou nos bras et nos jambes, il est tentant de les mettre sur un piédestal et de considérer que cette réussite leur est entière-ment attribuable. Oui, certains médecins sont remarquablement doués, et leur travail permet d’accélérer le processus de guérison pour que le corps puisse faire son travail d’autoréparation. Mais lorsque le chirurgien extraie une tumeur, prescrit un antibiotique ou remet en place un os cassé, nous dépendons toujours des mécanismes d’autoréparation du corps pour terminer le travail. Après l’intervention, le corps de Matt devait encore faire fusionner ses os et guérir les coupures au niveau de ses artères et de ses nerfs. Dr. Jones a permis à son corps de s’autoréparer.
Je veux insister sur le fait que, lorsque je parle de la capacité de notre corps à s’autoréparer, je ne suggère en aucun cas que nous devrions tourner le dos aux avancées de la médecine moderne. Même si je crois que le corps a une capacité remarquable d’autoguérison, je crois aussi que nous ne devrions pas nous attendre à ce qu’il fasse tout lui-même, et je crois qu’il lui est même possible d’échouer si nous attendons trop de lui.
Tandis que ma mère n’avait peut-être pas eu besoin de son médecin pour soigner ses douleurs abdominales, Matt avait clairement eu besoin du Dr Jones. Il nous arrive de nous fier à la technologie que la médecine moderne a à nous offrir, mais pas dans tous les cas. Une chose est sûre : dans un scénario comme dans l’autre, trouver la bonne personne pour vous soutenir tout au long de votre processus de guérison est essentiel, comme le confirment les données scientifiques que j’ai eu l’occasion d’étudier.
Le médecin comme traitement
Les patients se rétablissent, au moins en partie, parce qu’ils croient au pouvoir de la médecine moderne et s’attendent à être soulagés lorsqu’ils consultent des médecins ou autres spécialistes de la santé auxquels ils se fient. Ma mère et Matt ne sont pas les seuls à avoir foi et confiance en la médecine. Beaucoup de gens vivent des réactions conditionnées similaires lorsqu’ils voient un médecin. Les patients s’habituent à se sentir mieux à la suite d’une visite chez leur médecin, et leur esprit peut même commencer à faire des miracles avant que la rencontre thérapeutique ait eu lieu, et même en l’absence d’intervention thérapeutique en tant que telle.
Que nous disent à ce sujet les données scientifiques ?
En me replongeant dans la littérature médicale, j’ai appris qu’une bonne relation thérapeutique pouvait être en grande partie responsable des réactions positives des patients traités par des placebos. Selon les scientifiques, absorber soi-même des placebos, sans la participation du médecin, n’aurait pas le même effet. Pour que le placebo soit véritablement efficace, il doit être administré par une personne à laquelle le patient accorde une grande confiance.
Lors d’une interview à la radio npr, Ted Kaptchuk, directeur du Program in Placebo Studies and the Therapeutic Encounter (PiPS), a déclaré : « Une pilule de sucre n’a aucun effet. En revanche, un contexte propice à la guérison, des rituels visant la guérison, et une relation humaine bienveillante ont des effets positifs. Ceci étant dit, la pilule placebo et l’injection saline sont de formidables outils qui nous permettent d’isoler ce qui se trouve habituellement en arrière-plan pour le séparer des médications et des procédures propres à la médecine, et d’étudier uniquement la façon dont les soins sont prodigués. C’est, je crois, à ce moment-là seulement que nous étudions les effets placebos1. »
Lorsqu’on lui a demandé comment, en tant que scientifique, il justifiait sa pratique de l’acupuncture lorsque la plupart des essais cliniques contrôlés randomisés ne l’estimaient pas plus efficace que le placebo, Ted Kaptchuk, qui a été formé à titre de praticien de médecine chinoise et d’acupuncteur, a répondu : « Parce que je suis vraiment bon dans mon domaine. C’est la terrible vérité. Si vous avez besoin d’aide et venez me voir, vous irez mieux. Des milliers de personnes l’ont fait. Parce que, en bout de ligne, ce ne sont pas les aiguilles qui importent vraiment. C’est l’homme qui les pose sur votre corps2. »
Son opinion se confirme dans un article qu’il a coécrit et qui est paru dans le New England Journal of Medicine, au sujet des asthmatiques. Dans l’étude à laquelle il fait référence, des personnes souffrant d’essoufflements ont été divisées en quatre groupes : ceux traités avec un inhalateur de salbutamol (traitement habituel contre l’asthme), ceux traités à l’aide d’un faux inhalateur (placebo), ceux traités avec un faux traitement d’acupuncture (encore placebo), et ceux n’ayant reçu aucun traitement. Tous les patients traités ont obtenu les mêmes résultats : environ 50 % des personnes ayant reçu l’inhalateur de salbutamol, le faux inhalateur et le faux traitement d’acupuncture ont affirmé se sentir mieux, comparativement à une amélioration 21 % chez celles qui n’avaient reçu aucun traitement.
Mais à l’inverse d’autres études, qui ont prouvé la présence de réactions physiologiques coïncidant avec le soulagement des symptômes, lorsque les chercheurs de cette étude ont mesuré les fonctions respiratoires des asthmatiques, les réactions physiologiques de ces derniers n’étaient pas à la hauteur de leur ressenti subjectif. La fonction respiratoire mesurée chez les sujets ayant reçu un faux traitement d’acupuncture, un faux inhalateur et n’ayant subi aucun traitement a enregistré une amélioration de 7 %, comparativement à 20 % pour les utilisateurs d’inhalateur de salbutamol3.
Pourquoi ces asthmatiques se sentait-ils mieux alors que leur corps ne manifestait aucune réaction physiologique pouvant expliquer l’amélioration clinique ? Peut-être se sentaient-ils mieux non pas grâce au salbutamol, à la fausse séance d’acupuncture ou au faux inhalateur, mais parce que quelqu’un montrait de l’intérêt pour eux. Et si les patients n’étaient pas traités par le médicament lui-même mais par les soins prodigués par le personnel soignant ? Il est possible que les groupes de traitement aient ressenti le même soulagement parce qu’ils ont reçu les mêmes soins, et peut-être que ces derniers sont plus importants que le médicament ou le traitement en lui-même.
L’asthme peut différer du cancer. Lorsque vous luttez contre une maladie mortelle, ce n’est pas tant le soulagement des symptômes qui vous motive que votre rémission. Le cancer a-t-il disparu ou non ? Et si le soulagement des symptômes et la rémission étaient liés à l’expérience thérapeutique et à sa relation à l’égard de l’esprit, aux dommages provoqués par la réaction de stress et au pouvoir de guérison de la réaction de détente ?
J’ai supposé qu’il existait là un lien puissant, mais, une fois de plus, il me fallait des preuves.
La preuve que des soins attentifs font une différence
À cette étape de mes recherches, je soupçonnais fortement qu’une grande part de l’effet placebo était attribuable à l’attention prodiguée par le personnel soignant. Et je commençais à croire que l’absence de soins attentifs — surtout chez les gens qui ont une confiance aveugle en la médecine — pouvait déclencher des effets nocebo. Mais quelles en étaient les répercussions précises, et pouvait-on prouver que le comportement ou les croyances du donneur de soins avait une influence sur la santé du patient ?
Dr Lawrence Egbert a mené, à la faculté de médecine de Harvard, une étude qui a été publiée dans le New England Journal of Medicine. Dans cette étude, des patients étaient divisés aléatoirement en deux groupes préopératoires. Le premier devait rencontrer des anesthésistes optimistes et enjoués les assurant que leur opération n’était qu’une formalité, qu’ils ne souffriraient pas et que tout se passerait comme sur des roulettes. Le second groupe, moins chanceux (les pauvres !) était suivi par des anesthésistes désagréables et pressés. (En fait il s’agissait des mêmes que pour le premier groupe !) Ceux qui avaient bénéficié de la présence des anesthésistes optimistes ont eu besoin de deux fois moins d’antidouleurs et ont pu rentrer chez eux 2,6 jours plus tôt4.
L’optimisme des médecins est également important. Intrigué par un commentaire qu’il avait entendu, et qui disait en substance : « Dr Smith obtient d’excellents résultats parce que c’est une personne très positive », Dr K. B. Thomas a mené une étude pour déterminer si l’attitude positive d’un médecin pouvait influencer la santé de ses patients. Son étude, effectuée à l’Université de Southampton et publiée dans le British Medical Journal, évaluait 200 de ses patients qui ne se sentaient pas bien, mais dont les examens ne révélaient rien d’anormal. Les patients ont été sélectionnés de façon aléatoire pour recevoir l’un des quatre types de consultations suivantes : une consultation menée de « façon positive », avec et sans traitement, et une consultation menée de « façon non positive », avec et sans traitement. Quelque 64 % des personnes ayant bénéficié de la consultation positive ont vu leur état s’améliorer, comparativement à 39 % pour celles concernées par la consultation non positive. Cette étude a révélé que le rétablissement du patient pouvait être accéléré par des paroles suggérant qu’il irait « mieux d’ici quelques jours », et s’il recevait un traitement, par des affirmations telles que « le traitement va certainement vous soulager. » À l’inverse, des paroles négatives telles que : « Je ne suis pas sûr que ce traitement aura un effet » provoquaient un ralentissement du rétablissement5. Dr Thomas en a tiré la conclusion suivante : « Le médecin en lui-même s’avère un agent thérapeutique puissant. Il est le placebo, et son influence se ressent dans une mesure plus ou moins grande à chacune des consultations6. »
L’optimisme et les paroles positives sont donc essentiels, mais la confiance l’est également. Des effets nocebo peuvent se produire lorsqu’un patient se méfie du personnel médical et des thérapies qu’il pratique7. J’ai travaillé dans une clinique de santé publique de San Diego où la plupart des patients étaient des réfugiés somaliens. Venant d’une culture où la pratique de la médecine était considérablement différente, nombre de mes patients se méfiaient sérieusement des médecins américains et des traitements qu’ils leur prescrivaient. J’ai remarqué, chez cette population, beaucoup plus d’effets secondaires à la prise de traitements courants et a priori inoffensifs, comme les vitamines prénatales, que chez les patients américains. Même si je faisais mon maximum pour gagner la confiance de ces patients, je suppose qu’ils ressentaient ces effets secondaires parce qu’ils nous soupçonnaient de vouloir les empoisonner.
Ce que croit votre médecin a également son importance. Dans le cadre d’une étude publiée dans le Lancet, des chercheurs ont examiné le rôle joué par les endorphines dans la façon dont les placebos soulagent la douleur, et ils sont arrivés à la conclusion que, malgré l’utilisation d’une procédure en double aveugle, les attentes des médecins influençaient les réactions des patients aux injections de fentanyl, naloxone ou placebo8. Si le médecin croit qu’un certain traitement ne fonctionnera pas, celui-ci peut en effet s’avérer moins efficace.
Une autre étude, menée par le National Institute of Mental Health, a évalué 250 patients dépressifs divisés aléatoirement en quatre groupes. Tous les patients suivaient l’un des traitements suivants pendant 16 semaines : psychothérapie interpersonnelle, thérapie cognitive du comportement, antidépresseur à base d’imipramine ou placebo. Dans le cadre d’une sous-étude de ce projet, des chercheurs de Georgetown ont filmé les interactions des médecins avec les patients et ont ensuite demandé à des évaluateurs experts de prédire quels patients allaient voir leur état s’améliorer.
Il est surprenant que ces évaluateurs aient pu faire ces prévisions en se fondant sur la relation médecin-patient, et sans avoir connaissance des traitements reçus par les patients. En outre, la relation entre les deux parties n’était pas la seule en cause puisque les croyances du médecin relativement au pronostic émis pour le patient se sont avérées cruciales. Si un médecin croyait que l’état de son patient allait s’améliorer, celui-ci avait plus de chances d’aller mieux que si son médecin n’avait pas été aussi positif9. Ces conclusions sur l’importance de ce que pense le médecin se retrouvent dans de nombreuses autres études, lesquelles ne se limitent pas au domaine de la santé mentale.
Il n’est pas surprenant d’apprendre que la personnalité du médecin a également son importance. Une étude de la faculté de médecine de Harvard, publiée dans le British Medical Journal, a démontré que la réaction aux placebos passait de 44 à 62 % lorsque le médecin traitait ses patients avec « chaleur, attention et confiance ». Parmi un troisième groupe de contrôle constitué de personnes se trouvant sur une liste d’attente et ne recevant aucun soin médical, seulement 28 % ont fait l’expérience d’une amélioration10.
Un soutien approprié, associé à une croyance positive, peut même provoquer une guérison inexplicable. Au début des années 50, Dr Albert Mason, membre du Queen Victoria Hospital de Londres, a traité un adolescent dont la peau était épaisse et craquelée sur la plus grande partie de son corps. Il s’agissait a priori d’un cas sévère de verrues, et parce que l’hypnose s’était révélée une méthode efficace par le passé pour soulager ce genre de symptôme, Dr Mason était convaincu qu’elle pouvait l’être sur son patient, en dépit du stade avancé de sa maladie11.
Convaincu que son esprit possédait les capacités pour guérir les verrues, Dr Mason s’est mis à la tâche. À la première séance, Dr Mason s’est concentré sur les bras du garçon, l’hypnotisant, puis le guidant afin qu’il visualise ses bras avec une peau saine et rose. Après plusieurs séances, la peau est redevenue presque normale, à la surprise et l’admiration des pairs de Dr Mason. Mais celui-ci n’était pas étonné. Il croyait du fond de son âme que son esprit pouvait guérir le corps, du moins pour le cas sévère de verrues.
Lorsque l’adolescent a été reçu par son chirurgien, qui avait tenté sur lui, sans succès, des greffes de la peau, ce dernier a été surpris de constater que son patient n’avait plus de problème de peau, d’autant plus étonné qu’il l’avait mal diagnostiqué puis-qu’il souffrait en réalité d’une maladie génétique grave et potentiellement létale, du nom d’ichtyose congénitale.
Même s’il n’avait jamais été prouvé que l’esprit pouvait guérir une ichtyose congénitale, Dr Mason et cet adolescent croyaient que l’hypnose pouvait fonctionner. Et ce fut le cas.
La nouvelle s’est répandue, et ceux qui souffraient de la même maladie allèrent consulter Dr Watson, qui s’efforça de les aider. Mais il fut incapable de reproduire les mêmes résultats, et il en imputa la responsabilité à son propre manque de conviction. Il croyait que l’hypnose pouvait soigner les verrues, mais il doutait de l’efficacité de cette méthode sur une maladie génétique plus grave, même si elle avait déjà fait ses preuves.
Le rituel de la médecine
Une pilule de sucre, bien qu’elle puisse être efficace, reste une pilule de sucre. Elle n’a rien de magique. Tandis que certains traitements, comme l’opération de la main subie par mon mari, réparent le corps de telle façon que celui-ci ne peut pas être le seul impliqué dans son rétablissement, d’autres font à peine appel à la puissante capacité qu’a notre esprit d’optimiser la santé de notre corps, et le soutien d’un professionnel de la santé fait toute la différence.
Certaines études — comme celle de K. B. Thomas — vont jusqu’à suggérer que le médecin est en fait le placebo, et que le rôle qu’il va jouer est ce qui déclenche ou non la réaction d’auto-guérison12. Ce que nous avons appris à propos de l’effet placebo, comme l’explique lui-même Ted Kaptchuk, est que le placebo décrédibilise les traitements censés nous guérir — les antibiotiques, l’opération du genou, les antidouleurs, l’intervention cardiaque — ramenant la médecine à quelque chose de thérapeutique qui ne repose plus autant sur les médicaments et sur la chirurgie. Si l’on retire à la médecine son emprise biochimique, elle redevient ce qu’elle était avant que des traitements hautement efficaces, comme l’opération de Matt, n’existent — le rituel de la médecine, la signification que nous attribuons au traitement médical et les soins reçus d’une personne dévouée à notre mieux-être.
Parce que dans notre culture occidentale moderne le rôle du médecin revêt une telle importance, le soutien d’un professionnel de la santé peut avoir encore plus de poids que le même soutien provenant d’un thérapeute, d’un acupuncteur, d’un prêtre, ou d’une autre présence attentionnée. La situation n’est peut-être pas la même dans d’autres cultures qui attribuent le plus grand pouvoir guérisseur à un chaman, à un praticien de médecine chinoise, ou à une femme médecin.
J’ai un jour interrogé une professionnelle de la santé — appelons-la Dre M. — qui m’a confié : « Je sais que mon amour est ce que j’offre de plus précieux à mes patients. » Elle m’a relaté l’histoire d’une patiente qui souffrait de douleurs névralgiques intenses touchant 90 % de son corps. Elle avait consulté des dizaines de médecins et un certain nombre de praticiens de médecines alternatives, mais aucun ne l’avait soulagée. Puis, un jour, elle a rencontré Dre M., qui lui a prescrit de l’huile de poisson et de la vitamine B. Dre M. m’a confié qu’elle avait prescrit ces suppléments à sa patiente principalement en guise de placebo, car il n’existait aucune preuve de leur efficacité sur les douleurs névralgiques. En parallèle, elle lui a prodigué des soins attentifs et lui a offert son oreille attentive sans compter les heures.
Peu de temps après, la patiente est tombée très amoureuse d’un jeune homme, et elle est rapidement retournée voir Dre M. pour lui apprendre que sa douleur avait disparu. Elle attribuait sa guérison à l’huile de poisson et aux vitamines B, les qualifiant de traitement miracle.
Cependant, Dre M. m’a confié : « Je savais que les vitamines n’étaient pas responsables de cette guérison. Je crois plutôt que l’amour de ce jeune homme — combiné à mes soins — est ce qui l’a véritablement guérie. »
Les mécanismes qui font l’efficacité des soins attentifs
Comment les soins attentifs et les croyances positives d’un professionnel de la santé peuvent-ils améliorer la santé du patient ? Cette question nous ramène à la réaction de stress génératrice de maladies et à la réaction de détente facilitant l’autoréparation du corps. Lorsqu’un patient qui a une image positive de son médecin se sent soutenu, rassuré, accompagné et en confiance, la réaction de stress ne peut pas avoir lieu. La réaction de détente est déclenchée, et le patient commence immédiatement à se sentir mieux.
Imaginez que l’on vous diagnostique un cancer. À la minute où vous entendez le mot cancer, vos réactions de stress de fuite ou de combat se mettent en branle. La glande surrénale sécrète du cortisol. Le système nerveux sympathique s’active. Le mot cancer est interprété par l’esprit comme une menace mortelle, même si la menace n’est habituellement pas imminente au moment du diagnostic. Dans un tel état de stress physiologique, le corps est mal équipé pour combattre le cancer. Il est trop occupé à se préparer à la fuite.
Arrive ensuite l’oncologue, une personne bienveillante, attentionnée et rassurante. Elle vous tient la main, vous prend dans ses bras lorsque vous pleurez, et vous assure qu’elle a déjà pris soin de milliers de patients souffrant du même cancer et que la plupart d’entre eux s’en sont très bien sortis. Calmement et avec douceur, l’oncologue vous explique que, quoi qu’il arrive, vous ne serez jamais seul, et qu’il sera toujours auprès de vous à donner le meilleur de lui-même pour vous aider. Il élabore votre plan de traitement, puis il vous donne un numéro de téléphone que vous pourrez appeler si vous avez des questions à lui poser. Enfin, il vous met la main sur l’épaule une dernière fois. Même si vous avez devant vous une importante opération chirurgicale et des mois de chimiothérapie, vous vous sentez déjà mieux.
Pourquoi ? Parce que votre esprit est apaisé. La peur est atténuée. La réaction de stress est interrompue. Le corps se détend. Le médecin a convaincu votre cerveau que tout se passerait bien, ou, du moins, que tout serait entrepris pour que ce soit le cas. Dans un tel état de détente, le corps peut s’appliquer à faire ce qu’il accomplit le mieux : se guérir.
L’absence de soins attentifs peut vous nuire
Si l’on considère donc que les médecins rassurants et optimistes peuvent induire de tels effets physiologiques positifs, nous savons ce qui se produit lorsqu’ils utilisent involontairement leurs superpouvoirs d’une façon inappropriée. Même s’ils sont bien intentionnés, il arrive trop souvent que les médecins et autres professionnels de la santé ne parviennent pas à prodiguer des soins attentifs et de l’affection à leurs patients, et qu’ils deviennent eux-mêmes si occupés et épuisés qu’ils aboutissent, en fin de compte, à nuire à leurs patients.
Une amie m’a écrit le message suivant après une consultation avec son médecin :
Lissa, si ce médecin devait me voler mon portefeuille tandis que je sors de son bâtiment, je serais bien incapable de confirmer qu’il s’agissait bien de lui, car je ne pense pas qu’il m’ait regardée une seule fois. De la prise en charge par l’infirmier à la salle d’examen, les deux personnes que j’ai rencontrées me tournaient le dos, concentrées sur leurs ordinateurs à noter les réponses aux questions qu’elles me posaient. Puis mon médecin a fait sortir une prescription par son ordinateur, et il me l’a tendue sans même en discuter avec moi. Si je n’ai besoin que d’un programme informatique pour mettre à jour et remplir des prescriptions pour mes problèmes actuels ou chroniques, pourquoi dois-je attendre une heure dans une salle d’attente en me disant que je vais pouvoir admirer le dos de je ne sais qui ? Oh, et le pire de tout est que l’infirmier a clairement entré le mauvais code dans l’ordinateur, car il s’était préparé à me faire un examen des seins, et non à écouter ma poitrine d’asthmatique. Je lui ai fait part de ma surprise : « Mais qu’est-ce que vous faites, monsieur ? Vous vous êtes mal renseigné, ou vous êtes dans la mauvaise salle. » Soupir. Je suis tellement en colère. Je ne retournerai plus à cet endroit.
J’ai souvent eu ce genre de commentaires des membres de mon réseau en ligne. Parce que de nombreux professionnels de la santé se sentent accablés par la charge de travail, épuisés et mésestimés, les patients finissent parfois par être plus stressés à la fin qu’au début de la visite. Si vous devez attendre deux heures dans une salle d’attente comble, pour ne disposer ensuite que de sept minutes et demie avec un médecin épuisé qui vous interrompt, oublie votre nom, ne pose jamais sa main sur votre épaule et vous effraie avec un pronostic décourageant, vous pouvez être sûr que vos réactions de stress seront activées.
Personne ne souhaite que les choses se produisent ainsi. Les professionnels de la santé ont souvent fait de tels sacrifices pour leurs patients qu’ils finissent par en oublier pourquoi ils font leur métier. Ils pensent que les sacrifices démontrent l’attention qu’ils ont pour leurs patients. Mais les sacrifices ne suffisent pas. Il est temps de réintroduire la notion d’attention dans le système de santé. Les médecins et autres professionnels de la santé doivent se rappeler des raisons qui les ont poussés à exercer leur métier afin d’optimiser le pouvoir de guérison qu’ils ont sur leurs patients, plus particulièrement lorsque les choses vont mal.
Comment annoncer les mauvaises nouvelles
En 1974, Dr Clifton Meador a annoncé à son patient, Sam Londe, qui souffrait d’un cancer de l’œsophage, que ce dernier était mortel. Sam est décédé quelques semaines après avoir reçu la nouvelle de sa condamnation à mort.
Or, l’autopsie effectuée après sa mort a surpris les médecins. Très peu de cellules cancéreuses ont été repérées ; en tout cas pas suffisamment pour le tuer. Dr Meador a déclaré sur la chaîne Discovery Health Channel : « Il est mort avec le cancer, mais il n’est pas mort du cancer. » Pourquoi est-il mort ? La mauvaise nouvelle qu’il avait apprise avait peut-être déclenché en lui une peur telle que ses réactions de stress ont fait des ravages dans son corps. Il est mort parce qu’on lui a dit qu’il allait mourir et qu’il le croyait. Ses pensées négatives se sont traduites par de réelles transformations physiologiques.
Des dizaines d’années se sont écoulées, mais la mort de Sam Londe hante encore Dr Meador, qui a déclaré à ce sujet : « Je pensais qu’il avait un cancer. Il pensait qu’il avait un cancer. Tout le monde autour de lui pensait qu’il avait un cancer… Est-ce que je n’ai contribué d’une certaine façon qu’à détruire tout espoir13 ? »
À mon avis, ce genre d’histoire n’est pas inhabituel. Il est évident que les médecins n’ont jamais l’intention de nuire à leurs patients. La plupart d’entre eux ont des intentions pures et souhaitent par-dessus tout aider leurs patients à guérir. Mais j’ai entendu maintes fois des histoires de mauvaises nouvelles annoncées de façon très maladroite. Habituellement, le processus est le suivant :
cas no1 :
J’ai bien peur que votre cancer soit inopérable et qu’il ne se soit pas limité aux organes que nous pensions. En fait, il s’est répandu à votre estomac, à votre côlon, à vos ganglions lymphatiques et à la paroi de votre abdomen. Nous n’avons pas encore effectué les études pour le vérifier, mais il se pourrait qu’il se soit également répandu à vos poumons, à vos os et à votre cerveau.
Si vous le souhaitez, vous pourriez faire une chimiothérapie, mais son effet serait palliatif, et non curatif. Je suis sincèrement désolé de cette mauvaise nouvelle, et nous ferons évidemment tout ce qui est en notre pouvoir pour que vous souffriez le moins possible. Ce serait néanmoins un bon moment pour mettre vos affaires en ordre. Si votre testament n’est pas à jour, vous voudrez peut-être y remédier, parce que seulement 1 personne sur 20 qui est atteinte de votre type de cancer survit au-delà de 5 ans, et la plupart décèdent dans les 3 à 6 mois.
Je suis terriblement désolé de devoir vous apprendre tout cela, et nous aurons bien sûr l’occasion d’en reparler lorsque les effets de l’anesthésie se seront estompés.
Lorsque de mauvaises nouvelles sont annoncées de cette façon, elles ne font que déclencher les réactions de stress qui nuisent à la capacité qu’a le corps de s’autoréparer, et qui, dans de rares cas, peuvent même conduire à la mort sans qu’il y ait de cause évidente. Il est véritablement possible de mourir de peur.
Je propose donc une autre façon d’annoncer les mauvaises nouvelles. Prenons la même patiente que celle du cas no1 — celle avec un cancer métastatique et une chance de survie de seulement 1 sur 20. Laissons-lui tout d’abord le temps de se réveiller complètement de son anesthésie. Réconfortons-la dans la salle de réveil. Informons sa famille que nous allons tous nous rencontrer lorsqu’elle sera complètement réveillée, et annonçons-lui plutôt la mauvaise nouvelle de la façon suivante :
cas no2 :
J’ai de bonnes et de mauvaises nouvelles à vous annoncer, alors commençons par les mauvaises pour nous en débarrasser. J’ai bien peur que votre cancer ne se soit pas limité à un organe comme nous l’aurions souhaité. [Temps de pause pour laisser à la patiente le temps d’intégrer la nouvelle.]
Il semble s’être répandu à votre estomac, à votre côlon, à vos ganglions lymphatiques et à la paroi de votre abdomen. Il nous faudra faire quelques tests supplémentaires pour vérifier s’il s’est répandu ailleurs, et nous devrions avoir les résultats très rapidement, ce qui nous permettra d’élaborer un plan pour la suite. Mais je veux vous assurer que vous ne serez pas seule. [Autre temps de pause.]
Je sais que tout cela est difficile à entendre, mais je veux que vous entendiez la bonne nouvelle. Un certain pourcentage des personnes ayant reçu le même diagnostic que vous survivent à cette maladie, et certains éléments nous permettent de prévoir qui seront ces personnes. Le corps est conçu pour se réparer lui-même lorsqu’il tombe malade, et nous détenons des preuves tangibles selon lesquelles les personnes qui prennent soin de leur corps et de leur esprit, tout en gardant l’espoir et en croyant à leur capacité de guérison, ont plus de chances de survivre. Il est important pour votre corps que nous restions tous optimistes et que votre esprit et votre corps puissent être aussi détendus que possible, parce que votre corps ne peut combattre le cancer que dans un état de relaxation.
Sachez que je crois en la possibilité d’une rémission, et que je serai là pour vous soutenir tout au long du processus. Nous discuterons demain des différentes options de traitement et d’un plan d’action, mais vous devriez d’abord vous reposer un peu et prendre le temps d’intégrer toutes ces informations en compagnie de votre famille. Avant que je ne vous quitte pour aller opérer un patient, souhaitez-vous me poser des questions ? [Temps de pause et d’écoute.]
Nous reparlerons demain matin, et si vous avez des questions urgentes à me poser entre-temps, n’hésitez pas à m’appeler. Voici mon numéro de téléphone. Je sais que ce n’est pas le genre de nouvelles que vous vouliez entendre aujourd’hui, mais ne perdez pas espoir. Je crois aux miracles, et vous pourriez justement en être un.
Imaginez comment vous vous sentiriez, à la place de la patiente, après chacune de ces conversations. Vous seriez certainement stressé et perturbé après la visite du premier médecin, tandis que le second vous permettrait certainement de vous sentir soutenu, informé et plein d’espoir, ce qui rendrait possible la détente de votre corps et de votre esprit.
Selon moi, la responsabilité appartient aux professionnels de la santé de trouver des moyens d’aider leurs patients à rester positifs afin de limiter les réactions de stress et afin de faciliter les réactions de détente qui incitent le corps à se guérir et qui évitent des dommages supplémentaires. Cet acte d’amour, par lequel le médecin se met au service de son patient, aura peut-être des effets positifs plus profonds que n’importe quel médicament ou opération chirurgicale. Annoncer les mauvaises nouvelles d’une façon qui facilite la guérison prendra certainement quelques minutes de plus de votre journée, mais les résultats pourraient en être étonnants.
Médecin, guéris-toi toi-même
Lorsque les professionnels de la santé s’assurent de prodiguer à leurs patients des soins attentifs, ils créent l’environnement idéal pour que ceux-ci puissent s’autoguérir. Mais, trop souvent, nous, les médecins, commettons l’erreur de vouloir être présents pour ceux qui en ont besoin alors que nous sommes nous-mêmes épuisés. En effet, il nous a été enseigné que nous devions sacrifier nos propres besoins pour nous occuper des autres. Par conséquent, nous manquons sérieusement de sommeil, nous mangeons mal, nous négligeons nos relations, nous oublions de prendre soin de nous-mêmes, et nous refermons notre cœur pour nous protéger, ce qui menace notre santé physique, émotionnelle et spirituelle. Dès l’instant où un médecin ou autre professionnel de la santé atteint le point d’épuisement, son puits est asséché, et la véritable guérison devient impossible. Parce que nous nous sentons abattus, nous aboutissons à endosser le rôle de vilain, et nous finissons par être les méchants qui s’en prennent aux patients parce que nous n’avons plus aucune force vitale en nous.
Si je pouvais changer une seule chose au système de santé d’un coup de baguette magique, j’éliminerais la notion absurde selon laquelle, pour être de bons médecins, nous devons donner à nos patients au détriment de notre propre santé. Il est impossible d’être totalement présents, d’ouvrir notre cœur autant qu’il est possible de l’ouvrir, et de nous mettre au service des patients dans la meilleure de nos capacités si nous n’avons plus rien à donner. Si seulement les médecins pouvaient être des modèles de vie saine pour que les patients apprennent par l’exemple, le système tout entier en serait transformé. Si les soignants pouvaient commencer par se soigner eux-mêmes, ils seraient en mesure de faire leur travail de façon plus entière, ce qui leur permettrait de véritablement guérir les patients.
15 façons d’être un meilleur soignant
1. Écoutez.
2. Ouvrez votre cœur.
3. Établissez un contact visuel.
4. Lâchez la poignée de la porte et asseyez-vous.
5. Soyez présent.
6. Offrez des gestes réconfortants.
7. Proposez à votre patient de faire équipe avec vous.
8. Évitez de juger.
9. Informez, mais n’imposez pas.
10. Choisissez vos paroles avec soin et restez optimiste.
11. Fiez-vous à l’intuition de votre patient.
12. Soyez respectueux à l’égard des autres professionnels qui traitent votre patient.
13. Assurez votre patient qu’il n’est pas seul.
14. Favorisez la diminution du stress et soyez vous-même une présence relaxante.
15. Soyez porteur d’espoir, car peu importe la gravité du pronostic, une rémission spontanée est toujours possible.
Se guérir soi-même est un travail ardu, et personne ne devrait avoir à le faire seul. À titre de médecins, nous pouvons administrer des traitements salutaires aux patients, mais si nous échouons dans notre propre autoguérison et manquons ainsi d’énergie vitale nous permettant d’agrémenter nos traitements d’une dose d’espoir, nous limitons la capacité de nos patients à se rétablir pleinement.
Norman Cousins, auteur de Anatomy of an Illness, le sait parfaitement. Lorsqu’une spondylarthrite ankylosante — maladie du collagène dégénérative — lui a été diagnostiquée, il était convaincu qu’il pourrait stopper la progression de sa maladie s’il sortait de l’hôpital et se soignait avec des doses massives de vitamine C et de rire quotidien au lieu des anti-inflammatoires, antidouleurs et tranquillisants qui lui étaient prescrits. Par chance, son médecin, avec lequel il entretenait une relation de collaboration et de respect mutuel, a appuyé sa décision.
Dans Anatomy of an Illness, Norman Cousins écrit : « Je dirais que la principale contribution qu’a apportée mon médecin dans mon apprivoisement, et possiblement ma conquête, de ma maladie, fut de m’encourager à croire que j’étais son coéquipier à part entière dans toute cette entreprise. »
L’effet placebo en médecine complémentaire et alternative
Ce sont les soins attentifs prodigués aux patients traités par la médecine alternative et complémentaire — acupuncture, médecine chinoise, homéopathie, reiki, phytothérapie, médecine énergétique, thérapie craniosacrale, chiropratique, etc. — qui permettent à celle-ci d’obtenir des résultats remarquables. Pourtant, ces traitement sont souvent présentés comme étant « inefficaces » selon les principes de médecine qui se basent sur des preuves. En d’autres mots, ils ne seraient pas plus efficaces que des placebos. Je pense que ces traitements n’ont pas fait le poids face aux essais contrôlés contre placebo, car l’acupuncture factice accompagnée de soins attentifs est aussi efficace que la véritable acupuncture, elle aussi accompagnée de soins attentifs. Les deux obtiennent les mêmes résultats car, pour reprendre les propos de Ted Kaptchuk, « Ce ne sont pas les aiguilles qui comptent. » Les deux pratiques déclenchent la relaxation et réduisent le stress. C’est une bonne chose, et les praticiens de médecine alternative et complémentaire ne doivent pas être sur la défensive à cause de ces résultats !
Et si la médecine occidentale fonctionnait majoritairement de cette façon ? Souvent, et plus particulièrement dans le cas de maladies « chroniques », l’attention et les comportements rassurants ont autant d’impact sur la physiologie du corps que les médicaments et les injections.
Notez bien que je n’ai pas la prétention d’affirmer que les méthodes de guérison de la médecine complémentaire et alternative sont « efficaces » ou qu’elles ne le sont pas. Si votre maladie disparaît mystérieusement après la prise d’un remède homéopathique, ou si vous êtes un guérisseur dont certains patients ont vécu une rémission spontanée, je n’irai pas douter de l’efficacité de tels traitements. En vérité, je suis convaincue que des événements inexplicables se produisent entre les mains de professionnels chevronnés pratiquant des formes de médecine que la science n’a pas encore vérifiées.
En outre, au lieu de rejeter ce type de traitements, j’aimerais proposer l’idée que, s’ils fonctionnent aussi bien, ce n’est peut-être pas tant grâce aux méthodes elles-mêmes qu’à une puissante combinaison de croyances positives, de soins attentifs prodigués par le praticien et de réactions de détente. Il est possible que ces méthodes soient extrêmement efficaces, tout en ne suivant pas le modèle habituel.
Ce que je dis en substance est que toutes les interventions visant à améliorer la santé et à faciliter la guérison — qu’il s’agisse de médicaments et chirurgies conventionnels ou de traitements de médecine alternative et complémentaire — pourraient bien devoir principalement leur efficacité au pouvoir de l’esprit. Nous avons déjà démontré que de nombreux traitements médicaux conventionnels n’obtenaient pas de meilleurs résultats que des placebos, et que d’autres se révélaient, au contraire, plus efficaces. Nous pouvons en conclure que certains traitements conventionnels présentent de réels avantages au-delà de ce que les croyances positives et les soins attentifs peuvent réaliser. La plupart des traitements de médecine alternative et complémentaire semblent quant à eux devoir la majorité, si ce n’est la totalité, de leurs résultats positifs à une combinaison de croyances positives, de soins attentifs et de réactions physiologiques positives.
Traitement ou réaction de détente ?
Les preuves dont nous disposons suggèrent qu’une véri-table séance d’acupuncture n’est peut-être pas plus efficace qu’une séance factice. Quelques essais démontrent que la première serait plus efficace14, mais pas la majorité. Lorsque des patients ont été sélectionnés de façon aléatoire pour recevoir un vrai traitement d’acupuncture (consistant à poser des aiguilles le long des méridiens énergétiques tel que l’enseigne l’école d’acupuncture) par opposition à une séance factice (consistant à poser des aiguilles n’importe où sur le corps ou à piquer les patients avec de fausses aiguilles sans les insérer dans la peau), nombre de personnes ayant reçu le vrai traitement ont vu leur état s’améliorer. Mais il se trouve que les autres aussi15. Bien que, selon la pensée populaire, tout réside dans le choix du bon emplacement des aiguilles, nous pourrions imaginer que l’acupuncteur joue un rôle plus important que ses techniques de traitement.
La même question se pose pour le reiki, une forme de soin énergétique d’origine japonaise consistant à poser les mains sur le corps du patient ou à les déplacer au-dessus de celui-ci afin de faire circuler l’énergie vitale dans les zones « bloquées » du corps. Des études comme celle qui a été menée par la Sonoma State University, publiée dans Oncology Nursing Forum, ont examiné des patients sous chimiothérapie qui recevaient également des traitements de reiki. Leur état de santé était meilleur que ceux qui ne recevaient qu’un traitement standard, mais ceux qui recevaient un faux traitement de reiki obtenaient les mêmes résultats positifs16. Une fois de plus, cela ne me surprend pas. Ayant moi-même pratiqué le reiki, je peux attester que cette discipline est profondément relaxante, surtout si les soins sont prodigués par un professionnel attentif. Mais une fausse séance pourrait l’être tout autant. Pas étonnant que les gens y prennent plaisir !
Des études suggèrent également que l’homéopathie, une thérapie de médecine alternative et complémentaire basée sur l’hypothèse qu’une substance à l’origine des symptômes d’une maladie peut être curative si elle est administrée à très faibles doses, pourrait ne pas être plus efficace qu’un placebo, bien que les données semblent se contredire. Une méta-analyse de 107 essais portant sur l’homéopathie, menée à l’Université du Limbourg, en Hollande, et publiée dans le British Medical Journal, suggère une tendance à l’efficacité clinique, ce qui impliquerait que l’homéopathie serait plus efficace que les placebos, fait à vérifier dans des études plus approfondies17. Toutefois, une autre méta-analyse de données, plus vaste et plus méticuleuse, publiée dans le Lancet, a évalué 110 essais portant sur l’homéopathie et 110 essais compatibles portant sur la médecine conventionnelle, en s’efforçant de détecter les biais éventuels. Cette étude, menée à l’Université de Bern, en Suisse, a démontré que l’efficacité de l’homéopathie n’était pas, ou peu, supérieure à celle du placebo18. Je justifierais ces résultats en disant que ce ne sont peut-être pas les remèdes homéopathiques qui soignent, mais l’homéopathe qui les prescrit.
Des critiques ont remis en question les résultats de cette étude de méta-analyse qui ont incité le Lancet à annoncer « la fin de l’homéopathie » et « l’essor de la vérité »19. Je voudrais toutefois attirer votre attention sur le fait que ceux qui critiquent cette étude l’ont citée comme un exemple représentatif d’une médecine conventionnelle qui transforme des données pour décrédibiliser les médecines alternatives20. Si nous devons nous servir d’une médecine basée sur des preuves pour évaluer des traitements qui ne se prêtent pas facilement à de telles analyses, nous devons garder l’esprit ouvert lorsque nous interprétons des résultats qui légitiment des méthodes de guérison que nous ne comprenons pas entièrement. Émettre des préjugés à l’égard de ces données pour la seule raison que l’on ne parvient pas à en trouver une explication biochimique n’est pas un comportement scientifique.
Gardez à l’esprit que nombre de ces études sont loin d’être parfaites. Le problème avec certaines d’entre elles est qu’il est difficile de leurrer à la fois le patient et le praticien. Même s’il arrive que de fausses aiguilles parviennent à duper certains acupuncteurs, dans d’autres études seul le patient sera trompé.
C’est là que les choses se compliquent. Des études ont en effet démontré, que, lorsque les cliniciens savaient quel traitement ils administraient à leurs patients, ils le leur communiquaient inconsciemment, ce qui explique que la plupart des essais de médecine conventionnelle soient effectués en double aveugle, pour qu’à la fois le chercheur et le patient ne disposent d’aucune information. À cause de cette distinction, les recherches cliniques portant sur les traitements de médecine alternative et complémentaire sont extrêmement biaisées.
Le véritable objectif du traitement
Mais ne nous laissons pas déconcentrer par des données peu convaincantes. Bien que les scientifiques ne soient pas en mesure d’expliquer sur le plan physiologique la science à l’œuvre dans de nombreux traitements de médecine alternative et complémentaire, est-ce de toute façon nécessaire lorsque nous disposons déjà d’une explication biochimique à de tels traitements ? Nous savons qu’être étendu sur une table d’examen en présence d’un praticien attentionné, dans un environnement relaxant et propice à notre guérison peut enrayer les réactions de stress avec lesquelles nous vivons au quotidien, surtout lorsque nous sommes malades. Nous savons également que les réactions de détente provoquent des bouleversements hormonaux qui ramènent le corps à son état initial d’homéostasie, ce qui lui permet de s’autoréparer. Avons-nous besoin d’en savoir plus ?
Dans sa grande sagesse, la médecine conventionnelle qualifie tout ce qui n’est pas supérieur au placebo de « fraude ». Mais n’avons-nous pas perdu de vue notre véritable objectif ? Je propose que nous remettions en question nos normes d’évaluation en ce qui a trait à l’efficacité des traitements médicaux. Si l’état du patient s’améliore, est-il vraiment important que son traitement soit meilleur que le placebo ? L’objectif ultime n’est-il pas la disparition des symptômes et la guérison ? La façon dont nous atteignons cet objectif importe-t-elle vraiment ?
Je sais qu’il s’agit d’un concept radical. Mais je ne suis pas la seule à l’envisager.
Dans un éditorial du British Medical Journal, Dr David Spiegel, professeur à l’Université de Yale, réprimande les sceptiques qui prétendent que, si la majorité des bienfaits des médecines alternatives et complémentaires proviennent de l’effet placebo, elles devraient être reléguées au rang de fraudes. Il y pose la question suivante : « Est-il possible que la communauté médicale alternative ait toujours saisi un élément important de la maladie et du rituel des interactions médecin-patient que le reste de la médecine ferait bien d’entendre21 ? »
L’effet placebo en psychothérapie
Il n’y a pas que les traitements de médecine alternative et complémentaire dont les effets positifs peuvent découler davantage de croyances positives, de soins attentifs et de réactions de détente que du traitement en lui-même. Des études démontrent qu’une psychothérapie peut avoir les mêmes bienfaits. De toute évidence, des données appuient la notion selon laquelle les personnes traitées en psychothérapie s’en sortent mieux que les autres22. Mais est-ce vraiment la psychothérapie qui est responsable, ou l’explication pourrait-elle être que la psychothérapie provoque des réactions de détente liées aux croyances du patient et à l’attention du thérapeute ? Notre esprit et notre corps ne sont-ils pas plus enclins à guérir lorsqu’ils sont détendus ?
Lors d’une expérience importante menée à la Vanderbilt University et publiée dans Archives of General Psychiatry, des psychothérapeutes chevronnés ont traité 15 étudiants souffrant d’anxiété et de dépression, tandis qu’un groupe comparable était traité par des professeurs qui n’étaient en rien des thérapeutes. Les patients traités par les professeurs ont vu leur état s’améliorer dans les mêmes proportions que les autres23.
Dr Arthur Kleinman, anthropologue médical, croit que le fait d’attribuer la réussite de la psychothérapie à l’effet placebo ne doit pas en faire oublier les bienfaits. Il considère cette discipline comme un complément. « La psychothérapie peut très bien servir à optimiser les réactions placebo… mais si c’est le cas, elle doit être applaudie, et non condamnée, parce qu’elle exploite un processus thérapeutique sous-utilisé dans le monde de la santé24 ».
L’effet placebo dans la guérison par la foi
Bien qu’il existe moins de données dans le domaine de la guérison par la foi, nous pourrions supposer qu’une dynamique similaire est à l’œuvre avec les guérisseurs spirituels. Réfléchissez-y. Les gens viennent de loin pour être en présence d’une personne dont ils croient qu’elle va les guérir. D’autres personnes, qui ont besoin d’être soignées, ont effectué un pèlerinage à cette fin et partagent la même croyance positive. Rajoutez à cela des rituels et des pratiques qui renforcent leurs croyances — l’embrassade d’amour, l’apposition des mains, la méditation, les plantes, l’eau sacrée — et vous obtenez la recette des réactions de détente et de l’autoguérison que les scientifiques surnommeraient « l’effet méga-placebo »25.
Envisageons les eaux curatives de Lourdes comme un exemple de cet effet méga-placebo. Lourdes offre une occasion parfaite d’autoguérison. Les gens entreprennent un pèlerinage qui les épuise physiquement, ce qui signifie qu’ils se retrouvent dans un état mental de plus grande réceptivité. Le sanctuaire de Lourdes regorge de symboles de guérison sacrés et propose maints rituels de guérison, en plus d’assurer la présence d’autres pèlerins ayant effectué le voyage. Ainsi une émotion contagieuse et un espoir collectif se répandent parmi les pèlerins. Le simple espoir que les eaux curatives puissent les guérir peut suffire à activer les réactions de détente nécessaires à l’autoréparation de leur corps.
L’Église catholique en est consciente et s’efforce d’écarter les guérisons pouvant être considérées comme des guérisons d’« hystérie ». Leur objectif est de s’assurer que les guérisons sont de véritables miracles de nature divine, et non le résultat d’une autoguérison provoquée par l’esprit. Ainsi, l’Église emploie des physiciens pour vérifier si une guérison spontanée peut être considérée ou non comme un véritable « signe de Dieu ». Depuis 1858, seuls 68 cas ont répondu à leurs critères exigeants.
En 1962, Vittorio Micheli a été admis dans un hôpital de Vérone alors qu’il avait une importante tumeur cancéreuse au niveau de la hanche gauche. En l’espace de 10 mois, sa hanche s’était presque entièrement désintégrée, et sa structure osseuse flottait dans une masse de tissu mou nécessitant un plâtre pour faire en sorte que sa jambe soit maintenue en place. En dernier recours, il s’est rendu à Lourdes, où il s’est immergé à plusieurs reprises dans les eaux curatives. Chaque fois, il avait la sensation qu’une vague de chaleur se déplaçait dans son corps. Au cours du mois suivant, son énergie s’est améliorée, et les radios effectuées par ses médecins ont révélé une diminution de la masse tumorale. Particulièrement intrigués par ces résultats, ils se sont mis à consigner toutes les étapes de son rétablissement. Peu de temps après, la tumeur de Vittorio Micheli a disparu, et l’os de sa hanche a commencé à se régénérer. En l’espace de deux mois, il se remettait à marcher26.
Le miracle d’Anna Santaniello, qui fut l’avant-dernier enregistré à Lourdes, s’est produit alors qu’elle souffrait d’une maladie cardiaque grave, à la suite d’une fièvre rhumatis-male aiguë. Elle avait de grandes difficultés à respirer et souffrait de la maladie de Bouillaud, ce qui entravait sa capacité à parler, et elle était dans l’incapacité de marcher. Elle souffrait également de crises d’asthme aiguës, de cyanose (coloration bleutée provoquée par un manque d’oxygène) au niveau du visage et des lèvres, et d’une enflure des membres inférieurs. Après avoir été accompagnée par des bénévoles à Lourdes et s’être baignée dans ses eaux curatives, ses symptômes ont disparu, et un médecin a pu confirmer qu’elle était guérie.
En mars 2011, Serge François, âgé de 56 ans, a été déclaré dernier miracle en date. Lorsque des complications à la suite de ce qui était au départ un disque hernié ont fini par lui retirer la mobilité de sa jambe gauche, il s’est rendu à Lourdes en 2002 et en a rapidement recouvré l’usage. Dix après, il se porte très bien.
Dans Anatomy of an Illness, Norman Cousins écrit : « Les soi-disant « cures miracles » qui abondent dans les écrits de toutes les grandes religions… toutes parlent de la capacité du patient, adéquatement motivé et stimulé, à participer activement à d’extraordinaires renversements de situation de sa maladie ou de son handicap. »
Retrouver une médecine du cœur
À titre de professionnels de la santé, nous avons le privilège de toucher au sacré. Nous avons le pouvoir d’encourager les réactions de détente chez nos patients et, ce faisant, de faire partie du processus de guérison pas seulement en termes de médicaments ou de chirurgies. À mon avis, si nous ne parvenons pas à optimiser les mécanismes d’autoguérison de nos patients, nous leur nuisons — et nous nuisons à nous-mêmes — considérablement. Mais si nous faisons notre travail correctement, notre rôle dans le processus de guérison peut sauver la vie de notre patient.
Je dis souvent en plaisantant que je pratique l’amour, agrémenté d’un peu de médecine. Bien souvent les avancées technologiques nous éloignent de nos patients à un point tel que la composante amour semble être oubliée en chemin. Alors que, par le passé, un médecin recevait des appels chez lui, s’asseyait au chevet de ses malades, et établissait un contact physique avec ses patients, nous proposons maintenant des visites de 13 minutes dans une salle stérile aux murs blancs pour lesquelles des tests en laboratoire remplacent parfois des antécédents médicaux enregistrés avec soin et des études radiologiques remplacent un examen physique. Sans le pouvoir curateur de l’écoute, du toucher, des soins attentifs et de l’intention de guérison, qu’offrons-nous à nos patients à part de la technologie pure et simple ?
Lorsque vous devez affronter un problème de santé, assurez-vous de bénéficier des soins attentifs dont vous avez besoin. Rechercher le meilleur chirurgien ou professeur d’université spécialisé dans votre maladie ne suffit pas. Bien que des compétences spécialisées soient certainement appréciables, vous devrez également vous assurer que vos prestataires de soin s’investissent véritablement dans leur travail si vous souhaitez optimiser vos chances de guérison. Vous aurez peut-être besoin de plus d’une personne tout au long de votre traitement. Vous pourriez avoir besoin d’une équipe entière qui croit en vous, qui vous offre des outils et qui vous aide à préparer votre corps à recevoir des miracles. En constituant votre équipe, vous devrez vous assurer que ses membres coopèrent les uns avec les autres.
L’acupuncteure Susan Fox qualifie ce genre d’équipe de « table ronde sur la guérison ». Il s’agit d’un processus de collaboration par lequel tous les professionnels de la santé impliqués sont des participants à parts égales dont l’opinion compte. C’est le patient, et non le médecin, qui préside cette table ronde avec la plus grande autorité. Même si les médecins peuvent y être invités, ils n’ont pas pour autant le droit de donner des ordres, et encore moins d’ignorer les souhaits du patient.
Je comprends l’intérêt d’avoir un médecin, qui, dans une salle d’urgence, donne des ordres à son entourage sur la marche à suivre, mais la situation est totalement différente dans les cas de maladies chroniques. J’ai entendu un jour un médecin respecté (mais fatigué) dire à une excellente infirmière : « Jouons à un petit jeu. Je serai le médecin et vous l’infirmière. Je vous donnerai les ordres et vous les suivrez. » Ce type de dynamique n’aide ni le prestataire de soins ni le patient.
Il m’est arrivé d’entendre des médecins se moquer de leurs patients à la recherche de traitements alternatifs ou homéopathiques, ce qui est un manque de respect à l’égard des patients et des praticiens de médecine alternative concernés. Ce type de rapports d’opposition me contrarie profondément, car ils révèlent un dysfonctionnement plus grave au sein de notre système de santé. Cet état d’esprit hiérarchique, condescendant et dictatorial est plus militaire dans son fonctionnement que ne devraient l’être les systèmes de santé. Et même si les médecins ont parfois l’impression d’être coincés dans des tranchées, en guerre contre la maladie, utiliser des méthodes de communication guerrières au sein des hôpitaux et des salles d’examen n’aidera pas les gens à guérir. Au contraire, ces méthodes ne servent qu’à déclencher des réactions de stress. Les soins de santé fonctionnent bien mieux lorsqu’ils sont fournis par des équipes ayant à cœur le bien du patient, sans compétition, sans jeux de pouvoir stériles et sans que leur ego ne prenne le dessus.
J’ai recruté, au sein de mon réseau en ligne, des révolutionnaires du domaine de la santé — professionnels et patients bien décidés à réintroduire la notion de soin dans le système de santé. Si vous vous demandez où nous sommes tous, ne désespérez pas. Nous sommes là, de plus en plus organisés et nombreux, convaincus que nous devons nous réapproprier le cœur de la médecine et déterminés à faire changer les choses. Gardez la foi. Plus que jamais, nous avons besoin de vous.
Dr Larry Dossey, un des pionniers de la médecine corps-esprit, m’a écrit : « Nous constituons réellement une sorte de monde médical parallèle au monde conventionnel. Nous nous concentrons sur ce que [le monde conventionnel] sait, et nous l’honorons, mais nous y intégrons de la spiritualité, de la compassion, de l’empathie, de l’amour et un sens… Et devinez quoi ? Nous allons gagner. Ce n’est qu’une question de temps. Mais nous devons faire vite, car ce temps est compté. L’urgence est réelle. Alors bienvenue dans la course ! »
C’est maintenant ou jamais. Êtes-vous prêt ?