Jeudi 14 novembre 19291

Mon grand amour,

l faut qu’avant tout tu pardonnes et déchires la lettre de ce matin. Je ne veux pas laisser de traces de cette absurde jalousie qui malgré moi éclate soudainement. Je ne veux plus te tourmenter, mon cher chéri, et si hélas je souffre encore, tu n’entendras plus les plaintes de mon cœur et tu pourras me croire enfin guérie de ce mal qui me ronge sournoisement. Oui j’ai foi en toi, j’ai foi en ton amour et je ne demande qu’une chose, c’est que tu me gardes tes caresses les plus tendres, les étreintes les plus folles et qu’entre mes bras tu sois l’amant vicieux et passionné que j’ai créé pour moi, pour moi seule.

Je t’adore, mon cher amour, tu es toute ma vie et mon corps ne connaîtra jamais d’autres caresses que les tiennes. Tant que tu m’aimeras, je serai tienne, je te le jure.

Est-ce demain que nous pourrons enfin nous réunir, nous fondre l’un dans l’autre dans une de ces étreintes qui nous brisent en nous comblant ? Je sens en moi cet impérieux désir de ta chair et je veux t’aimer plus follement que jamais. Ces longues journées d’absence ont mis mes sens au paroxysme et je sens que demain je vais m’écrouler sur ton corps, succombant à l’ardeur de mon désir. Tu me le donneras, chéri, ce beau corps que j’adore. Je ne l’ai pas contemplé depuis deux semaines et je brûle de le couvrir de baisers fous.

Je ne sais point encore comment finira cette heure sensationnelle ; comment voudras-tu décharger, mon amour ? Fournirai-je à ta queue un asile tiède entre mes deux seins rapprochés ? Voudras-tu que j’avale ton foutre ? Ou bien enculeras-tu ta petite salope chérie ? Ou bien encore branleras-tu devant ses yeux ta belle pine et souilleras-tu son corps pâmé, du sperme chaud et gluant ? Nous ne saurions prévoir cette ultime caresse et nous ne pouvons rien décider à l’avance car tout dépendra de notre force de résistance demain après une heure de folles étreintes. Nous serons bien épuisés mais j’aurai encore assez de force pour te faire décharger follement. Tu me diras comment tu veux que je te prenne, avec mes seins, ma bouche ou bien mon cul et je me donnerai à toi sans réserve.

Il faudra m’aimer bien fort, mon Charles, pour me prouver que ton désir est aussi vivace que par le passé et qu’entre mes bras tu es follement heureux.

J’attends impatiemment notre rendez-vous pour te faire décharger irrésistiblement. Je n’ai jamais été aussi salope qu’en ce moment et mon désir de toi est plus fou que jamais. Tu pourras t’en rendre compte demain.

En t’écrivant cette lettre, seule dans la petite pièce où nous nous sommes si follement aimés un jour, t’en souviens-tu, je caresse d’un doigt hardi le bouton de mon con et je le sens gonflé et prêt à jouir. Une ivresse infinie s’empare de tout mon corps et je terminerais le geste si je ne voulais t’apporter demain tout ce foutre qui gonfle mon bouton. Tu le feras jaillir sous ta langue habile et ta queue ira chercher tout au fond la dernière goutte, n’est-ce pas mon cher amour chéri ? Tu me baiseras follement et mes cuisses s’écartent d’elles-mêmes à la pensée de la sensation merveilleuse que j’éprouve avec ta queue. Ah, je t’aime, tu es un amant sans pareil et je veux te garder toujours, toujours.

À ce soir amour que j’aime mais surtout à demain. Je t’adore, cher amant. Baise-moi bien.

Simone

1. Voici, une fois n’est pas coutume, une lettre datée, du 14 novembre 1929 ; la raison de cette rare datation tient au fait qu’il s’agit d’un anniversaire : Simone célèbre un an et demi de liaison avec Charles, dont nous savons en effet par une autre lettre qu’elle l’a rencontré le 14 juin 1928. C’est là une indication de l’importance extrême qu’elle attache à voir le temps qui passe consacrer cette relation qu’elle sait fragile.

Nous sommes trois semaines après le Krach de 1929, qui va précipiter l’Europe dans le chaos et l’humanité vers la Seconde Guerre mondiale ; mais Simone ne se préoccupe pas des événements extérieurs. Le seul champ de son intérêt est sa relation avec Charles, et d’ailleurs sa correspondance ne nous apprend que des bribes de sa vie, se confinant à cette passion dévorante.