Mardi 31 juillet

Mon cher Chéri,

’ai bien reçu ta dernière longue lettre. Tu es un amour de m’écrire ainsi, je suis si heureuse quand j’aperçois la petite enveloppe blanche dans la boîte ! Moi aussi j’aurais été très triste si tu n’avais pas répondu de suite… Je t’aime ! Mon cher amour il m’est impossible de partir d’ici avant dimanche soir. Crois bien, cher aimé, que tout comme toi, je désire ardemment notre prochain rendez-vous. Tout mon être se tend vers toi et appelle l’amant exquis que tu es, que tu seras toujours. Non, amour chéri, je ne me lasserai pas de toi, sois en sûr. Je fus trop heureuse entre tes bras et je sais d’avance quel sera mon plaisir lorsque tu m’auras reprise… Je vis déjà par la pensée toute la scène de notre prochaine rencontre. Tu me feras souffrir cruellement, mon corps qui t’appartient se tordra sous les coups, tu m’entendras demander grâce… Et ton désir de moi sera violent parce que je collerai ma chair contre ta chair, je t’enlacerai tout entier entre mes cuisses frémissantes, ma bouche cherchera tes lèvres pour les meurtrir de farouches baisers. Tu me prendras, mon bien-aimé, comme tu aimes et notre étreinte passionnée nous emportera tous les deux vers la jouissance infinie que seules peuvent donner de pareilles caresses. Je saurai bien te prodiguer toutes celles que tu voudras me demander. Les plus perverses, dis-tu ? Que m’importe Charles chéri, je veux avant tout que tu sois heureux dans mes bras. Alors, je suis à tes ordres, mon maître chéri ! Si tu savais comme j’ai hâte de me blottir dans tes bras ! J’ai tant envie de retrouver ton corps qui m’a donné de si grandes extases…

Bien-aimé chéri, tu verras comme nous nous aimerons après cette longue séparation, l’un près de l’autre, sans pouvoir nous unir… Ah ! Que ne peux-tu te rendre libre un soir ! Quelles belles heures nous vivrions, dans les bras l’un de l’autre, dans le calme et la pénombre de la grande chambre, serrés l’un contre l’autre, après l’extase folle qui nous laissera tous les deux sans forces ; lorsque notre désir mutuel et violent nous aura emportés vers la jouissance suprême, comme nous serons bien, mon amour, à nous reposer dans ce grand lit… Mais pourquoi évoquer de telles images, ce bonheur-là n’est pas possible… Nous attendrons le samedi suivant pour goûter ces folles étreintes. Une chose me tracasse, aimé. C’est que je me demande où nous pourrons nous voir, au retour de ma famille !… Car je ne pense pas que nous puissions nous quitter si vite mon amour ; si tu ne peux te détacher de moi, je ne peux renoncer à tes caresses… Il faudra que nous songions à ce problème. Nous en parlerons à Paris, veux-tu ? Mon aimé, je te quitte. Écris-moi une longue lettre que je lise avant de partir d’ici. Je n’ai fait aucune photo de moi, mon chéri !

Au revoir, trésor chéri, je t’embrasse follement partout partout. Je te dis à lundi, mon bien-aimé.

Je t’aime éperdument, mon amant adorable.

Ta Simone