(Le chant) entre dans la couleur des choses et du sol, la couleur de l’air et du sol et des autres choses et comme une couleur invisible inaudible comme (un chant) qui circulerait en silence et qui deviendrait ta propre raison ou ce corps et ainsi jusqu’à la mort ou cet instant où c’est le corps lui-même avec sa couleur dedans (chant et couleur des choses et du sol sur les mains) qui entrera dans la terre et dans la mort.
Quand le père de l’enfant est devenu sourd, l’enfant a cru qu’il devenait invisible.
(Dans cette phrase) il ne sait pas lequel est invisible, lui ou son père. Dans cette phrase l’un des deux devient réellement invisible.
– Si tu deviens sourd alors je deviens invisible.
– Quel est le lien entre ta maigreur et ta surdité ?
– J’écris ces lignes à quelques pas du tableau où l’enfant est représenté accroupi. Il n’est pas debout comme je l’ai prétendu dans un précédent témoignage. J’aurais voulu donner les dimensions du cadre, mais je n’ai pas d’instrument pour le faire. Pourquoi les dimensions ? Dans la mémoire le jardin est un carré clos. C’est la notion de clôture qui domine. –
Sur la surface de toile les couleurs sont restées les mêmes, ou bien elles se sont confondues au ralenti. Il y a ce ralenti qui va du jardin à l’instant de la mort, la confusion de la couleur des mains et de la couleur du sol, un ralenti de guerre.
Ce ralenti, c’est la guerre.