Le poème commence à la notion d’une allée qualifiée creuse et secrète ou plutôt « de tilleuls chastes-voilés ». Mais la citation est fausse. Une autre, dans la mémoire, la recouvre : « fascination pour les désordres et les violences d’ici ». Suivaient ces mots : « ils ne valent ni l’amour, ni les yeux, ni la bouche, ni l’amour ». Le poème était comme la première écriture d’un scénario ou comme le retour d’une page blanche. Sur les épreuves il avait lu ces mots : « Film à venir. » Mais, à force, l’idée de l’impression en souffrance, l’idée d’une phrase perdue (ou plusieurs fois remplacée par une autre, toujours plus proche de la phrase originelle dans le souvenir), ou la notation abstraite des gestes, mouvements, expressions du visage et des lèvres, ou la contemplation plusieurs fois par jour du « positif noir », ou du Polaroïd trouvé sur le sol d’un parking en Italie (Assise), tout cela n’avait plus fait qu’une seule boule noire, un seul caillou dans la paume ou sur la langue à l’intérieur des joues, solide et dur, quelque chose appelant (en rêve ?) la substitution du film à ce poème (mais avait-il jamais existé ?). Dans le rêve le poème avait fini par se confondre avec les premières paroles d’une chanson d’enfance :
Nous n’irons plus au bois
les lauriers sont coupés
(mais ça n’était pas non plus, encore, la première phrase). Pourquoi ce futur ? Quel est le lien d’aller au bois et la coupe des lauriers ? Dans quel film à venir ? A quels points secrets (ramenés ou transportés ?). Tout est maintenant comme si :
abolition (ablation) du passé
abolition (ablation) du futur,
figuration des surfaces (sol, page, miroir) et considération des fragments sur les surfaces (ainsi dégagées) (obtenues). Par exemple :
1. J’évoque un rituel : on fait descendre le miroir dans une fontaine (ceci a lieu devant le temple de Cérès), lentement et de telle façon que le miroir ne fasse qu’effleurer la surface de l’eau, qu’il ne fasse qu’un en quelque sorte avec elle.
2. La disparition d’un objet : en 1909, à Moscou, figure dans la bibliographie du poète Blaise Cendrars Novgorod, la légende de l’or gris et du silence, mais personne n’a jamais vu ce livre.
3. Un segment de Pline (reste d’une phrase) sans doute lié à la question du miroir et du noir et de la contemplation des fragments et de l’à venir (ici même) :
… «une représentation obscure de l’objet »…