Elle
À chaque rupture, il fallait que je traverse ma peine et qu’elle me traverse.
Lui
Je reconnais bien là ton courage, ta rigueur… Et je sais, tu me crois blindé. Mais si, de mon côté, je confessais ma lâcheté ou ma… pudeur. Parce que vois-tu, moi…
Elle
Tu te souviens, un soir, à Sienne?
Lui
Oui, on marchait dans les rues, main dans la main… Et tu m’annonças à brûle-pourpoint…
Elle
Que désormais tu serais une partie de moi…
Lui
Même si on ne devait plus se revoir…
Elle
Oui. Tout, au fond, était dit.
Lui
« Les paroles que sont-elles? Une larme en dirait plus », aurait dit Schubert.
Elle
Ah! tiens, oui, c’est ça, bonne idée! Parlons des larmes!
Lui
Tu dois bien le savoir : j’ai peur d’admettre que j’ai peur et je ne sais pas pleurer.
Elle
Pour toi, les larmes sont une déroute, un aveu, et puis, surtout, tu voudrais pouvoir contrôler ta peine…
Lui
Tu sembles parfois insinuer qu’à chacune de nos ruptures, ta souffrance était plus insupportable que la mienne. Mais si je ne dévoile rien ou presque, et si, en fuyant, je n’offre aucune résistance, c’est peut-être parce que… je souffre plus?
Elle
Oh là! Ma rigueur, ta pudeur! Écoute, au total, tous ces plus sont superflus! Et ce qui reste, nos peines, en rien comparables.