Chapitre 15

1. Anvers, ses diamantaires...

Gil peine à s'endormir. Les idées s'entrechoquent dans son cerveau, son esprit se laisse emporter par l'angoisse, l'inquiétude, l'excitation, mais aussi la jalousie, engendrée sans doute par la rage de s'être laissé berner par cet ancien ami bien plus profiteur qu'il ne l'aurait pensé. Tour à tour, il revoit les vitrines où Rebecca a posé cette semaine, sans qu'il sache jamais derrière quelle coiffure et quelle tenue elle se cachait. Il revoit aussi cette dernière soirée, cette façon crapuleuse qu'elle avait de se coller, seins à l'air, à ce soi-disant cheik qui n'était autre qu'un gérant de bar, de se laisser peloter par lui devant tous ces clients de haut rang, de l'embrasser même. Non, Gil, soudain, n'est plus le même. Il prend conscience qu'il est en train de subir le seul risque auquel il n'avait pas pensé. Une heure du matin, il serre les poings sous le drap, puis se caresse la queue, toute molle. Eh non, ce n'est pas la main fine aux longs ongles rouge carmin qui lui prend la hampe, qui lui presse les couilles de façon vicieuse, une façon unique, douce et possessive à la fois. Ce n'est pas la main de cette superbe Rebecca, la belle bourgeoise perverse dont il s'est épris sans s'en rendre compte, comme ça, un soir de dédicaces à Dijon. Une rencontre arrangée par une consœur en plus ! Une bourgeoise strasbourgeoise qui s'envoyait en l'air en lisant ses bouquins et ne rêvait que de devenir son héroïne plus vraie que nature. Et maintenant, il l'a dans la peau. C'est un feu qui le dévore, les flammes de l'enfer. Ah, il doit bien rire dans son habit mité, le divin marquis. Fatigué, en proie à tant de sentiments contradictoires, il ne bande pas, le pornographe. Il sourit en pensant à ce vieux tonton Georges : « La bandaison, papa, ça n' se commande pas ! ». Et puis, qu'est-elle en train de faire à ce moment de la nuit, sa bourgeoise salope ? À quel client politico-financier est-elle occupée à donner sa bouche, son con, son cul, sur ordre du ridicule prince Radjah ? Mais bon, il reste encore une journée, une journée rien que pour elle et lui. Ce vendredi, il va reprendre possession de son esclave. Il est temps, grand temps... Enfin, il sombre dans un sommeil profond.

*

Huit heures. Douche longue, petit déjeuner vite avalé. Il a quelques achats à faire, des choses à régler. Si tout se passe normalement, comme prévu, Rebecca sera de retour sur le coup d'onze heures. Il doit réserver une table pour déjeuner à Ostende, à l'Apéro Bouffe, un restaurant qui offre une cuisine française et méditerranéenne, histoire de ne pas être trop dépaysés. Étant donné ce qu'il a prévu pour le soir, pas question qu'elle fasse une indigestion. Déjà qu'elle n'aura certainement pas beaucoup dormi !

Ce vendredi seize juin, il fait très beau sur la côte belge. L'été prend de l'avance et, dès neuf heures, le soleil rayonne de mille feux dans un ciel où quelques petits nuages blancs inoffensifs se laissent pousser par le vent venu d'Angleterre. À dix heures cinquante exactement, la Renault Clio de Rebecca se gare sur le parking privé de l'immeuble où se situe l'appartement prêté par Vincent. Au deuxième étage, Gil est sur le balcon, fumant un cigarillo. Il la photographie sortant de sa voiture. Souvenir personnel, rien d'autre.

Une fois la porte de l'appartement refermée derrière elle, Rebecca se précipite dans les bras de son amant, qui la serre fortement contre lui, longtemps, lui caresse les cheveux. Long silence avant un baiser langoureux. La jolie bourgeoise est en mini-jupe de cuir, T-shirt rouge, collant noir, à peine maquillée. Ses yeux brillent d'une étrange lueur. Contre le bas-ventre de sa maîtresse perverse, Gil sent son sexe se raidir. Ouf ! Tout n'est pas perdu. Il saisit le visage de Rebecca à deux mains pour plonger dans son regard. Enfin, elle murmure :

— Oh ! Gil... Sans toi... cette nuit... enfin, faut qu' tu saches que...

Il pose un doigt sur la bouche de son amante, l'incitant à se taire.

— C'était le risque. Toi, tu as assumé jusqu'au bout. Je dois assumer aussi. De toute façon, ma petite bourgeoise salope, je te réserve une surprise. Prends ton temps sous la douche, je veux que tu sois en forme.

— Que serais-je sans toi ?

Gil retrouve sa bonne humeur, et avec un large sourire répond simplement :

— Mais, ma chérie, tout d'abord, ce n'est pas moi qui vins à ta rencontre ! Et puis, crois-tu vraiment que tu sois un cœur au bois dormant ?

Rebecca disparaît dans la salle de bains où, n'y résistant plus, Gil la rejoint dix minutes plus tard. Sous le jet d'eau chaude de la douche, il caresse ce corps brûlant, aux formes si voluptueuses, qui sait si bien envoûter les hommes, les femmes, et le diable lui-même sans doute. Il savonne les fesses de Rebecca, portant chacune l'empreinte de la main du faux prince Radjah et de ses bagues dorées. Elle s'abandonne dans les bras de son amant, s'empale sur cette bite raide qu'elle a sucée tant de fois, qui connaît aussi bien son con que son cul, et murmure :

— J'ai bien vu, hier soir... que tu étais un peu... et sûrement que cette nuit aussi...

Gil sent son sexe raide comprimé entre les parois chaudes et trempées de sa divine maîtresse. Elle est pendue à son cou, il lui soulève une cuisse, la pénètre plus profondément.

— Oui... jaloux. J'ai oublié que ce sentiment devait être exclu de la voie que nous avons choisie. Mais il n'a fait que transiter un instant. N'en parlons plus.

— Tu ne veux vraiment pas savoir comment ça s'est passé après ton départ ? insiste-t-elle, plus perverse que jamais.

La respiration de Rebecca est saccadée, lentement elle se laisse monter et descendre sur la tige dure de son amant, son maître ès-sexe, un maître habité cette nuit par la crainte de perdre sa petite esclave.

— Non ! Hier soir et cette nuit... tu as juste été une parfaite...

— Hôtesse de bar, mon chéri ! Une parfaite hôtesse de bar dont un maire et un député se sont amourachés et... qu'ils ont partagée ! Quel dommage que...

— Que ?

— Que ce soit fini ! conclut Rebecca en haletant, son corps nu ruisselant contre celui de Gil.

Orgasme court, rapide. Rebecca colle sa bouche à celle de son amant tandis qu'il éjacule tant et plus dans ce con brûlant qui, depuis la veille au soir, reçoit visite sur visite. Son sexe ramolli à peine sorti du fourreau qui vient de l'accueillir, Gil soulève le menton de sa maîtresse.

— Mais, ma chère Rebecca, que crois-tu donc ? Ce n'est pas fini. Nous ne rentrons à Strasbourg que demain. Disons que c'est terminé pour... Monsieur Vincent et son faux prince Radjah ! Mais pas pour moi ! Le maître, c'est moi, n'est-ce pas.

Rebecca esquisse alors un large sourire, se colle contre Gil pour répondre :

— Je n'ai jamais pensé autrement. Quoi qu'il arrive, je serai toujours ta petite bourgeoise salope, ton esclave perverse.

Tandis qu'elle s'apprête, Gil descend jusqu'au parking de l'immeuble. Il ouvre le coffre de la Clio de Rebecca, y fouille un sac pour en vérifier le contenu, puis le transporte jusqu'à sa C5 Citroën où il le dépose sur le siège arrière. Avant de filer sur Ostende pour déjeuner, il insiste pour que Rebecca prenne deux comprimés.

— N'aie crainte, ce ne sont que des vitamines. Pas question que tu accuses un coup de fatigue. Je tiens à ce que tu sois toujours en super-forme... pour moi. D'ailleurs, le pharmacien a précisé qu'il fallait aussi en prendre à dix-sept heures.

*

Après un excellent déjeuner, les amants se promènent sur la digue d'Ostende. Sur la plage, un peu plus de monde qu'en début de semaine et déjà quelques jolies femmes allongées, désireuses de commencer leur bronzage estival.

— Toi, dit Gil en regardant sa montre, tu auras tout le mois de juillet pour bronzer à Ramatuelle, n'est-ce pas. Viens, je t'emmène ailleurs.

Il est quinze heures trente. Direction : Anvers, cent vingt kilomètres d'autoroute. Dans la voiture, Rebecca est d'humeur joyeuse, elle laisse un bras autour du cou de son amant, se penche pour y poser un baiser, se dit heureuse que leurs chemins n'en fassent qu'un depuis quelque temps déjà.

— Et quel chemin ! rétorque Gil en caressant la cuisse de son amante.

Réflexe naturel chez la bourgeoise, elle écarte aussitôt les cuisses, histoire d'inciter son amant à la caresser bien plus haut. Ce qu'il n'hésite pas à faire, passant du bord brodé des bas noirs auto-fixants à la chair chaude et tendre. La circulation fluide permet un peu plus d'audace et les doigts de Gil tâtent le fin tissu du string noir, descendent jusqu'à l'entrecuisse pour mieux palper la vulve dodue, humide déjà. Tandis qu'elle tire sur sa cigarette, Gil pince les grandes lèvres par-dessus le tissu et sa petite esclave salope pousse son bas-ventre vers l'avant, glousse en sourdine, insiste :

— Pourquoi pas sous le tissu, mon chéri ? Tu sais que je t'appartiens toute. Et je ressens à nouveau cette insatiabilité... cette soif d'être pénétrée de plus en plus...

— On a tout le temps..., répond-il, laissant sa maîtresse sur sa faim et reposant les mains sur le volant.

On ne peut aller à Anvers sans voir la statue de Rubens sur la Groenplaats, visiter sa maison et son atelier où sont conservées une cinquantaine de ses toiles. Pour y intéresser Rebecca, Gil lui fait remarquer que le nom de Rubens est associé à la ville d'Anvers tout comme celui d'Andy Warhol l'est à celle de New-York. Mais en bonne bourgeoise fortunée, Rebecca sait qu'Anvers est aussi la capitale du diamant. On fait donc une petite balade dans la rue des tailleurs diamantaires.

— C'est ça qu'il me faut ! s'exclame-t-elle devant la vitrine d'un bijoutier.

— Tu as vu le prix ?

— Je veux me les payer avec mon premier salaire de...

Gil sourit, sans rien dire. Rebecca poursuit :

— Ton ami Vincent était tellement content de notre prestation en vitrine qu'il nous a donné à chacune cinq cents euros. Plus mon pourboire sur la nuit... Alors !

Rebecca sort avec de magnifiques boucles d'oreilles en forme d'anneaux sertis de pierres précieuses. De la rue des diamantaires, les amants passent dans le centre plus commercial. Une visite dans un magasin de mode et Rebecca en ressort avec une mini-robe de cuir noir, sans manches, très décolletée et se fermant entièrement sur l'avant par une fermeture Éclair. Cadeau de Gil pour la remercier d'avoir concrétisé son fantasme toute cette semaine.

— Avec les sous-vêtements de cuir que tu portais hier soir, ce sera parfait, déclare Gil.

— J'ai hâte de porter tout ça rien que pour toi, mon chéri, réplique Rebecca toute enflammée. Ça m'excite déjà, tu peux pas savoir...

Tandis qu'ils boivent un verre en terrasse, sur la Groenplaats, face à la statue de Peter-Paul Rubens, le pornographe en profite pour faire prendre à sa maîtresse ses vitamines.

— Tu sais, mon chéri, je me sens en pleine forme. Même que je suis déjà en train de mouiller... j'ai une folle envie, Gil...

— Tant mieux... tant mieux... c'est tout ce qu'il faut pour finir la semaine en beauté, ma petite salope. Tu dois toujours être dans cet état pour ton maître.

Sans trop tarder, ils entrent dans une pizzeria.

— Après ça, on ira sur les docks, déclare Gil. Venir à Anvers sans voir le port, ce serait un comble.

Le léger repas terminé, le demi-carafon de vin vidé, Rebecca sent monter en elle une fièvre étrange. Elle serre la main de son amant sur la table, a pour lui un regard qui en dit long sur son envie de baiser.

— Gil, les docks, putain, j'en ai rien à foutre... j' veux autre chose, tu le sais bien !

Pour toute réponse, un sourire, un clin d'œil. Il commande deux cafés et file à sa voiture. Dehors, la clarté du jour commence à s'estomper. De retour à table, Gil tend à Rebecca le sac du magasin de mode contenant la nouvelle robe de cuir qu'il lui a offerte. Mais, sans qu'elle le sache, il y a glissé également le soutien-gorge et le string, constitués tous deux de simples lanières de cuir, qu'elle portait la veille pour son numéro en vitrine. Il y a ajouté un porte-jarretelles en dentelle noire et ses bas noirs à couture.

— J'aimerais que tu files aux toilettes et que tu mettes tout ce que ce sac contient, ma chérie. En plus, je voudrais te voir maquillée comme hier soir.

Rebecca veut jeter un coup d'œil dans le sac mais Gil l'en empêche.

— Non ! Tu vas aux toilettes et tu enfiles tout.

Tout sourire, le feu aux joues, Rebecca répond :

— D'accord, mon chéri... pas de problème... après tout, pourquoi ne pas déjà mettre cette nouvelle robe pour toi ce soir ?

Tandis que Rebecca traîne dans les toilettes, Gil règle l'addition. Enfin, elle réapparaît. Perchée sur des talons aiguilles de dix centimètres, maquillée comme la veille, les cheveux coiffés en queue de cheval avec quelques mèches sur le front, elle est on ne peut plus sexy et provocante dans cette mini-robe de cuir, dont le bas, sous la fermeture Éclair, reste ouvert et laisse voir les jarretelles noires ainsi que le bord brodé des bas à couture. Quant au haut, son décolleté en carré offre le haut des seins avec d'étranges morceaux de lanières de cuir dont seul Gil connaît la nature. Tous les regards se tournent vers cette beauté sublime, un court silence s'installe dans la salle de restaurant tandis que Rebecca s'approche lentement de son amant qui se lève de sa chaise. Pour les clients, ça ne fait pas l'ombre d'un doute : elle rejoint son mac pour aller au turbin.

En rejoignant la voiture sur le parking, Rebecca se serre contre son amant.

— Gil, je ne sais pas ce que j'ai... je me sens plus excitée que jamais... je t'en supplie, sens ma chatte... elle est trempée... j'en peux plus...

— Eh bien, allons donc nous promener sur les docks. Je suis sûr que l'odeur nauséabonde du mazout et des détritus en tout genre s'insérera parfaitement dans le tableau de ta nouvelle incartade.

— Gil... que vas-tu faire ? Donne-moi ta bite, je t'en supplie... rien qu'un instant... là, entre deux voitures...

*

2. ... et ses dockers

Sur le dock 21, où est amarré un porte-conteneurs, l'air empeste, relents de vieille huile, de mazout, de fruits et légumes pourris, de carcasses de rats flottant sur l'eau polluée ; on est loin de l'air pur et iodé de la plage d'Ostende. Entre chien et loup, quatre dockers s'affairent encore à un rangement de palettes dans le hangar ouvert face au flanc de l'immense navire. Deux projecteurs éclairent crûment l'espace du dock où évoluent les travailleurs mariniers, une vingtaine de mètres carrés tout au plus. Déjà, en voyant approcher Gil et Rebecca, ils s'arrêtent de discuter. Une pareille nana sur les docks, c'est plutôt rare. L'un d'eux siffle même, autant d'admiration que pour attirer l'attention de ses collègues. Ces gars-là ne sont pas des gringalets, des grooms du Carlton ou du Georges V, plutôt des lutteurs de fête foraine ou du World Wrestling Championship, des déménageurs genre armoires à glace. Le type de mecs avec qui on préfère entretenir de bonnes relations amicales.

— Eh bien, ma chérie, j'espère que tu seras à la hauteur ! Ça, c'est pas du prince d'opérette !

Sans qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Gil ouvre entièrement la fermeture Éclair de la robe de cuir de Rebecca et écarte les pans. Elle est bouillante, la bourgeoise, jamais encore elle ne s'est trouvée dans pareille situation, offerte comme une belle marchandise par son amant à quatre dockers, un jeunot d'une vingtaine d'années, un type chauve, avec une moustache à la Mongol, et deux colosses noirs. Impossible à Rebecca de prononcer le moindre mot, tout son corps est couvert de frissons. Elle est là, sur un dock du port d'Anvers, les nichons à l'air, gonflés comme la veille par le soutien-gorge en lanières de cuir qui lui comprime la base des seins, gros mamelons raidis, vulve au vent de façon obscène dans ce string hyper-érotique, sans oublier le porte-jarretelles et les bas à couture. Heureusement, l'air est tiède.

— Eh bien, les gars ! Qu'en pensez-vous ? Pas de la belle marchandise, ça ? demande Gil, cigarillo au bec, allure de mac oblige.

Rebecca a la gorge nouée, son cœur cogne à tout rompre dans ses tempes. Son Gil ne lui a jamais fait ça ! Son esprit vacille entre angoisse et excitation. La fièvre l'envahit entièrement, elle est toute chaude, elle a peur, elle a envie, elle mouille plus que jamais. Cette fois, il la met réellement à l'épreuve, elle voulait être pute, elle l'a été cette nuit, mais dans le luxe, dans la chaleur feutrée d'un bar select, caressée par des mains soignées d'hommes en trois pièces-cravate. Maintenant, son amant, lui montre l'autre facette de la vile débauche, le côté sombre de la voie qu'elle voulait suivre avec lui. Cette nouvelle incartade lui apparaît comme l'épreuve ultime que Gil lui soumet. Qu'à cela ne tienne, elle s'y soumettra, avec délices même ! Elle est une bourgeoise salope, elle a été pute de haut rang la nuit précédente, elle sera pute de bas étage ce soir.

— Trop cher pour nous, ça, mon gars ! tonne le grand chauve.

— Pas du tout ! rétorque Gil. Ce soir, pour vous, c'est gratis ! Je lui offre sa récréation ! Elle tenait à connaître des dockers. Pas vrai, Candice ?

Rebecca-Candice, soudain revigorée par sa détermination d'aller jusqu'au bout dans la voie de la déchéance, regarde son mac d'un soir avec un large sourire et répond :

— Et comment, mon chéri ! Tiens donc ma robe. Le reste ne gênera pas ces beaux mâles pour flatter mon corps de leurs atouts virils.

— Jamais vu pareille nana ! s'exclame un des deux Noirs, tandis que tous quatre entourent Candice, pleine de fièvre, la respiration courte et saccadée.

Sans perdre une seconde, Gil prend déjà une ou deux photos de sa maîtresse bien plus provocante encore que si elle était complètement nue.

— Allez, gamin ! dit le grand chauve au jeune blanc d'une vingtaine d'années. Des nichons pareils, t'en verras pas beaucoup. Vas-y ! Tâte-les ! Mais n' fais pas dans ton froc, hein ! Avec la bouche qu'elle a, elle se fera un plaisir de te sucer.

Les deux autres dockers éclatent de rire, et poussent le gamin vers la belle pute qu'on lui offre. Lui aussi est tout enfiévré. Il tend les mains vers cette poitrine nue, agressive, laisse sur les seins qu'il pelote sans délicatesse des traces noires et grasses sous les encouragements de ses trois collègues.

— J'aime bien tes jeunes mains sur mes nichons, mon chéri. Vas-y, pince mes gros bouts, lui murmure Candice tout en palpant la braguette bombée du jeune docker.

Mais déjà un des deux colosses africains a passé par derrière sa main immense entre les cuisses de la jolie poupée pour lui palper la vulve et tirer sur les grandes lèvres.

— Putain ! Elle est trempée comme une soupe, cette bonne femme !

— Gamin, avec une pareille pute, tu dois te montrer plus autoritaire, déclare l'autre Noir au visage de gorille.

Gil, resté à deux mètres des personnages qui lui jouent une scène dont il a souvent rêvé, dépose la robe de cuir sur une bitte d'amarrage, saisit son portable dans une main et son petit appareil numérique dans l'autre. Juste à temps pour photographier ce gorille saisir Candice par les cheveux et l'obliger à se courber vers l'avant pour prendre en bouche la bite toute raide du jeune docker.

— Voilà ! Tiens-la comme ça, mon gars, dit-il encore en lui faisant empoigner la queue de cheval de Candice dont la bouche rouge s'active sans plus attendre sur sa hampe dressée comme un obélisque.

Pliée à l'équerre, elle s'accroche au T-shirt du gamin qui, trop excité sans doute, lui remplit déjà la bouche de son foutre de jeune mâle tandis qu'un des deux Noirs arrache brutalement son string et lui enfonce d'un coup sec son long braquemart brun dans le con, ses mains empoignant fermement la taille de la belle blanche à sa disposition. Surprise, Candice lâche la jeune bite pour pousser un long râle en se cambrant, toujours accrochée au marcel du gamin dont le sexe flasque pend déjà mollement sur des bourses à peine velues. À la commissure de ses lèvres, apparaît une grosse goutte blanchâtre et épaisse. Elle passe la langue couverte de sperme pour aspirer l'air des docks. Mais pas le temps de respirer plus. Le grand chauve à moustache de Mongol prend la place du jeunot et saisit lui aussi la queue de cheval blonde. Sans plus tarder, il enfonce son gros gland violacé en forme d'obus dans la bouche de Candice en disant :

— C'est pas tous les jours qu'on a une pareille poupée ! Tu vas voir comme on va te remplir, salope ! déclare-t-il sans s'occuper de ce que fait le mac occasionnel de la belle Rebecca, ou Candice, son doux prénom de pute.

Gil, qui n'a jamais connu lui non plus une telle fièvre mêlée d'angoisse, ne cesse de photographier. Mais entre deux photos avec son numérique, il a aussi formé sur son portable le numéro de monsieur de la Molinière. Et après avoir envoyé les deux ou trois photos qu'il venait de prendre, où on voit la bouche de Candice sucer une bite blanche tandis qu'un immense Noir la prend par derrière, il a placé son portable, branché sur haut-parleur, pas loin de la tête du chauve pour que le sieur Édouard entende les paroles du docker. Le bas-ventre collé au cul de Candice, le Noir la pistonne à grands coups secs, la projetant chaque fois vers l'avant, rythmant du même coup le va-et-vient de sa belle bouche rouge sur la bite de son collègue chauve. Le colosse ahane comme une bête furieuse, la bite du chauve disparaît entièrement dans la bouche de Candice qui glousse de plus en plus fort, ses lèvres viennent buter sur le sac de couilles gonflées et velues, son nez s'écrasant sur la bas-ventre puant du quinquagénaire. Elle voudrait lâcher la bite qui lui remplit la bouche, mais pas question. Remplie par une bite blanche et une noire, ses nichons sont en même temps torturés par le deuxième Africain qui n'hésite pas à étirer ses gros mamelons vers le bas comme s'il trayait une vache.

— Quels bouts elle a, ta pute, mon gars ! dit-il en s'esclaffant et s'adressant à Gil.

— Et surtout, quel con ! s'exclame l'autre Noir en train de lui envoyer sa semence en la secouant comme une poupée de chiffon.

Gil, les tempes battantes, ne rate rien de cette scène de débauche dans laquelle il fait plonger sa petite esclave, qui gémit de plus en plus fort. Le quinqua chauve et le Noir sont en train de lui remplir ses deux orifices de leur foutre. Gil approche son portable du visage de Candice pour qu'à six cents kilomètres de là, on entende ses couinements, ses gémissements de plaisir autant que de douleur, que l'on voie le sperme déborder de ses lèvres carminées.

— Une véritable chienne en chaleur, votre bourgeoise. Elle a la bouche pleine du sperme de deux dockers, un gamin de vingt ans et un gars de cinquante, et son con dégouline de celui d'un Noir... et ce n'est pas tout, monsieur... elle les supplie d'encore la prendre..., murmure Gil dans son portable.

Il approche l'appareil de la bouche enfin libérée de la bourgeoise qui halète à n'en plus finir, la chevelure toujours maintenue par le chauve en train de frotter sa bite flasque sur le visage de Candice.

— Faut bien que j' m'essuie quéqu' part ! J'ai pas d' mouchoir ! s'exclame-t-il.

— ... encore... de grâce... encore... y'a mon cul... putain... j'veux qu'on me remplisse..., bredouille Candice dans un état d'extrême excitation tandis que le gland poisseux lui parcourt les joues, les yeux et le menton.

Aussitôt, le Noir qui torturait les mamelons de Candice se redresse et sort son sexe dont la taille est si impressionnante que Gil écarquille les yeux.

— Elle n'en a sûrement jamais eu une pareille dans le cul, cette salope, hein, mon gars ? déclare-t-il en regardant Gil, dont les mains commencent à trembler.

Heureusement, il a tout prévu et sort d'une poche de sa veste sans manches, type veste multi-poches de photographe, un tube de vaseline non encore entamé. Il le tend au puissant Noir qui s'est débarrassé de son jean et de son slip pour mieux enculer cette chienne qu'on lui offre. Tout affairé, Gil n'a pas remarqué l'arrivée d'un jeune Métis qui travaillait dans le hangar voisin et que le gamin est allé chercher après s'être vidé avec bonheur dans la bouche de sa première pute. En lui faisant un clin d'œil, le chauve lui a passé la chevelure de Candice comme on passe le témoin dans une course-relais. Et déjà, tout heureux, le Métis voit sa belle bite café au lait s'enfoncer dans la bouche la nouvelle princesse des docks.

— Waouh ! Moi jamais avoir été sucé par une Blanche !

Mais Candice se cambre, elle glousse et gémit fortement. Le Noir est en train de lui enfoncer tout le contenu du tube de vaseline dans l'anus à l'aide de son index. Sous le regard ahuri de Gil, il a jeté par terre le tube complètement aplati, et enfonce carrément son long doigt dans le cul qu'il veut enfiler. Il le tourne de gauche à droite, s'écrie :

— Quel cul, cette poufiasse ! Il s'ouvre déjà ! Graissé comme il est... waouh, ça va bien glisser !

Aussitôt, il pose son gland noir, épais comme une petite courge, sur le trou du cul dilaté et luisant de façon obscène sous la lumière du projecteur du hangar. Saisissant sa proie aux hanches, il pousse lentement, et sous les yeux hagards de Gil, le gland de cinq centimètres disparaît dans le cul de Candice. D'un coup sec, elle a lâché la bite beige du jeune Métis pour respirer un bon coup. Elle râle, halète, balbutie en même temps :

— ... oh... non... j' pourrai pas...

— Toi me sucer mieux que ça ! ordonne le Métis qui a tôt fait de refourrer brusquement sa verge dure dans la bouche dégoulinante et déformée de sa première pute blanche.

Le puissant Noir qui a attendu un moment s'exclame :

— Ça y est ! Elle est ouverte... une vraie truie !

Alors, sous l'objectif du numérique de Gil, puis sous celui de son portable, sous le regard aussi des trois autres dockers déjà soulagés mais qui veulent voir si ça va entrer, il enfonce doucement son long sexe dur, épais comme un concombre, dans l'anus de Candice qui gémit, la bouche pleine de la bite du Métis. Lentement, le cul dilaté engloutit l'énorme braquemart du Noir jusqu'à ce que son sac de couilles grosses comme des pêches vienne buter contre l'entrecuisse.

— Putain ! Quel chaud cul ! Enfin une Blanche que je parviens à enculer !

Sous les encouragements lubriques de ses collègues, il entame un lent et long mouvement de va-et-vient dans le rectum plein de graisse. Une fois de plus, Candice lâche la bite du Métis pour respirer et s'écrier :

— ... aah... jamais eu ça dans mon cul... t'es le meilleur... remplis-moi... aah...

Des paroles prononcées suffisamment fort pour passer par le portable de Gil, toujours en liaison avec le sieur de la Molinière. Sous le regard horrifié de son amant, elle reçoit séance tenante une gifle du Métis tandis qu'il la maintient toujours par les cheveux. Avec les réflexes d'un grand reporter, Gil photographie la scène en vidéo et capte tous les sons.

— Merde ! Moi éjaculer dans ta belle gueule ! Pas à terre ! dit-il en rentrant rapidement sa tige tendue entre les lèvres de Candice.

Elle est en transes, en proie à une jouissance démesurée. Le Noir et le Métis éjaculent en même temps, l'un dans son cul plein de vaseline, l'autre dans sa bouche. En moins d'une heure, c'est le troisième docker dont elle reçoit tout le foutre en bouche. Quant à son con et son cul, ce soir, ils ont été plus qu'honorés, bourrés, défoncés, remplis par deux Noirs aux sexes surdimensionnés.

La bite du grand docker noir sort du cul de Candice, toute gluante, et il l'essuie sur les fesses blanches, les couvrant de traces brunâtres. Quant au jeune Métis, il redresse Candice, la maintenant toujours par les cheveux. Il lui sourit et pose sur sa bouche rouge et brillante un furtif baiser.

— Merci bien, princesse des docks. Tu m'en veux pas, hein, pour la baffe ? Mais tout mon foutre, il allait partir.

À la grande surprise de Gil, elle répond, d'une voix chevrotante et rauque :

— Mais non... tu as bien fait... je le voulais ton foutre, mon chéri... il est bon...

— Ça, pour une princesse, c'est une princesse ! Surtout, ne la perds pas, mon gars, elle vaut une fortune ! dit un des deux Noirs à Gil.

Les cinq dockers se retirent, épanouis, s'envoient des tapes amicales dans le dos, s'éloignent pour aller vider une cannette de bière au bar du port, à cent mètres de là. La nuit est tombée, l'air est toujours aussi tiède, empeste toujours autant.

*

Rebecca est sans voix, les jambes tremblantes d'être restée aussi longtemps pliée à angle droit. Son regard plonge dans celui de son amant qui a coupé portable et numérique. Elle a la bouche pleine de sperme, son con et son cul dégoulinent plus que jamais. Ahurie, elle voit Gil sortir d'une poche une fiole en verre, type éprouvette de laboratoire, d'environ douze centimètres de long sur un et demi de large. Il l'approche de la bouche de son amante :

— Crache tout ça là-dedans, ma chérie. Ce sera un souvenir.

Le sperme tombe au fond de l'éprouvette, blanchâtre, épais, à forte odeur vinaigrée, plein de traces aussi de rouge à lèvres.

— Maintenant, écarte tes belles cuisses de pute, ma petite bourgeoise salope !

Rebecca s'exécute et voit son amant pousser l'entrée de l'éprouvette dans l'entrée de son con tout détrempé. Les mains sur la tête de Gil, elle sent le tube de verre racler ses parois vaginales pour recueillir cette semence laissée par le premier docker noir qui l'a prise. Elle ne dit pas un mot, des frissons l'envahissent, elle est pratiquement nue, là, sur le dock, examinée et vidée de son trop-plein par son mac d'un soir. Le bord brodé de ses bas est humide, lui colle à la chair. Gil passe derrière elle et s'accroupit à nouveau.

— Allez, ma chérie, écarte tes fesses à deux mains... je dois tout avoir...

— Oh ! Gil... on n'a jamais fait ça... ho...

Elle n'a pas le temps de prononcer un mot de plus, Gil enfonce le bout de l'éprouvette déjà remplie à moitié dans l'entrée encore dilatée du cul de sa maîtresse. Il lui imprime un léger mouvement circulaire pour racler doucement le fond du rectum. Mains sur les fesses, Rebecca se cambre, pousse des soupirs de plaisir qui sidèrent son amant. Gil sent le cul de Rebecca se refermer sur le bout de l'éprouvette, comme s'il voulait l'emprisonner, l'aspirer, la garder encore un peu dans son antre chaud.

— Ma parole... après tout ce que tu as eu... ne me dis pas que...

Il la tire doucement vers le bas, et un bruit obscène d'extraction de bouchon s'échappe au moment où elle sort complètement de l'anus. La fiole de verre est remplie aux deux tiers d'un liquide visqueux, à odeur indéfinissable, peu agréable, sans couleur particulière mais avec des filaments bruns, d'autres rouges. Gil la rebouche fermement à l'aide d'un bouchon de liège. Il aide alors sa maîtresse à enfiler sa robe de cuir, referme lui-même la fermeture Éclair.

— Gil, je t'en supplie... serre-moi dans tes bras... j'en ai besoin...

Il caresse le visage, luisant et collant lui aussi du sperme laissé par le grand chauve, approche sa bouche des lèvres gonflées, presque démaquillées, poisseuses, mais il n'hésite pas à y coller les siennes pour échanger avec sa merveilleuse bourgeoise perverse le baiser le plus fougueux qu'ils aient jamais échangé.

— Tu viens de commettre ta plus belle... incartade, ma chérie. Tu es vraiment la... PRINCESSE DES DOCKS.

Sans rien dire, il ramasse le string de cuir qui traînait sur le sol, le fourre dans sa poche. Main dans la main, les amants diaboliques rejoignent le parking du port, au bout du dock 21.

*

Vingt-deux heures trente. Le ciel noir d'encre s'appesantit sur le port, pas beaucoup d'étoiles, et une lune entourée d'un halo rosâtre. Sur le parking, flotte une odeur marine, plus supportable que celle qui régnait sur les docks. Il faut reprendre l'autoroute, direction Ostende, puis Bray-Dunes. Cent cinquante kilomètres. Une bonne heure et demie. Dans la voiture, épuisée, Rebecca allume une cigarette, incline plus fort son dossier, écarte les jambes. Son con coule encore, ses cuisses collent l'une à l'autre. De son bas-ventre s'élève une odeur de foutre qui se répand dans l'habitacle. Gil allume un cigarillo, histoire de mêler les parfums. Il branche la radio, pousse sur le bouton CD et le chargeur situé derrière le tableau de bord envoie Léo Ferré. « ... Une robe de cuir, comme un fuseau, qu'aurait du chien sans le faire exprès... et dans le port de cette nuit... une fille qui tangue et vient mouiller... c'est extra... »