Chapitre 18

Depuis maintenant deux ans, Rose doit reconnaître avec humilité qu’elle n’arrive pas à ne rien ressentir envers Émile. Bien sûr, elle refuse de nouer une relation extraconjugale avec lui, mais en même temps elle aime bien qu’il reste dans les parages, soupirant pour elle, lui redonnant par moments son âme de collégienne et lui permettant ainsi de s’échapper sans danger de sa vie convenue de femme mariée et de mère de famille. En pensant à lui, même juste quelques minutes dans sa journée, elle peut alors imaginer du grand, du magnifique, du merveilleux, et c’est assez pour la rendre heureuse. Elle sait bien que cela ne deviendra jamais sa vie, pas plus que les romans qu’elle lit et les films qu’elle va voir au cinéma ne se concrétiseront jamais. Elle n’est pas folle. Mais même si elle ne souhaite aucunement changer sa vie, elle admet qu’elle a vraiment besoin, encore plus peut-être qu’une autre femme, de sentir le pouvoir d’attraction de son charme et de sa beauté sur les hommes. Comme une actrice de cinéma, comme Barbara Stanwyck, Greta Garbo ou Joan Crawford, qu’elle va voir au cinéma le plus souvent possible depuis qu’elle a reçu sa carte d’accès au cinéma Capitol.

Chaque fois, bien installée dans son fauteuil, seule dans l’obscurité totale qui l’entoure, Rose peut rêver tout à son aise, s’identifier au héros ou à l’héroïne et vivre toutes sortes d’aventures, permises ou non, sans préjudice pour personne. Elle a pris l’habitude d’y aller, lorsque le film l’intéresse, les jeudis soir alors qu’il n’y a pas trop de monde. Elle a vu Marius en début d’année avec Raimu et Pierre Fresnay. Selon elle, le roman de Marcel Pagnol était meilleur, mais cela ne l’a pas empêché de se laisser séduire par les paysages bucoliques et le drôle d’accent des gens de la Provence. Plusieurs films muets sont encore présentés, comme Les lumières de la ville avec Charlie Chaplin, qu’elle a adoré. Elle aime les films parlants, mais plusieurs sont en anglais comme Night Nurse avec Barbara Stanwyck, Mata Hari et As You Desire Me avec Greta Garbo en blonde. Elle ne comprend pas les dialogues, mais l’histoire si, de même que la musique, les émotions et les sentiments qui sont en jeu.

Ce soir, elle a décidé d’aller voir Dracula avec Béla Lugosi. Elle aime avoir peur, les romans de meurtre et d’enquête la passionnent. Un film d’horreur ? C’est son premier. Elle va voir si elle aime cela. Louis a promis de venir la chercher vers neuf heures à la porte du cinéma. Elle craignait d’avoir trop peur pour traverser seule la petite ruelle sombre qui mène à la maison. Elle s’assoit dans son coin habituel, bien décidée à ne pas se laisser trop impressionner par ce vampire qu’on dit assoiffé de sang.

Sitôt les lumières éteintes, voilà qu’un homme arrive discrètement et s’assoit près d’elle. Au moment où elle s’apprête à dire à ce sans-gêne de déguerpir, elle entend Émile lui chuchoter à l’oreille :

C’est moi, Rose. C’est Émile.

Rose sursaute. Même si cela se passe dans un cinéma rempli de monde, elle se sent vulnérable, surtout maintenant qu’il fait totalement noir.

Je suis juste venu voir le film avec toi, murmure-t-il. Inquiète-toi pas !

Rose est inquiète, justement. Elle réfléchit. Est-ce elle qui lui a dit qu’elle venait au cinéma le jeudi ou est-ce Louis qui en a parlé devant lui ? Ils se voient de plus en plus souvent tous les trois. Le samedi soir, comme depuis longtemps, à la maison mêlés à un tas d’invités, mais souvent aussi le samedi après-midi seulement tous les trois à la garçonnière d’Émile en ville. Chaque fois, Rose se sent heureuse de se retrouver avec les deux hommes qu’elle aime à sa façon, un mari et un ami proche. Peut-être s’agit-il d’une amitié un peu particulière, mais elle ne l’a pas cherchée. Tous les trois ensemble, ils passent d’excellents moments. Très à l’aise, ils jasent, ils prennent un verre et se racontent leur semaine en riant beaucoup.

Mais en ce moment même, assise avec Émile dans un cinéma, l’un à côté de l’autre, juste tous les deux, c’est une autre histoire. Tout le monde peut les voir et, malgré l’obscurité, reconnaître leur silhouette et lancer des rumeurs. Spontanément, elle décide de changer de place pour laisser au moins un siège vide entre eux. Émile ne réagit pas. Le film commence bientôt sur la musique dramatique du Lac des cygnes qui laisse présager bien des catastrophes. Assez rapidement d’ailleurs, le comte Dracula apparaît dans toute sa macabre noirceur. Rose est clouée sur son siège. Lentement, Émile étire son bras jusqu’au siège suivant et glisse sa main dans celle de Rose qui la lui abandonne sans résister. Après tout, personne ne peut les voir. Et il y a quelque chose de sécurisant dans ce geste, alors qu’à l’écran les assauts du vampire font de plusieurs personnages des victimes, surtout l’héroïne, Lucy, la proie de prédilection de Dracula. Rose et Émile se tiennent ainsi la main, presque tout au long du film, Émile la serrant, l’effleurant, la caressant, l’étreignant, croisant ses doigts avec les siens, exprimant de cette façon à Rose son amour tout en tentant de s’accorder avec le côté plus ou moins poignant des scènes à l’écran. Rendu au générique de la fin, il prend une petite boîte dans sa poche de manteau qu’il dépose dans la main de Rose.

Je peux pas accepter ça, chuchote Rose, prise de cours.

Garde-lé ! ordonne Émile. C’est tout petit. Mets-lé dans ta sacoche. Tu l’ouvriras chez vous.

Tous les deux se parlent sans se regarder en fixant l’écran droit devant eux.

Ça me met mal à l’aise, murmure Rose.

Tu vas voir, tu vas aimer ça !

Rose ramasse son sac à main dans lequel elle jette la petite boîte :

Y a Ti-Louis qui vient me chercher tantôt, déclare Rose avec inquiétude. Y doit déjà être à porte à m’attendre. Faut pas qu’y nous voye toué deux ensemble.

Bon ben, sors avant moi ! Envoye ! J’vas attendre qu’y aille pus personne avant de sortir à mon tour.

Dehors, Louis est bien là qui attend Rose :

Pis ? T’as-tu ben eu peur ? demande-t-il, un peu moqueur.

Pas mal, avoue Rose en lui prenant le bras et en commençant à marcher.

T’as ben l’air pressée ! T’as-tu peur qu’y parte après toi ?

Ben, on peut dire que ça m’a mis sur les nerfs ce film-là ! lance-t-elle en le serrant plus fort.

Pauv’tite ! Une chance que chus venu te chercher, hen !

Certain ! Une chance que t’es là ! Si tu l’avais vu avec sa grande cape noire, ses grands yeux égarouillés, pis ses deux longues dents. C’est sûr que je voudrais pas le rencontrer dans un coin noir.

À son retour à la maison, elle monte à leur chambre et cache le cadeau sans l’ouvrir dans son tiroir à bijoux. Elle ne se sent pas bien. En se déshabillant, elle pense aller le lui rapporter au plus vite, dès le lendemain, à sa garçonnière. Elle vient de se souvenir qu’il lui a déjà dit qu’il y allait souvent le vendredi, et même que, chaque fois il l’attendait, l’espérait. Eh bien, il sera servi.

Le lendemain après-midi, une fois ses deux plus jeunes couchés pour la sieste, Rose s’habille d’un vieux manteau et d’un chapeau qu’elle n’a jamais vraiment porté et quitte la maison, fébrile, la petite boîte dans son sac à main, espérant ne pas se faire reconnaître dans la rue ni croiser personne jusqu’à la garçonnière. Elle marche vite, la tête basse, nerveuse. Une fois rendue, elle se faufile rapidement dans l’entrée du rez-de-chaussée, monte à l’étage et frappe à la porte.

Rose ! Mon Dieu, la belle visite ! s’exclame Émile en ouvrant la porte de son appartement. Reste pas là dans porte ! Viens vite ! Rentre !

Je suis pas venue ben longtemps, déclare Rose en pénétrant dans cet endroit qu’elle connaît bien.

Elle ouvre son sac :

Je suis juste venue te rapporter ça, dit-elle en lui remettant le cadeau non déballé.

Tu l’as même pas ouvert ! fait Émile avec dépit, refusant de le reprendre. C’est à toi ce cadeau-là. Je l’ai acheté pour toi. Garde-lé !

Non ! Je peux pas garder ça ! lance-t-elle en le lui donnant à nouveau. Pas dans maison chez nous. Ce serait pas correct.

J’vas le reprendre seulement si tu le déballes, déclare Émile en essayant de le lui remettre dans la main.

Aaah toi ! Je te dis ! Envoye ! Redonne-moi-lé ! J’vas l’ouvrir.

Rose enlève rapidement le papier d’emballage et aperçoit sans surprise une petite boîte à bijoux.

Ç’a pas de bon sens, proteste-t-elle avant de l’ouvrir et de découvrir une délicate chaîne en or avec une jolie perle en pendentif. C’est beau, dit-elle. T’as du goût.

Envoye ! Sors-la de la boîte. J’vas te la mettre.

Je devrais pas, déplore Rose sans toutefois trop s’obstiner.

Envoye ! Tourne-toi !

Rose s’exécute. Les bras derrière la tête, elle soulève ses cheveux avec ses mains pour dégager son cou. Délicatement, Émile passe la chaîne et réussit à l’attacher sans trop d’effort.

Montre-moi ça comment t’es belle ! lance Émile en lui prenant les épaules pour la faire pivoter. Ah ! Ça te fait vraiment bien, Rose.

Coquette, Rose court vers le miroir qui se trouve dans la salle de toilette pour se voir.

Oui, c’est beau, c’est sûr.

Elle bouge la tête et les épaules pour se voir de différents angles.

Mais je peux pas la garder, fait-elle à regret.

Elle détache la chaîne et la lui rend.

Refusant de la reprendre, Émile marche quelques pas vers le divan :

Viens t’asseoir un peu Rose. On va parler.

Rose le regarde, méfiante, sans répondre.

Tu m’avais dit l’année passée au chalet qu’on allait en reparler, continue-t-il. Mais on en a jamais reparlé.

Rose hausse les épaules lentement, d’un air désolé :

Mais de quoi tu veux qu’on reparle, bonté divine ?

De nous autres, voyons donc !

Mais ça existe pas, ça, nous autres, répond-elle en secouant la tête d’un air navré.

Ah ! Tu me brises le cœur, Rose. Moi qui t’aime tellement.

Moi aussi je t’aguis pas, fait-elle comme pour le consoler. Mais je suis pas libre, Émile. On dirait que tu comprends pas ça.

Assis-toi donc au moins pour parler ! Je te mangerai pas.

Rose s’assoit prudemment à l’autre bout du divan.

Tu penses que ça se peut pas, toi, des couples qui s’aiment en dehors du mariage ? commence-t-il. Voire ! Si tu savais ce qui se passe partout dans ville. Picard avec la femme de Tremblay, Gagnon avec la femme de Boivin, Racine avec la femme de Dufour. Pis tu veux-tu que je t’en nomme d’autres ?

Quand bien même tu m’en nommerais toute l’après-midi, c’est pas une raison pour faire pareil, répond Rose.

Oui mais… Si tu m’aimes toi aussi… À cause qu’on passerait à côté de ça ?

Rose penche la tête sans répondre. Émile s’enhardit :

Tes yeux parlent, Rose, pis ton sourire aussi. Pense pas que je vois pas comment tu viens toute excitée quand tu me vois !

C’est vrai que je suis contente quand je te vois mais…

Ne lui laissant pas le temps d’aller plus loin, Émile s’approche rapidement de Rose et lui jette un bras autour du cou :

On est juste toué deux à présent, ma belle Rose. Y a personne qui peut nous voir. Personne.

Il pose ses lèvres sur sa bouche, doucement, plein de passion et de tendresse.

Je t’aime trop, dit-il en se détachant d’elle et en la regardant, les yeux éperdus d’amour.

Rose se sent ramollir. Toutes sortes de sensations envahissent son corps, faisant taire ses objections.

Ah que je suis donc fatiguée, lâche-t-elle en se laissant aller contre le dossier du divan.

Émile profite de ce moment d’abandon pour l’embrasser dans le cou et lui chuchoter une série de mots doux à l’oreille.

T’es la plus belle femme au monde, Rose. La plus douce, la plus fine, la plus merveilleuse.

Il inspire dans ses cheveux, son cou, son visage :

Tu sens bon. Tu sens tellement bon, murmure-t-il en inspirant à nouveau, sensuellement. Aaah ! Je t’aime tellement.

Rose se sent incapable de résister à un tel flot de passion. Alanguie sur le divan, elle se laisse caresser passivement. Lentement, il essaie de forcer un peu les choses. Il met d’abord une main sur sa poitrine, puis soulève sa jupe tranquillement, caressant ses cuisses et essayant de monter toujours un peu plus haut. Rose se laisse faire, langoureusement, respirant plus fort.

Je veux aller jusqu’au bout, Rose. Je t’aime trop.

À ces mots, Rose revient à elle brusquement :

Es-tu fou ? s’exclame-t-elle. Jamais !

Elle rabaisse sa jupe aussitôt et commence à replacer son corsage.

Oui mais… Tu peux pas m’abandonner là comme ça…

Certain que je peux, dit-elle d’un air farouche en se levant.

Non non… Rassis-toi, Rose ! Pars pas ! Je te toucherai pus, je te le jure.

Rose se rassoit, le corps encore tout en émoi, mais l’esprit bien éveillé.

T’es ben mieux de pus me toucher, ordonne-t-elle en le regardant de travers.

Juré craché, fait-il la main sur le cœur. Mais, ajoute-t-il en la regardant tendrement, tu peux quand même pas dire que c’était pas plaisant.

Elle fait une grimace de dépit :

Plaisant, pas plaisant, c’est pas ça qui compte, réplique-t-elle. Ça te dérange pas, toi, qu’on joue comme ça dans le dos de Ti-Louis ?

Ce qu’y sait pas, ça lui fait pas mal, observe Émile.

Oui, c’est peut-être vrai, tout le monde dit ça, proteste Rose, mais moi, je suis une femme mariée, pis je prends ça au sérieux, tu sauras.

T’as un petit côté époque victorienne coudonc Rose, lui lance-t-il d’un air moqueur.

C’est que tu veux dire par là ? rétorque-t-elle en continuant de rajuster sa tenue.

Ben tu sais ben… les plaisirs de la chair défendus aux femmes. À moins que ça soye l’Église qui te dicte ça ?

Tu dis n’importe quoi, répond-elle.

Elle se tourne vers lui et le regarde franchement :

Tu iras pas me dire que c’est honnête ce qu’on a faite là ?

Ben, hésite-t-il, pas vraiment, c’est sûr. Mais y me semble que tu t’en fais ben que trop pour rien. Mon Dieu Seigneur, Rose ! Une petite aventure, c’est ben ordinaire.

Parle pour toi !

Rose se lève et se rend à la toilette pour se recoiffer et se remettre du rouge à lèvres.

Tu t’en vas déjà ? fait Émile, navré, alors qu’elle ressort, déjà prête à partir.

Elle hausse les épaules :

Tu comprends vraiment rien, hen ? observe-t-elle en le regardant d’un air découragé. Je devrais pas être ici tu-seule avec toi. En plus, je devais être partie dix minutes de la maison, pis ça fait quasiment une heure que je suis ici, explique-t-elle en se dirigeant vers la porte.

Émile la suit, empressé :

Je m’excuse, bon, si c’est ça que tu veux. Mais c’est pas de ma faute, je t’aime trop.

Rose le regarde en silence, hochant la tête lentement :

C’est la troisième fois que tu me fais ça, pis à chaque fois tu me dis que tu le feras pus jamais.

C’est vrai ! s’exclame-t-il. Là c’est vrai, je te le jure. Je recommencerai pus.

Tu dis ça mais à chaque fois, tu recommences.

Là c’est vraiment vrai, implore-t-il. Promets-moi que tu vas revenir avec Louis, comme d’habitude, samedi prochain. Promets-moi-lé ou ben je te laisse pas repartir, menace-t-il en s’appuyant contre la porte.

Ah Émile ! Arrête de faire l’enfant !

Promets-moi-lé !

OK d’abord. Je te le promets.

Tu le regretteras pas, je te le jure, assure Émile en s’écartant pour la laisser passer.

Arrête de jurer ! C’est correct, là. On va faire comme si de rien n’était. Mais je t’avertis, c’est la dernière fois.

La main sur la poignée de porte, elle se retourne et le dévisage d’un air soupçonneux :

Dans le fond, toi, t’as faite exprès hier de me donner un cadeau au cinéma. Tu voulais que je vienne ici te le reporter.

Émile la regarde avec un air coupable :

Je t’aime trop, c’est pour ça.

Rose ouvre la porte et sort sans répondre. Maudit Émile, se dit-elle en descendant les marches rapidement. Encore une fois, il a réussi à la mettre tout à l’envers et cela va lui prendre des jours à se replacer. Elle lui en veut… Mais comment pourrait-elle ne pas être bouleversée ? se demande-t-elle en même temps. C’est si troublant de se faire enlacer comme ça avec passion. Le souffle chaud, les caresses, les déclarations d’amour… Ah si seulement elle pouvait se laisser aller… Un flot de sensations l’envahit à rebours. Mon Dieu Seigneur, murmure-t-elle en entrant dans la petite ruelle menant à la maison, venez à mon secours ! Elle se sent si désemparée. Son existence est encore une fois toute perturbée. Il va à nouveau lui falloir des jours pour reprendre sa vie d’épouse et de mère en harmonie avec toutes ces petites choses qui composent son ordinaire.

Deux jours plus tard, comme si le chaos de son âme n’avait eu d’autre choix que de se manifester avec éclat à l’extérieur, une soudaine crue automnale de la rivière Saguenay, cinq fois plus puissante que la normale, emporte l’un des piliers du pont en construction. C’est aussitôt l’arrêt des travaux qui occasionne le retour de Louis à la maison pendant deux semaines. Pour Rose, qui est très superstitieuse, ce terrible phénomène de la nature ne peut que représenter un sérieux avertissement du ciel s’adressant spécialement à elle. Qu’elle se le tienne pour dit ! Si elle ne fait pas plus attention, un malheur va survenir. Rose se promet de s’en tenir à sa décision et de ne plus jamais donner la moindre chance à Émile. Elle implore saint Antoine de l’aider, allant embrasser sa statue à quelques reprises dans le salon, lui faisant une série d’éloges et de compliments pour l’amadouer et le mettre de son côté.

Soudainement pleine de confiance, elle reprend sa routine en y mettant toute son énergie, Ti-Louis, les enfants, les pensionnaires. Puis, telle une inspiration divine venant du ciel pour la secourir, l’idée lui vient de refaire la décoration complète du salon avant les Fêtes, tapisser les murs, tricoter de nouvelles housses de coussins, changer le recouvrement du fauteuil. Voilà qui va me remettre le génie à bonne place et me guérir de ce tourment amoureux qui mène à rien ! se dit-elle en y croyant très fort.