ÉPILOGUE

Chère Michèle,

 

Je suis avec ton père depuis près de deux semaines et je suis heureux de te dire que je vois du progrès. Rien d’extraordinaire, mais c’est encourageant. Lui qui ne parlait plus, qui était coupé de tout, recommence, peu à peu, à communiquer. Pour le moment, il n’émet que des bribes de phrases, par fois incohérentes pour moi, parfois intrigantes. Par exemple, il me mentionne sans cesse une « mallette brune» ou une «valise de cuir» dans laquelle il aurait, je crois, placé des documents importants. Je ne l’ai pas encore trouvée. Sais-tu à quoi il fait allusion?

Je me dis que cette mallette contient peut-être des documents significatifs, des preuves, même, qui pourraient incri - miner Charles. Du moins, je l’espère.

Je t’avoue que, la plupart du temps, je ne le comprends pas.

Je continue d’ajouter des pièces aux documents que j’ai récupérés. (En passant, remercie ta mère de son aide, les documents qu’elle m’a confiés m’aident beaucoup à tracer un portrait plus complet de lui. Avez-vous son acte de naissance?)

Je continue mes recherches, plus décidé que jamais à tirer l’affaire au clair. Comme on ne me laisse pas téléphoner, j’ai écrit à tous ses amis et connaissances pour qu’ils me fassent parvenir ce qu’ils auraient en leur possession et qui viendrait de lui, ou qui parlerait de lui, en espérant que cela puisse me donner une meilleure idée de ce qu’il est.

Finalement, j’ai continué mon dossier sur Charles et j’accumule tout ce que je peux trouver à son sujet.

Parfois, j’ai l’impression d’être surveillé quand je marche dans le boisé avec Jean ; le moindre craquement de branche m’apparaît comme la preuve qu’on nous épie, que Charles nous tient à l’œil. Quand je le mentionne à Jean, il me répond :

— On est toujours dans la mire de quelqu’un.

 

Depuis deux jours, on me laisse coucher à la clinique. C’est tellement plus simple. Le seul problème, c’est que je n’ai pas tous mes documents avec moi. Les infirmières m’ont dit qu’elles iraient les chercher quand ce serait nécessaire. En attendant, j’ai commencé une recherche sur les origines du sanatorium et ça promet d’être très révélateur. Si tu savais tout ce qu’ils ne disent pas…

Voilà. Je t’écrirai bientôt. Ne t’inquiète pas pour nous, nous allons bien. Vraiment très bien.

 

Paul