Quand tu es parti, elle est restée assise sur le lit.
Les jours qui suivent ta disparition, elle ne se lave plus. Laisse ses racines blanchir. Elle ne parle plus. Elle ne sort plus. Elle ne crie plus. Elle n’entend plus. Elle ne boit plus une goutte. L’alcool ne lui manque plus. Elle n’appuie plus sur les boutons. La télé reste noire, le gaz éteint. Elle n’écoute plus de musique. Elle n’arrose plus les plantes, légumes, fruits. Les pommes restent pourrir sur l’arbre pour finir éclatées au sol. Elle ne s’intéresse plus. Elle n’applique plus de mascara pour allonger ses cils. Tout se relâche, chaque petit muscle se détend. Elle ne s’inquiète pas. Elle reste sur le lit. Parfois sur le canapé. Elle ne s’allonge pas. Elle ne dort pas. Pourtant tout dort en elle. Elle ne pense plus. Tout s’est arrêté. C’est silencieux. Elle ressent le calme. Ce sera donc ça, la vie sans toi.
Un jour, après une nuit à fermer les yeux, un rayon de soleil traverse le store de la chambre et vient toucher sa peau. Elle croit voir ton visage.
Elle se lève et se rend dans le jardin. L’air est frais, elle tremble. Tout le soleil se trouve à présent sur sa peau. Elle sent la vie. Elle n’abandonne pas.
Elle va prendre une douche.
Depuis, elle sent toujours bon.
Elle revient s’asseoir à la cuisine, observe le minuteur du four. Il va bientôt sonner.