DEUXIÈME PARABOLE : La flèche empoisonnée
UTILITÉ : Ce code de sagesse nous rappelle l’avantage pratique de s’occuper immédiatement des conditions que nous présente la vie, au lieu d’attendre d’avoir rempli des conditions préalables qu’on n’atteindra peut-être jamais.
SOURCE : La Parabole de la flèche empoisonnée, discours du Sutta Pitaka bouddhiste.
La parabole de la flèche empoisonnée décrit une situation hypothétique qui forme la base d’un conte moral bien connu dans la communauté bouddhiste. Selon la tradition, le Bouddha offrit cette parabole en réponse à des questions récurrentes sur des sujets qu’il trouvait inutiles et superflus. Lorsqu’un moine lui demanda de répondre à une série d’interrogations philosophiques sur la nature de la vie, du cosmos, de la réalité et de l’existence humaine, dans ce discours, le Bouddha écarta chacun de ces sujets parce que les réponses étaient inconnaissables. Le texte appelé Sabbasava Sutta (ou Sutra) identifie comme suit les 16 questions posées par le moine :
Que suis-je ? Comment suis-je ? Suis-je ? Ne suis-je pas ? Existais-je dans le passé ? N’existais-je pas dans le passé ? Qu’étais-je dans le passé ? Comment étais-je dans le passé ? À cause de quoi suis-je devenu quoi dans le passé ? Existerai-je dans l’avenir ? N’existerai-je pas dans l’avenir ? Que serai-je dans le futur ? Comment devrai-je être dans le futur ? À cause de quoi deviendrai-je quoi dans l’avenir ? D’où est venue cette personne ? Où ira-t-elle ?
Devant l’insistance du moine, Bouddha affirme que ces questions ésotériques sont une perte de temps. Avec la parabole de la flèche empoisonnée, il explique la raison et le raisonnement qui sous-tendent sa réponse.
Dans son livre Clés pour le zen, l’enseignant bouddhiste Thich Nhat Hanh partage cette version de la parabole en question :
Supposons qu’un homme reçoive une flèche empoisonnée et que le médecin veuille immédiatement retirer celle-ci. Supposons que l’homme ne veuille pas que la flèche soit enlevée avant qu’il sache qui l’a tirée, et qu’il connaisse son âge, les noms de ses parents, et la raison pour laquelle il l’a fait. Que se passerait-il alors ? S’il devait attendre d’avoir trouvé réponse à toutes ces questions, l’homme mourrait peut-être avant.
Dans cette parabole concise, on nous rappelle trois facteurs qui s’opposent souvent à l’accomplissement de nos rêves, de nos désirs, de nos buts et de nos potentiels :
Prenons maintenant la parabole une étape à la fois. Pour illustrer sa pensée, le Bouddha offre ce récit hypothétique. Il raconte qu’un homme sur un sentier reçoit soudainement une flèche empoisonnée tirée par un archer invisible et inconnu. L’homme saigne à profusion, et on l’emmène voir un médecin pour qu’il retire la flèche et jugule l’hémorragie.
En présence du médecin, toutefois, l’homme retarde la procédure en indiquant des facteurs à considérer – des diversions camouflées sous forme de questions – avant que l’on retire la flèche. Cependant, les questions qu’il pose ne peuvent recevoir de réponses rapides. L’homme veut d’abord identifier celui qui a décoché la flèche. Puis, il veut connaître l’âge de l’archer et les origines de sa famille. Et enfin, il veut savoir pourquoi il est la seule cible de cet archer.
Tandis que les questions de l’homme sont raisonnables, les réponses peuvent être informatives, et même intéressantes, mais elles ne sont pas nécessaires. Le médecin n’a pas besoin des réponses pour remédier à la menace immédiate et retirer la flèche fichée dans le corps de l’homme. Les questions permettent à l’homme de retarder ce qui sera sûrement un processus pénible – la procédure en vue d’enlever la flèche.
Parce qu’on ne peut connaître les réponses ni résoudre les mystères de l’archer, retarder l’opération met de plus en plus la vie de l’homme en danger. Le plus prudent serait de remédier au danger en enlevant immédiatement la flèche pour favoriser la guérison. Faute de quoi l’homme saignera davantage et finira par mourir.
Comme c’est souvent le cas dans une parabole, l’histoire véhicule une idée, mais ne nous révèle pas la fin. Nous n’arrivons pas à savoir si la flèche est enlevée, ou si l’homme survit malgré son insistance pour d’abord obtenir l’information.
Combien de fois créons-nous des diversions pour retarder la prise d’une difficile décision dans notre vie ? Combien de fois justifions-nous un choix par la nécessité d’obtenir plus de renseignements avant de prendre une décision déjà prise intuitivement ? Combien de fois trouvons-nous nos relations, notre santé et notre emploi plus difficiles, et même plus complexes, à cause de notre procrastination ?
Que ce soit pour des questions personnelles et intimes, ou pour des problèmes planétaires comme les changements climatiques, nous procédons à des diversions qui retardent presque quotidiennement nos choix. Combien nous faut-il d’informations supplémentaires, par exemple, pour voir que nous sommes dans une relation malsaine et poser enfin un geste sain envers nous-mêmes en mettant un terme à cette relation ? Combien de carottes de glace faut-il étudier, et combien de fois faut-il évaluer le niveau de la mer avant d’accepter la réalité du changement climatique et bientôt nous adapter aux changements ? Dans ces situations, nous sommes comme l’homme atteint par la flèche. Nous n’avons pas à connaître tous les détails ni à comprendre entièrement les situations stressantes de notre vie. Nous n’avons pas à connaître l’enfance d’un partenaire abusif, ni ses relations, ni ses problèmes de santé pour savoir que la situation présente n’est pas bonne pour nous. Même si on pouvait discuter encore un quart de siècle des sources des changements climatiques, on n’a pas à tout savoir pour s’adapter maintenant.
Et comme l’homme à la flèche, tant que nous évitons de retirer le « poison » d’une mauvaise relation, ou que nous négligeons de passer à l’action par rapport aux changements climatiques, nous pourrions succomber avant d’avoir épuisé nos diversions. Et comme l’homme à la flèche empoisonnée, enlevons le poison de notre vie, car le plus tôt sera le mieux.
COMMENT UTILISER LA DEUXIÈME PARABOLE
Lisez cette parabole en silence ou à haute voix. Après vous être focalisé dans votre cœur (voir « Comment utiliser les codes de sagesse » à la page xxi), posez-vous les questions suivantes :
En vous posant ces questions, prenez conscience des réponses qui vous viennent de l’unité de votre cœur, non de la polarité de votre tête.