« Il serait peut-être temps, moi aussi, que je prononce mes adieux à la raison. Raison qui ne m’a servi à rien, qui ne m’a jamais permis de produire une ligne, qui n’aura fait toute ma vie que me tourmenter par le caractère désespérant de ses conclusions... Comme j’ai du mal à renoncer à l’idée qu’il se trouve quelque part une unité, une identité d’ordre supérieur. Comme j’ai du mal, en un mot, à me passer d’une mystique133 ».
Michel Houellebecq. Ennemis publics.
En 1915, Huxley rencontre Lawrence pour la première fois à Hampstead. Ils ont été mis en relation par Lady Ottoline. Il est encore étudiant à Oxford, a neuf ans de moins que Lawrence qui est déjà un écrivain confirmé. Bien que se définissant lui-même comme étant à l’époque un « adolescent intellectuellement prudent, pas du tout enclin à l’enthousiasme » le jeune Huxley n’ose pas, au cours de ce thé qu’ils prennent ensemble, dire clairement à Lawrence qu’il n’a absolument pas l’intention de le suivre, comme celui-ci lui propose, dans la communauté qu’il projette de constituer au Mexique ou sur quelque terre encore épargnée par la civilisation industrielle. Car, quelle que soit l’outrance des propos de Lawrence ou l’évidente mauvaise foi qui peut en émaner, il s’impose à ses interlocuteurs, animé par « le feu qui brûlait en lui et qui rayonnait d’un éclat si étrange et si merveilleux dans presque tout ce qu’il écrivait134 ».
Excepté une brève rencontre à Londres en 1923-1924 lors d’une réception, ils ne se reverront pas avant octobre 1926 à Florence, par hasard d’ailleurs. L’assez court moment qu’ils y passent ensemble, deux ou trois repas et une ou deux ballades, est le point de départ d’une amitié très forte entre Lawrence et le couple Huxley et plus particulièrement avec Maria Huxley, tant Lawrence et elle se sentent des affinités. Lawrence est très malade, désire fortement vivre et il est en train d’écrire Lady Chatterley. Il mourra trois ans et demi plus tard.
Huxley est touché par la personnalité hors norme de Lawrence à qui il trouve des qualités de sensibilité, d’intuition dont il se sent dépourvu et dont Maria l’aide certainement à saisir l’importance. Il aimerait être habité par une impulsion débordante comme Lawrence. Celui-ci ne doute pas de son œuvre alors que Huxley est non seulement d’une grande humilité mais peut même avoir une fâcheuse tendance à l’auto-dévalorisation. Intellectuel sceptique et gentleman britannique, souvent sur la réserve, il est touché au plus profond de lui-même par la sincérité, l’engagement entier, absolu de Lawrence dans son aventure si particulière, dans cette quête dont rien ne peut le détourner, possédé qu’il est par son génie. Huxley éprouve pour Lawrence une authentique amitié et une véritable admiration pour sa loyauté totale à sa vocation d’artiste qui va jusqu’à se couper d’une société où ne comptent que la course à l’argent et l’affirmation du moi, doive-t-il en souffrir et renoncer à des responsabilités sociales qu’il aimerait exercer. Son « pouvoir prodigieux135 » de traduire en termes littéraires ce qu’il perçoit dans les ténèbres de l’au-delà des apparences et du monde conscient fait de lui un écrivain « gigantesque136 ». Un pouvoir d’autant plus prodigieux que les écrits de Lawrence jaillissent du fond de lui-même, qu’il les corrige très peu et les recommence complètement s’ils ne lui conviennent pas. Ainsi est Lawrence, pour qui les œuvres d’art doivent être spontanées et non dénaturées par le raisonnement et qui parvient à coïncider de tout son être, entièrement, avec l’acte d’écrire. Sa vitalité qui lui permet « de s’absorber entièrement dans ce qu’il faisait, au moment où il le faisait137 » émerveille Aldous Huxley, cette vitalité généreuse, sans retenue, sans calcul, qu’il écrive ou qu’il accomplisse des tâches matérielles, même les plus banales, et qui est la source de sa joie de vivre, de son rire. Huxley oppose Lawrence à Balzac : celui-ci était particulièrement doué pour décrire l’homme social mais par contre ne connaissait que peu de chose de l’homme confronté dans sa solitude au mystère du monde et au sien propre à l’inverse de Lawrence.
Les Huxley sont parmi les rares personnes avec qui Lawrence ne s’est jamais querellé. Pourtant, certains traits de Huxley pourraient l’irriter : son caractère peu communicatif, ses bonnes manières, ses paroles parfois incisives quoique compensées par la douceur avec lesquelles elles sont dites. Huxley dont la plupart des témoignages disent qu’il est un homme toujours calme et agréable est capable de « supporter ses fureurs et son agressivité de prolétaire138 ».
Lawrence ne ménage pas les critiques qu’il adresse à Huxley à propos de ses livres trouvant Contrepoint désespérant et Le plus sot Animal ennuyeux par son ton professoral.
En juin 1927, Lawrence vient passer deux semaines chez les Huxley à Forte. Il manifeste son dégoût pour les gens riches et pour Forte avec ses villas et sa mer pleine de méduses. Quelques jours après son départ pour Florence, Lawrence est malade. Les Huxley se précipitent chez lui. Durant l’hiver 1927, en Suisse, ils passent des vacances de nouveau ensemble. Julian, le frère d’Aldous, est aussi présent. Maria tape le manuscrit de Lady Chatterley, le couple Huxley apprécie beaucoup le livre et durant l’hiver 1928-1929, Aldous à Paris aidera à sa diffusion. Ceci n’empêche pas bien sûr Lawrence de s’emporter contre les conversations scientifiques entre les deux frères et particulièrement contre Julian qui est, comble du péché, scientifique de métier. A l’encontre de la science et de la théorie évolutionniste, Lawrence n’hésite pas à invoquer la vérité née des entrailles et des instincts. A Maria, il écrit qu’ils ont compris l’un et l’autre la richesse de l’harmonie intérieure, de la vie intérieure et que cela était bien plus important que l’adaptation au monde social139. Cette complicité avec Maria contraste avec les jugements de Lawrence sur les livres de Huxley, qui, par ailleurs, sait très bien, et de mieux en mieux grâce à Maria, qu’il est un handicapé émotionnel.
Les Huxley sont très proches de Lawrence au cours des derniers mois de sa vie. En janvier 1929, ils passent dix jours ensemble à Bandol, en mars 1929, ils l’hébergent à Suresnes mais il ne veut pas se soigner car il refuse la médecine professionnelle. De nouveau malade et chez eux en juin 1929, il fait preuve de la même obstination malgré l’insistance de ses hôtes. Aldous Huxley trente ans plus tard dira à des amis que Lawrence est mort de chagrin140 faisant écho à ce que Lawrence écrivit à Lady Ottoline dans une lettre le 24 mai 1928 :
« Les blessures et l’amertume s’enfoncent en nous, encore que l’esprit les rejette. Elles s’enfoncent et demeurent en nous pour nous détruire. Ce qui nous ébranle d’abord, c’est le chagrin ; puis les microbes se précipitent141. »
La cause première de sa santé défaillante est sa douleur face au monde, face à la civilisation industrielle. Et cela, Aldous Huxley le comprend très bien. Durant l’été 1929, Lawrence, bien que très affaibli se rend chez les Huxley en Italie. Du 25 février au 2 mars 1930, Aldous et Maria l’accompagnent dans son agonie. Lawrence meurt à 44 ans après avoir écrit plus de trente livres, souvent très affaibli par sa tuberculose. Dès sa mort, Aldous Huxley se fait un devoir de regrouper les lettres de Lawrence et de les publier en les préfaçant, ce qu’il réalise effectivement en septembre 1932.
André Maurois nous rapporte les propos de Frieda, la veuve de Lawrence :
« Lawrence seul savait enseigner l’art de vivre aux êtres humains… Si fragile, si proche de la mort, il appréciait religieusement un moment de bonheur142. »
Mais en quoi consistait cet art de vivre ? En l’exploration du monde obscur au-delà des limites de l’esprit conscient, le monde obscur de nos origines, de la vie organique, des éléments. La force vitale de l’homme est nourrie dans le contact renoué avec ses instincts et avec la nature. Il faut pour cela une acuité des sens susceptibles de nous mettre à l’unisson avec ces mouvements sourds de la vie qui nous portent et que l’on porte en nous : l’intelligence instinctive, émotionnelle du monde qui s’active quand ils nous pénètrent est une source d’intensité de vie et de connaissance incomparablement supérieure à la connaissance rationnelle, abstraite, formalisée, superficielle, froide, distante, réductrice :
« Ma grande religion est de croire que le sang, la chair ont plus de sagesse que l’intelligence. Notre esprit peut se tromper, mais ce que notre sang éprouve, croit et dit, est toujours juste. L’intelligence n’est qu’un mors et une bride. Que me fait la science ? Tout ce que je veux est de répondre à mon sang directement, sans frivole intervention de raison, de morale et de je ne sais quoi143 ! »
C’est ce que Huxley appelle « le matérialisme mystique de Lawrence » : matérialisme parce que Lawrence rejette l’esprit comme mode de connaissance, que ce soit sous la forme du savoir abstrait ou de la spiritualité, et mystique parce qu’il aspire à une connaissance directe, animale des forces enfouies, puissantes et universelles. Mais l’homme moderne préfère éclairer des quelques lueurs de son savoir les choses éphémères qui l’entourent plutôt que d’éprouver dans ses profondeurs ce qu’il est :
« Je conçois le corps d’un homme comme une sorte de flamme, la flamme d’une bougie, toujours droite et cependant souple. L’intelligence n’est que la lumière qui rayonne sur les choses alentour. Et je ne suis pas tant préoccupé des choses d’alentour que par le mystère de la flamme toujours vivante…144 »
Tout au long de son œuvre, Lawrence affirme la supériorité de la connaissance émotive sur la connaissance cérébrale :
« L’intelligence comprend en partie, par petits bouts, avec un arrêt à chaque phrase. Mais l’âme profonde connaît en plein, comme une rivière ou un déluge145. »
L’individu moderne, celui de la société industrielle, est privé de cette connaissance profonde, émotive, animale et n’a pas le sentiment d’exister, il est un demi-mort. Ainsi les deux héroïnes de Femmes en Exil, la mère et sa fille, éprouvent de plus en plus la vacuité de leur existence vagabonde parmi ces fantômes glabres que sont les aristocrates civilisés, ces hommes qui ne puisent plus aux sources de la vie et qui ne sont plus que des « pantins avec un fil d’intelligence et un fil d’esprit pour les agiter »146. Et, c’est un cheval, un étalon à la beauté sauvage frémissante, et peut-être aussi les palefreniers à leur service, qui leur révèlent leur perte du sentiment de réalité. La fille écrit à la mère :
« Je me sens presque trop irréelle pour me décider à quoique que ce soit. C’est une impression terrible que de sentir le flot de la vie se tarir, tout semble en carton-pâte, y compris soi-même. Je suis certaine que c’est pire que la mort147. »
Les critiques de Lawrence et de Huxley à l’encontre de la société industrielle sont proches : l’individu y est un être amputé, artificiel et malheureux parce qu’il nie ses instincts, coupé du monde sensible au profit de sa cérébralité exclusivement car seuls importent la réussite, le gain, l’efficacité technicienne et économique, il est devenu un être mécanique, un homme machinal qui a accepté la barbarie, la guerre mondiale, c’est « un chien dressé par des maîtres humains148 ». La laideur de la société industrielle est à l’image de ce qu’elle a fait de l’homme. Les paysages sont dégradés, les rangées sordides de maisons ouvrières ont les toits noircis par la poussière et la suie, les pavés sont humides et noirs, « la tristesse semble avoir tout détrempé149 ».
Lawrence est fils de mineur, il est né à Eastwood dans les Midlands, un pays de charbon où il a passé son enfance et sa jeunesse. Il sait, par expérience, que si les paysages et les visages sont noircis par le charbon, les cœurs le sont par l’argent ou la misère. Le tissu social de la vieille Angleterre a été déchiré, la vie communautaire a volé en éclats, le lien entre la ville et la campagne est rompu, deux mondes sont face à face séparés par un gouffre, le monde des maîtres enfermés de plus en plus dans les étroits calculs des comptables et des ingénieurs et le monde des ouvriers eux aussi à moitié morts sous le poids de leur condition, dociles parce qu’à moitié morts. « Le fer et le charbon avaient profondément dévoré le corps et l’âme des hommes150 ». L’argent, l’adoration de la chose mécanique transforment les êtres en « petites machines trépidantes », en « animaux apprivoisés », en « insectes de travail »151. L’innocence, la naïveté, la loyauté qui sont au centre de l’homme ne subsistent plus que chez les meilleurs, et en deçà de la carapace sociale. Et le plus corrompu par les marchandages et les calculs, c’est l’homme d’argent, le bourgeois, comme ces riches bourgeois de la famille des Forsythe. Le sentimental aussi est un personnage perverti qui fuit sa vie, c’est cet homme social qui ayant perdu ses instincts profonds fabrique ses sentiments et se persuade qu’il les éprouve comme ce directeur de l’Athenaeum, John Middleton Murry aussi peu apprécié par Huxley que par Lawrence.
Ce processus de dévitalisation a commencé bien avant la société industrielle et les Ford et consorts n’ont fait que le parachever. Il trouve selon Lawrence son origine quand « notre civilisation actuelle jetait ses premiers feux, environ mille ans avant Jésus-Christ » et « que les grandes civilisations antérieures s’éteignaient152 ». Nous sommes aujourd’hui incapables de soupçonner le vaste champ de connaissance qui était ouvert au sein de ces dernières. Il s’agissait d’une conscience fondée sur la sensibilité, l’instinct, l’intuition et non le raisonnement, sur les rites et non sur les discours, sur les symboles et non sur les mots, sur une relation émotive au monde et non sur une pensée abstraite. L’idée de Lawrence est que les hommes, en passant à un mode de connaissance qui inverse ces données ont beaucoup perdu, ont commencé à chuter dans un vide de plus en plus froid et dépeuplé. Puis est venu le christianisme qui a prêché le reniement du corps et à cause de qui ainsi « nous avons perdu le cosmos153 ».
Huxley est en phase avec Lawrence pour accuser la spiritualité chrétienne et le monothéisme d’être adversaires de la vie. Ce que l’on a appelé la « spiritualisation de la conception du divin » a été l’évolution du polythéisme avec ses dieux vivants, symboles de la complexité et de la diversité de l’existence, au dieu unique d’abord personnalisé, puis de plus en plus dépouillé de ses attributs charnels, concrets, progressivement désincarné au point d’être réduit à une abstraction. La voie a été ainsi tracée vers l’étape finale, l’athéisme, car du culte d’une abstraction au culte de rien du tout, le passage est sans obstacle. Ce culte de rien du tout est celui de la machine. En effet, le monothéisme, la spiritualité chrétienne et la société industrielle et mécanique poursuivent le même combat contre la vie, le corps, l’instinct, les passions, l’intuition, la poésie. Ford s’inscrit bien dans l’évolution depuis Platon en passant par le christianisme. En fait, la spiritualité chrétienne a préparé la société industrielle, l’adaptation des hommes aux impératifs de production et de consommation de masse.
« En fait, c’est la spiritualité chrétienne qui a préparé le chemin à notre intellectualisme et à notre culte de la machine, en déconsidérant tout ce qui, dans la nature humaine, n’est pas intelligence, esprit, volonté consciente154 ».
En ôtant aux activités qui ne relèvent pas de l’esprit les significations religieuses que le polythéisme y avait attachées, le christianisme a laissé les hommes démunis face à la division du travail et du loisir de masse rationalisé et les a livrés sans défense « aux tentations de pacotille du Démon de la machine », les entraînant dans une chute Gadaréenne155. Pourront-ils se dégager de ce gouffre ? Il faudra, « pour remonter de ces profondeurs », une religion nouvelle de la vie, une religion qui devra être à l’image de la vie ; monothéiste et polythéiste parce que la vie est unité et diversité, elle devra être
« … dionysiaque et panique aussi bien qu’apollinienne, orphique aussi bien que rationnelle ; non point seulement chrétienne mais également martiale et vénérienne, phallique aussi bien que minervienne ou jéhoviste. Il faudra qu’elle soit en un mot tout ce qu’est effectivement la vie humaine ... Dieu, pour nos fins humaines, est simplement la Vie, pour autant que l’homme la peut concevoir comme un tout156. ».
Aussi, Lawrence se garde bien de toutes ces idéologies, morales, spiritualités, religions qui n’ont qu’une idée en tête, élever l’homme, et dont le résultat n’est en fait que de l’empêcher de vivre. Et c’est donc plutôt dans le monde païen qu’il va chercher l’art de vivre, chez les Druides, les Etrusques, les Indiens d’Amérique, les derniers paysans de la vieille Italie. Là, il espère retrouver l’homme « naturel », celui qui n’est pas soumis à tous les filtres que la civilisation impose, celui qui entretient des liens mystérieux avec l’univers, des liens que certaines femmes peuvent renouer car elles ont gardé une proximité avec cette vie primitive. Lawrence estime que Lady Ottoline peut être une de ces femmes, « la prêtresse, le médium, le prophète », une de celles qui possèdent
« … cette faculté fondamentale et pathétique, qui reçoit les ondes cachées venant du tréfonds de la vie, et qui les transmet au monde incapable de les percevoir157 ».
Elles les reçoivent et les transmettent, plus particulièrement au travers de la relation sexuelle donnant à celle-ci, en ouvrant les portes d’un univers élargi et nouveau, une dimension quasi-mystique. Il ne s’agit ni de libertinage, ni de débauche que Lawrence méprise. C’est une voie étroite et difficile entre le puritanisme effrayé par la sexualité, l’affranchissement des jeunes mondains qui la réduisent à une joute et à la barbarie de « l’esprit impur qui recherche la saleté158 ».
C’est cette voie que découvre et emprunte Constance Chatterley grâce à la rencontre avec son amant, le garde-chasse. L’union dans la sensation physique est au-delà des mots qui ne peuvent combler leur différence d’érotisme, au-delà des sentiments, de la comédie des sentiments : ils s’abandonnent sans vanité, sans imagination, sans crainte à leur nature animale. Elle peut ainsi se régénérer, renouer avec elle-même, sa nature profonde et avec le monde alors qu’elle est sinon condamnée à survivre dans un univers morbide où les hommes, leurs corps et leurs cœurs, ainsi que la nature ont été détruits par la guerre et l’industrie. Dans ces conditions, l’expérience sexuelle est l’expérience humaine du plus haut niveau, elle permet aux amants un instant de fusion avec le cosmos car le sexe vient de plus loin que nous, des profondeurs obscures de nos origines.
On retrouve chez Huxley et Lawrence des thèmes communs et même des références identiques. Il est ainsi amusant de constater que l’un et l’autre aiment reprendre l’expression de William James, la « déesse-chienne », pour désigner la course à la réussite sociale, évoquent la naissance des bébés dans des bocaux159 pour montrer l’artificialisation de la vie avec le progrès scientifique, s’amusent de la désolation paniquée et bruyante de Swift160 lorsqu’il s’aperçoit que sa maîtresse Célia chie : « Oh ! Célia, Célia, Célia chie ! » et qu’elle n’est donc pas qu’un pur esprit. Société industrielle, puritanisme, culte de la réussite sociale, négation des composantes essentielles de la personnalité humaine livrées à elles-mêmes et à leur propre errance, falsification des valeurs et des mots pour faire de l’appât du gain un idéal et des affaires une religion, dissociation du cérébral et du biologique jusqu’à l’objectivation de celui-ci, sur tous ces thèmes, Huxley et Lawrence se retrouvent pour refuser ce qui leur semble être le mal profond de leur époque. La chronologie de leurs rencontres qui n’ont lieu qu’à partir de la fin de 1926, celle de leurs écrits et correspondances peuvent laisser penser qu’ils ont eu, indépendamment l’un de l’autre, des intuitions similaires. En ce qui concerne la période où ils se fréquentent, les dispositions psychologiques propres à chacun, Huxley en état de recherche et admirateur de Lawrence, Lawrence sûr de lui et au jugement parfois sévère sur les écrits de Huxley, suggèrent le sens dans lequel s’est le plus exercée l’influence de l’un sur l’autre. Elle est d’ailleurs sensible dans certains écrits de Huxley de la fin des années 20, comme dans l’Ange et la Bête (1929) et dans Contrepoint (1928) où il reprend ce thème très lawrencien d’un art de vivre pleinement.
Pour vivre pleinement, pour se guérir de ce mal profond, pour se réconcilier avec la vie, en goûter toute la saveur, il faut devenir un homme complet, un homme qui n’a pas rompu avec ses instincts et ses émotions et qui aime la Terre pour ce qu’elle a de terrestre sans avoir besoin de croire en un monde supérieur hypothétique, en une éternité future. Le perfectionnement du plaisir sensuel peut permettre de voir, comme Blake, « l’infini dans un grain de sable et l’éternité dans une fleur ». Le but de la vie est de vivre, Dieu est la vie elle-même, même si les êtres vivants lui attribuent selon les cas diverses fins. Pour Lawrence comme pour le Huxley de ces années, il n’y a pas pour l’homme d’autre ciel que la joie de vivre. Mais pour connaître ce ciel, il faut être capable de tracer sa voie singulière et Huxley, qui supporte de plus en plus mal les conformismes intellectuels, les stéréotypes mondains et les attitudes de fuite socialement organisées, c’est-à-dire tout ce qu’il raille au long de ces années 20 dans ses romans et ses essais, peut être séduit par cette issue à ses difficultés à vivre.
Une autre chose probablement rapprochait Huxley et Lawrence, la même soif d’explorer le mystère de l’univers, d’y découvrir « des modes inconnus de l’existence » dit Aldous Huxley citant Wordsworth161. Ni l’un, ni l’autre ne se satisfont des seules lueurs portées ordinairement par l’homme sur ce qui l’entoure, limitées à la seule sphère de ses activités avec les autres hommes et indifférent à l’obscurité qui règne au-delà. Aldous Huxley ne considère pas Lawrence comme un personnage éminent à l’image de bien d’autres qu’il a l’occasion de rencontrer et dont il se sent être un pair. Non, il le sent comme un être « différent et supérieur en qualité162 » parce que, justement, capable d’une conscience du monde élargie jusqu’aux portes du mystère, un monde vécu avec l’intensité de celui qui « voit plus loin qu’un être humain ne devrait voir » disait Vernon Lee cité par Aldous Huxley163. Car Lawrence ne peut pas se contenter de « la petite caverne de lumière164 » que les hommes se sont creusés au milieu des ténèbres. Il ne peut pas oublier cette immensité infinie comme le plus souvent ils le font, il ne peut intérioriser les limites de cette caverne comme les limites du monde. Platon fait sortir l’homme de sa caverne obscure pour l’élever à la lumière de l’Un-Bien grâce au raisonnement logique et à l’abstraction. Aldous Huxley ironise sur le succès facile de Platon puisqu’il a flatté les hommes en faisant de leur petit monde d’idées un monde divin. Lawrence, quant à lui, récuse le travail des savants et des philosophes pour agrandir la caverne de lumière et repousser les murs des ténèbres. Il est, au contraire, convaincu qu’il faut pénétrer ces derniers, s’y mouvoir et s’y repérer en en palpant les replis, en développant les sens que la Raison a annihilés de manière à en avoir une appréhension directe car les lumières du monde où les hommes se sont étroitement confinés ne peuvent les éclairer.
L’homme moderne s’est résigné à la finitude et à la contingence. Il sait aussi que quels que soient les progrès de la science, il n’accédera jamais à la connaissance absolue des principes premiers. Si Aldous Huxley approuve, certes aussi, cette représentation d’un monde nouménal, il n’est pas certain qu’au plus profond de lui-même, il se soit résigné à ne pas le connaître. N’a-t-il pas d’ailleurs toute sa vie pensé et travaillé comme s’il ne désespérait pas tout à fait de parvenir au-delà des limites assignées par la connaissance rationnelle ? Lawrence, lui, vit étranger à son époque, habité par la conviction qu’il y a une voie à suivre, aussi opposée à celle de la spiritualité qu’à celle de la réussite sociale, rejetant au surplus la science et la Raison, pour que l’homme renoue avec lui-même, le cosmos et une vitalité pleine et entière.
Lawrence n’accorde du crédit qu’aux vérités du sang et de la chair, ressenties au plus profond de l’être, au plus près de ses origines, à ces vérités venues de ce « dieu sombre », comme l’appelle Huxley et devant lequel il exige que l’esprit se prosterne, se soumette, s’efface avec la plus grande humilité. Ainsi une nouvelle, La Fugitive, raconte le destin d’une Américaine blanche qui, mariée à un riche Européen avec lequel elle s’ennuie, est partie à la rencontre des Indiens. Soumise à l’autorité inflexible de ceux qui l’ont prise en charge, à leur regard métallique, au rite d’entrée au cours duquel elle doit consommer une boisson de leur composition, sa perception du monde se modifie et l’acuité de ses sens est multipliée.
« Il lui semblait que tous ses sens se vaporisaient dans l’atmosphère, lui permettant ainsi d’entendre la véritable musique des sphères célestes dans leurs vastes mouvements, de saisir, avec leur cristalline légèreté, le frisson des particules de rosée qui, dans leur ballet cosmique, vibraient comme des harpes165 ».
Et quand, un peu plus tard, les Indiens l’introduisent sur le lieu de la cérémonie où elle va être sacrifiée au soleil, on peut dire qu’elle
« … avait presque perdu toute notion de sa propre identité. Comme sous l’effet d’un hallucinogène, elle avait basculé dans le royaume des perceptions cosmiques. La nature profondément religieuse des Indiens avait eu raison de son entendement166 ».
Lawrence refuse d’une manière totalement déraisonnable, avec une mauvaise foi et une obstination bornée sans rémission, les acquis de l’intelligence et de la science. Ils ne sont pour lui que des constructions artificielles qu’il réduit tous, sans nuance, ni retenue, à des illusions intellectualistes d’autant plus pernicieuses qu’elles sont échafaudées sur le mépris du corps et la négation des instincts. Le corps est le corps de l’âme et rien ne sert de gagner le ciel si on a perdu le corps. L’homme lawrencien est un animal qui pense : l’esprit conscient doit reconnaître l’importance du corps et de l’instinct, leur reconnaître une importance égale à la sienne, l’homme accompli doit être à la fois animal et penseur, le penseur et l’animal doivent être réconciliés, le penseur doit prendre conscience de notre part animale, il doit donc abattre les frontières, les barrages patiemment élaborés depuis Platon pour la refouler. Que l’homme s’abandonne à ses instincts, qu’il cesse de les pervertir avec l’imagination, l’éducation, la morale, la tradition et les principes, qu’il cesse de vouloir tenir toutes choses sous la férule de la volonté et dans le carcan du savoir. Qu’il accepte que la vie n’ait pas de finalité, qu’il accepte que le but de la vie soit tout simplement de vivre. André Maurois imagine Lawrence dans la nature, observant les animaux, se faisant élément lui-même de cette nature pour communier avec elle et
« … pendant un instant, dans le calme d’une intuition, tous les conflits sont alors résolus. Le poète a recréé le monde vierge167 ».
Huxley craignait que Lawrence eût été conduit à une impasse. Dans une interview donnée en 1961168 il se demande ce qui se serait passé si Lawrence avait vécu au-delà de 44 ans car il était arrivé à un degré d’ambivalence insupportable. Il ne pouvait en rester là. Ainsi dans Le Serpent à Plumes publié en 1926, il imagine une théocratie aux relents suspects qui permet à un peuple mexicain de se soustraire au dieu chrétien et de retrouver son génie profond par la réappropriation de valeurs spirituelles s’enracinant à la fois dans le passé, dans le corps et le subconscient. C’est une invitation à revenir aux croyances les plus sombres et dans certains passages, par contre, les Mexicains sont décrits comme un colonel anglais décrirait les indigènes. Drieu La Rochelle, dans sa préface à L’homme qui était mort qu’il venait de traduire, disait avec admiration retrouver dans son œuvre « la ressaisie de l’homme comme animal et comme primitif » qui s’opérait selon lui dans le communisme et le fascisme. Il faisait de Lawrence le prophète du grand élan par lequel le peuple se reconstituait, craignant d’ailleurs qu’il n’aboutisse ou ne dérive car à Moscou on avait encore trop le culte de la machine et à Rome celui du militarisme. Les biographes de Drieu soulignent son « contresens affreux, l’un des premiers et des plus graves que Drieu commettra » lorsqu’il considère que l’Etat mussolinien a « entendu la leçon de Lawrence... comme s’il était possible de tirer de l’œuvre de Lawrence les fondements d’une politique de répression »169. Certes, un survol rapide des thèmes chers à Lawrence pouvait susciter les pires craintes de dérives en cette période de troubles et de désarroi que fût l’entre-deux-guerres : le refus de la démocratie comme contraire à l’ordre naturel hiérarchisé, l’exaltation de la sensibilité primitive débordante de vitalité, le rejet de la Raison, la sinistre théocratie décrite dans Le Serpent à Plumes, etc. Mais Huxley pensait que, s’il avait eu le temps de pousser plus loin sa réflexion, il serait parvenu à une vue globale équilibrée, qu’il aurait dépassé ces ambiguïtés pour prendre dans chaque monde ce qu’il y a de meilleur et parvenir à une synthèse de la connaissance intellectuelle et de la connaissance par le sang et la chair. Tous ceux qui ont connu et fréquenté Lawrence ont toujours su que sa personnalité, son amour de la vie, du monde ne pouvaient qu’être aux antipodes du fascisme. Anthony Burgess partage l’avis de Huxley : il aurait été contraint, pour surmonter les contradictions dans lesquelles il s’enfermait, d’admettre et l’esprit conscient et la Raison à côté de l’inconscient et des instincts. Il aurait donc écrit des livres semblables à ceux de Huxley quant au contenu mais avec beaucoup plus de qualités littéraires170.
Aldous Huxley n’était pas dupe des excès, des inconséquences et des extravagances de Lawrence. Homme de culture, il savait ce qu’était la pensée même s’il en discernait les travers et les limites. Il ne pouvait pas ne pas juger absurdes les propos outranciers de Lawrence sur la science. Il ne pouvait pas avoir la naïveté de croire en un homme naturel, en accord avec lui-même et le monde, et que Lawrence espérait retrouver au cours de ses voyages, refusant, contre toute raison, de renoncer à ce rêve d’une innocence première. Anthony (le personnage qui incarne Huxley dans La Paix des Profondeurs, son roman autobiographique écrit en 1935) proteste : « Mais la vie, la vie en tant que telle, cela n’était pas suffisant ? »
Entendant, au cours d’une nuit d’insomnie, les chants des cigales et les cris des coqs, il pense à un passage de L’Homme qui était mort de Lawrence, une description de la vie jaillissante, du désir d’être et de s’affirmer des créatures du printemps, du souffle immense et lointain qui les porte et les anime171. Mais Anthony-Huxley a bien compris alors qu’on ne peut pas se contenter d’une puissance, d’une énergie anonyme et inconsciente pour vivre. Qu’on l’observe à l’échelle microscopique et elle apparaît grouillante, aveugle et irrépressible, comme ces assauts de bataillons de spermatozoïdes à l’assaut de l’œuf pour le féconder. Déjà dans Leda, Aldous Huxley traitait des hasards de notre existence individuelle née au sein de cette agitation universelle, réglée et toujours renouvelée. Même si Lawrence n’a jamais voulu regarder dans un microscope, peut-être avait-il parfois senti l’inanité de cette immense et impitoyable volonté de la vie primitive lorsque dans Femmes en Exil, il décrit un ranch dans les montagnes du Nouveau-Mexique tout autour duquel foisonne sans interruption ni répit la vie sauvage, une vie sans amour et quelque peu abjecte.
Pour Huxley, au contraire de Lawrence, c’est un patient travail de réflexion, de culture, de construction de la personnalité qui doit permettre d’harmoniser ses composantes et les pousser chacune à leurs limites, comme Blake a su le faire. Pour opérer un retour à une grâce originelle, il ne suffit pas de se débarrasser des freins et des carcans imposés par la civilisation. Il faut au contraire en approfondir tous les acquis pour, non pas dominer le monde, mais le comprendre et l’aimer. In fine, c’est l’esprit le maître d’œuvre de l’homme complet. Mais la dualité chez Aldous Huxley est beaucoup plus tragique en fait que chez Lawrence : il est hors de question de l’abolir par un effacement, un retrait de l’esprit devant les vérités surgies de la chair et du sang. Ce travail de l’esprit cultivé est long. Il est l’œuvre d’une vie et même se fait au cours des générations, le devoir de chacune étant d’exploiter l’héritage reçu pour aller le plus loin possible sur le chemin de la réalisation de l’homme complet. Pour Huxley, la voie du salut passe par le développement tous azimuts des potentialités humaines et non pas seulement, comme selon Lawrence, en renouant avec les forces vitales premières de la nature et de l’instinct.
En 1955, dans Le Génie et la Déesse, Aldous Huxley reprend le thème de la mutilation de l’homme à la cérébralité hypertrophiée. Sa persistance montre l’importance qu’il possède pour lui. Katy, l’épouse d’un savant immature et égocentrique enfermé dans l’abstraction des idées, sans conscience de sa propre humanité et de celle d’autrui, ne parvient plus à s’en occuper car elle a perdu comme la force de vivre. Sa relation avec son amant lui permet de la retrouver, comme Lady Chatterley, et de nouveau la communiquer à son mari. Elle a retrouvé la grâce animale, une grâce « lawrencienne » parce qu’elle a pu ressentir dans l’amour physique cette félicité que procure la nature, l’instinct, la vie charnelle, animale. Mais en 1955, Huxley ne s’arrête pas là, il est devenu un homme religieux. Il rappelle que la grâce animale n’est que l’un des « trois aspects du même mystère qui nous est sous-jacent », les deux autres étant la grâce spirituelle, « la Claire Lumière du vide, l’esprit pur », et la grâce humaine « ce que Saint-Paul a appelé « Christ », le divin rendu humain ». Déjà, au cours des années 20, il ne pouvait admettre que le seul fait de renouer le contact avec les forces de la nature primitive, la seule rencontre avec « le dieu sombre » suffît à résorber la dualité humaine. Il n’a jamais conçu que l’homme pût se déployer dans toute son envergure sans un rôle moteur de l’esprit. L’idéal d’homme complet qu’il voit chez Blake est un idéal de culture, de pensée, d’un raffinement de la sensibilité qui n’est pas écrasée comme chez les hyper-cérébraux, les hommes d’affaires ou les ascètes. Mais elle ne surgit pas dans une pureté originelle, il faut aussi qu’elle soit polie, aiguisée par le travail de l’esprit. Et à propos de ces trois grâces, il ajoute :
« … nous devrions tous idéalement être ouverts à elles toutes. Dans la pratique, la plupart d’entre nous se barricadent contre toutes les formes de la grâce ou bien si nous ouvrons la porte nous ne l’ouvrons qu’à l’une de ces formes172. »
Huxley n’a jamais compris cet acharnement anti-intellectuel chez une personne aussi cultivée et fine que Lawrence. Max Weber rappelle que l’idée selon laquelle c’est en nous libérant « … de l’intellectualisme de la science que nous pouvons saisir notre propre nature et par là même la nature en général » n’était pas rare au début du XXe siècle : les Grecs avaient inventé le concept et les artistes de la Renaissance l’expérimentation rationnelle et ainsi avaient été tracées les voies quasi exclusives d’accéder au Vrai, au Bien et au Beau. Mais en 1919, la science est devenue la puissance qui extirpe « la croyance en l’existence de quoi que ce soit ressemblant à « une signification du monde » et tout le monde sait qu’elle ne peut mener au bonheur depuis la critique nietzschéenne.173 Mais aussi contestable qu’il soit, cet acharnement a peut-être été le prix à payer pour que Lawrence soit aussi fécond littérairement, la contrepartie de sa profonde sensibilité, de sa fascination et de son amour exacerbé pour le vaste, mystérieux et énigmatique mouvement de la vie.
133 Houellebecq (Michel), Lévy (Bernard-Henri), op. cit. 272-273.
134 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op. cit. introduction, p 34.
135 Huxley (Aldous), Ibid., p 11.
136 Huxley (Aldous), En Marge, op.cit. p 279.
137 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op. cit. introduction, p 37.
138 Burgess (Anthony), Lawrence ou le Feu au Cœur, Paris, Grasset, 1985, p 268.
139 Bedford (Sybille), Volume 1, op.cit. p 193, lettre de Lawrence à Maria.
140 Bedford (Sybille), Ibid., p 215.
141 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op.cit. p 344.
142 Maurois (André), Magiciens et Logiciens, op.cit. p 290.
143 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op.cit. p 92, lettre à Ernest Collings du 17 janvier 1913.
144 Huxley (Aldous), Ibid., p 23.
145 Lawrence (DH), Apocalypse, Paris, Confluences, 1946, p 186.
146 Lawrence (DH), Femmes en Exil, Paris, Minerve, 1988, p 67.
147 Lawrence (DH), Ibid., p 128.
148 Lawrence (DH), Ibid., p 60.
149 Lawrence (DH), L’Amant de Lady Chatterley, Paris, Gallimard, 1993, p 271.
150 Lawrence (DH), Ibid., p 283.
151 Lawrence (DH), Ibid., p 369-374.
152 Lawrence (DH), Apocalypse, 77.
153 Lawrence (DH), Ibid., p 50.
154 Huxley (Aldous), L’Ange et la Bête. op.cit. 46-47.
155 A l’Est du Jourdain, à Gadara ou à Gésara selon les évangélistes, après l’épisode de la tempête apaisée, un homme possédé par le démon hantait la campagne et doué d’une force surnaturelle, il semait la terreur. Au passage du Christ, il accourut vers lui et se prosterna. La puissance du Christ avait été plus forte que celle de Satan. L’homme se mit à hurler car Satan, sachant que Jésus est venu pour anéantir son pouvoir, se dressa contre lui. Jésus délivra l’homme des démons qui l’habitaient en dévoilant son nom. Ceux-ci se firent suppliants craignant que Jésus ne les chasse ; il leur permit d’entrer à l’intérieur des cochons qui se trouvaient là. Aussitôt, ils les conduisirent à se précipiter dans le lac, du haut des falaises. Jésus avait ainsi démontré de quelle puissance maléfique, il avait délivré le malheureux possédé. Mais les démons savaient ce qu’ils faisaient en pénétrant à l’intérieur des cochons, ils savaient qu’en les entraînant dans la mort ils dressaient contre le christ la population qui perdait là une ressource économique. Il dut quitter la région. Satan avait donc su entraver son action. Mais le miraculé témoigna que le Christ l’avait délivré et son message fut efficace car la population qui l’avait connu fou furieux le trouvait là bien transformé. Sur cette terre païenne, un premier rayon de lumière divine luisait.
156 Huxley (Aldous), L’Ange et la Bête, op. cit. p 49.
157 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op. cit. p 145, lettre à Lady Ottoline Morrel.
158 Lawrence (DH), Préface à L’amant de Lady Chatterley, op. cit. p 52.
159 Huxley dans Jaune de Crome et Lawrence dans L’Amant de Lady Chatterley.
160 Lawrence dans sa préface de 1929 à L’Amant de Lady Chatterley et Aldous Huxley dans son essai sur Swift dans l’Ange et la Bête.
161 Huxley (Aldous), Les Lettres de Lawrence, op. cit. introduction p 11.
162 Huxley (Aldous), Ibid., p 35.
163 Huxley (Aldous), Ibid., p 36.
164 Huxley (Aldous), Ibid., p 14.
165 Lawrence (DH), La Fugitive, Paris, Press Pocket, 1984, p 58.
166 Lawrence (DH), Ibid., p 70.
167 Maurois (André), Magiciens et Logiciens, op. cit. p 313-316.
168 Bedford (Sybille), volume 2, op.cit. page 286-291, Interview à Londres en juin-juillet 1961 donné à John Chandos.
169 Andreu (Pierre) et Grover (Frederic), Drieu La Rochelle, Paris, La Table Ronde, 1979, p 251.
170 Burgess (Anthony), op. cit. p 279.
171 Huxley (Aldous), La Paix des Profondeurs. Paris, La Table Ronde, 1976, p 369.
172 Huxley (Aldous), Le Génie et la Déesse, Paris, Plon, 1963, p 145.
173 Weber (Max), Le Savant et le Politique, Paris, Plon, 1959, p 96-97.