Pâtes ou purée-poisson à tous les repas. La vie réduite à son os. La tête qui ne se tient plus droite. Les touffes de neige qui se clairsèment. Plus de dents. L’œil se vitre.

 

Nous pourrions parler de petits cheveux, n’est-ce pas, pour désigner ce qui demeure sur la tête blanche de ces vieillards, une herbe de vie rare et pauvre que déjà la terre repousse par en dessous ?

 

C’est quoi cette vie sans dents ? De charrette et de lit de fer. Pas même un pied valide à poser dans la tombe. Quand plus rien ne vous appartient : maison vendue, bijoux volés, livres dispersés.

 

C’est quoi ce temps dans la gorge qui ne passe pas ? Ces jours dépourvus de gestes ? Occupés à scruter une tache sur le mur. Vie de cendre où grésille à peine le vieux cœur qui rougeoie.