— À quoi bon briser les horloges, dérégler sa montre et se mettre en retard ? L’heure viendra ! Même si je ne porte pas encore ma valise de douleurs.
Je voudrais reprendre ma place dans le temps, aidé par le déclin du jour qui fait la vie plus lente, une odeur de lavande, de glycines ou de roses le long des murs, les voix qui s’attardent et bavardent, et les silhouettes qui circulent derrière la vitre de ce café où mon encre a trouvé refuge pour quelques heures. Je voudrais pouvoir dire, à l’heure de mourir – et si possible d’une voix bien audible – que j’ai passionnément aimé ce monde, cette vie et mes semblables et que je ne regrette pas de n’avoir pu emprunter d’autres chemins ! N’est-ce pas ce que pourrait faire de mieux le poème : affirmer l’unité et la beauté de notre vie terrestre, plutôt que remâcher dans l’encre un goût de cendre ?