— Porte-t-on plainte contre la nuit, la chute des feuilles, le ciel maussade d’automne, ou simplement contre des mots qui ne disent jamais ce qu’il faudrait dire ?
Sur le papier, instiller obstinément de l’amour, comme on verserait de l’eau sur la terre craquelée, avec l’espoir un peu fou qu’un brin d’herbe y germera, pas même une fleur des champs, coquelicot ou bleuet, non, juste une tige verte, une feuille aiguë, pointue, faite pour le repos furtif de la coccinelle, se balançant au souffle du vent d’été. Qu’un instant l’idée de la mort qui somnole au fond de la langue quitte son manteau d’ombre et se clarifie dans la lumière du jour, tranquille et fragile comme un pas d’insecte. Que de la vermine et des larves s’évadent des papillons, qu’ils s’envolent et butinent jusqu’à l’épuisement au-dessus de la nappe dorée d’un grand champ de blé !