Dois-je poursuivre en vrac l’inventaire de ces souvenirs ? Omelette aux girolles, odeur de foin sec, roulements d’orage sur la montagne, ressac des galets au bord de la Méditerranée, paquets de cacahuètes dans les tribunes du stade de foot, stature de mon père en bottes au milieu des radis, gâteau de fête et chevaux comtois, bouquets de campenottes, fanfares et flonflons, carrés de chocolat au lait, un œil dans le rétroviseur, un peu mal au cœur, sur la route en lacets qui mène à la mer, une étape dans le Périgord, une bouteille de monbazillac achetée au supermarché, un hôtel poussiéreux au cœur de la Castille, un verre de rosado et des sardines grillées sous les tilleuls verts de la promenade… Pendant combien de kilomètres pourrais-je continuer cette liste ? Elle fait le tour du monde. Vous ai-je dit que mon père était journaliste ?