Les oiseaux continuent de chanter dans les arbres. L’hiver n’est pas venu. Mais le froid gagne de l’intérieur. Il circule dans mes os. Il insiste. Je regarde là-bas, du côté de l’est, s’éloigner la silhouette de ma vie qui me semble à présent si frêle. Même doué de langage, et capable de phrases, je ne serai jamais qu’un petit homme aux gestes dérisoires, à la mémoire simple et très ordinaire. Petit-fils d’instituteur ou de charpentier, de rémouleur, de forgeron, de marchand de riens, de réparateur d’hirondelles, je ne suis fils que de mes ombres et n’ai jamais rien su hâter d’autre que l’illusoire venue du printemps sous ma plume. Pas même bon pour le soin d’autrui, le combat ou la croyance, je me suis occupé de paroles et de vagues rêveries. Marchand d’oubli et de promesses, sans autre clientèle que les oiseaux et les nuages.